Politique

Réunification du FLN : les promesses de Moad Bouchareb

Depuis sa nomination, le 25 novembre dernier à la tête de l’instance dirigeante du FLN, Mouad Bouchareb enchaîne les rendez-vous avec les personnalités du parti en rupture de ban. À ses invités, il explique sa démarche en quelques mots : « J’applique une feuille de route ».

Ainsi, Abdelkrim Abada, Salah Goudjil, Abdelaziz Belkhadem et Abderrahmane Belayat, ont déjà rencontré le nouvel homme fort du parti. Une visite symbolique au domicile de Bouâlem Benhamouda, qui a dirigé le parti entre 1996 et 2001, est au programme de la nouvelle direction du FLN. Un geste symbolique en direction d’un ancien secrétaire général qui avait violemment critiqué le président Bouteflika, qui est également président du FLN.

« Quand un président casse le parti qui l’a aidé à être élu, quand il ignore la démocratie et les règles de la majorité, quand il veut rester président, en pourrissant la situation politique et en orientant l’appareil de l’état vers son pouvoir personnel de couleur monarchique », dénonçait en janvier 2004 dans un communiqué, Boualem Benhamouda. Qu’à cela se tienne ! Moad Bouchareb veut reconstruire et réunifier le parti, et il est prêt à discuter avec toutes les personnalités du FLN. Pour convaincre, il veut montrer qu’il regarder davantage vers l’avenir que dans le rétroviseur.

« Il nous a répété à plusieurs reprises que son seul objectif est la réunification des rangs du FLN, sans distinction. Il ne nous a pas caché qu’il a reçu des directives pour mener à bien et rapidement cette réunification », affirme une des personnalités reçu par Bouchareb.

Mais sur le chemin de la réunification de l’ex-parti unique, les écueils ne manquent pas.

Amar Saâdani, l’ancien SG du FLN, qui a démissionné en octobre 2016 dans des conditions opaques pour être remplacé par Djamel Ould Abbès, a également été contacté par la nouvelle direction. L’ancien SG n’a toujours pas donné suite à l’invitation qui lui a été adressée. Au siège du parti à Hydra, sur les hauteurs d’Alger, les proches de Bouchareb, jugent une rencontre entre les deux hommes peu probable. La cause ? Saâdani entretenait des relations difficiles avec Bouchareb, qui était à l’époque à la tête du groupe parlementaire du parti à l’APN et Amar Saidani à la direction du FLN.

Et si Bouchareb clame qu’il « n’a pas de problème » avec l’ancien SG du parti, il lui a néanmoins reproché son « manque de respect pour les règlements qui régissent le parti ».

Au sujet de Djamel Ould Abbès, la nouvelle direction préfère temporiser pour le convier. «Il (Ould Abbès) est chez lui et il se repose », affirme-t-on au siège du FLN.

Autre cas évoqué par les membres de l’ex-coordination de la direction unifiée du FLN que dirigeait Abderrahmane Belayat, est celui de Said Bouhadja. Militant reconnu du parti et ancien mouhafedh, il a été soutenu dans sa bataille contre la coalition formée du FLN, MPA, RND et TAJ qui demandaient son départ de la tête de l’APN, par les membres de cette coordination.

« Il a semblé gêné par notre demande (d’inviter Bouhadja). M. Bouchareb n’a pas voulu nous en dire plus. De toute évidence, M Bouhadja ne sera pas contacté par la nouvelle direction même si on estime qu’il est autant légitime que nous tous », juge notre source.

Les revendications remises à Mouad Bouchareb par les personnalités qu’il a reçues, tournent autour de trois points : un retour à l’ancien « découpage au niveau des mouhafadhates », « des élections au niveau de toutes les structures pour la tenue d’un congrès auquel participera de vrais militants », et le « départ des indus-militants ». Selon nos sources, M. Bouchareb s’est dit prêt à satisfaire les demandes.

Mais la bataille de la réunification n’est pas encore gagnée. Prochaine étape : la nomination des membres de l’instance exécutive du parti. Lors de ses entrevues avec les personnalités du parti,  Bouchareb s’est engagé à ce que cette instance soit ouverte à toutes les sensibilités du parti. « Nous avons reçu des garanties que tout le monde sera représenté dans l’instance, sans exception », confie une personnalité du parti. Une promesse difficile à tenir. Composé de 30 membres, cette instance aura du mal à accueillir toutes les sensibilités d’un parti, divisé et laissé en lambeau par Ould Abbes. Un casse-tête en perspective pour la nouvelle direction.

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