Économie

Réussir en Algérie : Hassen Khelifati à cœur ouvert

Fondée en 2005 par Hassen Khelifati, Alliance assurances a réussi à s’imposer dans le secteur des assurances en Algérie. Premier et unique assureur à être coté à la Bourse d’Alger depuis 2011, la compagnie privée ne cesse de se développer et multiplie les innovations sur le marché algérien.

Elle a lancé un espace client numérique, un service e-paiement, une application mobile, et bientôt le paiement par facilités.

Dans un entretien accordé à la Dzair Tube,  son PDG Hassen Khelifati, 55 ans, revient sur le parcours de la société qu’il dirige et dévoile les clés de la réussite d’Alliance assurances.

« J’ai reçu une éducation basée sur les valeurs du travail, de la foi et de l’honnêteté. Rien n’a été facile pour nous et rien ne sera facile. Nous avons eu des échecs, surmonté des peurs et affronté des doutes. Nous avons vécu des périodes très difficiles. Mais, Dieu merci, nous avons à chaque fois trouvé des solutions et nous avons pu surmonter les épreuves », explique d’emblée Hassen Khelifati.

Créée en 2005, la compagnie Alliance assurances a marqué son engagement pour l’économie nationale et son marché financier émergent.

« Le marché algérien est difficile. L’environnement est marqué par l’absence de réformes et une concurrence déloyale. La place qu’occupe aujourd’hui Alliance Assurance n’est pas venue par hasard. Ce résultat est le fruit d’une rude épreuve, un long travail, des sacrifices des femmes et des hommes qui font partie de notre entreprise », explique Hassen Khelifati.

Pour ce dernier, Alliance Assurance « n’est pas seulement son PDG, mais des équipes centrales, régionales et locales qui partent chaque matin à la conquête du marché sur le terrain ». « Je leur ai fait confiance », assure-t-il.

Alliance assurances assure les segments traditionnels des assurances (risques industriels, automobile, transports…). Pionnier dans l’assistance automobile, à travers sa filiale ATA, la compagnie privée assure également les assurances de particuliers, la prévoyance, l’épargne, l’assistance santé, les services dédiés aux PME, professions libérales, commerçants et aux institutions…

Alliance Assurance qui est construite sur de « bonnes bases », rappelle Hassen Khelifati, a su gagner, dès son lancement, la confiance de grands groupes algériens comme Sim, Dahmani, Géant, Bellat…

« Il y a d’autres groupes encore avec qui nous avons d’excellentes relations. Nous ne les avons pas déçus », souligne M. Khelifati, figure emblématique du patron algérien.

Hassen Khelifati : investir dans la jeunesse

Pour lui, le plus grand investissement de l’Algérie doit « être fait dans la jeunesse ». Sa compagnie qui a lancé en 2020 une offre dédiée aux start-up « encourage les jeunes à croire en eux-mêmes », explique son patron.

« Nous essayons de leur inculquer le fait que la réussite ne viendra qu’après le travail », insiste le fondateur de la compagnie qui a accéléré sa digitalisation ces dernières années en lançant un espace client numérique pour la souscription, la pré-déclaration et le tracking des sinistres, l’obtention de devis en ligne et la livraison. Le service e-paiement est également disponible via les cartes CIB et Eddahabia. Une application mobile a aussi été conçue pour faciliter l’accès à des fonctionnalités numériques.

Mais pour en arriver là, le chemin n’a pas été de tout repos pour Alliance assurances qui a eu un parcours difficile et parsemé d’embûches.

M. Khelifati se rappelle des moments difficiles vécus lors de la crise sanitaire liée au Covid-19.

« Nous avons affronté cette crise. Nous avons perdu des amis, des membres de nos familles et des travailleurs de notre société, dont un directeur régional, et un directeur central. Mais nous avons développé des capacités de résilience », explique-t-il.

Hassen Khelifati rappelle dans la foulée les actions de sa compagnie pour faire face à la pandémie de Covid-19, avec des investissements pour protéger ses collaborateurs, assurer la continuité du service à travers le territoire national, la prévention.

Alliance assurances a participé à l’effort national pour lutter contre cette pandémie qui a fait de nombreuses victimes en Algérie.

« Nous avons importé des appareils respiratoires pour les malades. Au début de la pandémie, nous avons renouvelé les contrats d’assurance sans encaissement à tous les habitants de la wilaya de Blida qui étaient à cette époque très touchés par cette pandémie », rappelle-t-il.

Alliance assurances veut devenir l’assureur préféré des Algériens

Depuis plus de 17 ans, Alliance assurances poursuit l’ambition de devenir l’assureur préféré des Algériens. Intervenant souvent dans le débat public en Algérie sur les questions économiques, Hassen Khelifati n’a pas pour autant d’ambitions politiques pour devenir ministre par exemple.

« Pas du tout, balaye-t-il d’un revers de la main. Mon ambition est d’abord de développer davantage Alliance Assurances. Je souhaite également des réformes du secteur des assurances conformément aux engagements du président de la République et du ministère des Finances relatifs à la nécessité d’aller vers la numérisation du secteur des assurances ».

Dans la foulée, Hassen Khelifati donne aussi son avis sur les réformes économiques dont a besoin l’Algérie. « En tant que membre du conseil économique et social, je souhaite que l’Algérie soit dotée d’une économie forte basée sur une concurrence loyale et la création de richesse et non pas sur la rente et le gaspillage de la richesse », explique-t-il.

Un objectif à la portée de l’Algérie qui dispose de nombreux atouts pour se doter d’une économie forte.

« Ce qui nous manque c’est la liberté d’initiative, pointe-t-il. L’administration doit accompagner les opérateurs économiques. Notre but est l’intérêt général. La numérisation permet la transparence et la crédibilité ».

Hassen Khelifati estime aussi que la justice a aussi un « rôle à jouer dans la lutte contre la bureaucratie qui entrave » l’économie nationale et l’investissement.

Il plaide pour qu’en cas de blocage de son projet, un opérateur économique puisse par exemple, « ester en justice tout fonctionnaire de l’administration qui entrave son projet ». « Ce dernier doit être sanctionné pour cette entrave », propose-t-il.

Hassen Khelifati enchaîne en évoquant la place de l’Algérie sur la scène internationale : « Tant sur le plan politique que diplomatique, l’Algérie commence à retrouver sa place dans le concert des nations ».

Le patron d’Alliance qui est aussi vice-président du Conseil du renouveau de l’économie algérienne (Crea), rappelle un certain nombre d’événements phares organisés par le secteur des assurances en Algérie.

« En juin 2022, nous avons organisé à Oran un congrès arabe des assurances où nous avons accueilli plus de 800 délégués représentants de cinq continents. Nous nous apprêtons à organiser en mai prochain un congrès africain des assurances qui sera placé sous le haut patronage du premier ministre où sont attendus 1500 délégués internationaux », égrène-t-il.

Rejoindre les BRICS, un « grand saut qualitatif » pour l’Algérie

Le fondateur d’Alliance assurances parle ensuite de l’éventualité pour l’Algérie d’adhérer au groupe des Brics (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du sud). Il estime que sur le plan économique, la perspective de rejoindre les Brics, qui représente 31,7 % du PIB mondial, permettra à l’Algérie de faire un « grand saut qualitatif ».

L’Algérie a toujours eu des « positions honorables » sur le plan international, ajoute-t-il, en soulignant le retour en force de la diplomatie algérienne sur la scène internationale, grâce aux « politiques visionnaires » du président de la République qui « commencent à porter leurs fruits ».

Dans la foulée, Hassen Khelifati relate un échange qu’il a eu lors d’un dîner avec le président français Emmanuel Macron.

« Je lui ai dit qu’en tant qu’homme d’affaires algérien, je souhaite que la France ne regarde pas uniquement l’Algérie comme un marché pour vendre ses produits, mais comme un partenaire, car nous voulons donner de l’espoir à nos jeunes pour construire leur pays ».

Au plan sportif, le PDG d’Alliance assurances pense que « vu les moyens matériels et les infrastructures sportives dont il dispose, notre pays a de grands atouts pour décrocher l’organisation » de la CAN 2025.

L’Algérie, dit-il, a « réussi à bien organiser » le dernier CHAN 2022, les Jeux méditerranéens d’Oran et de nombreuses autres compétitions internationales.

« La diplomatie algérienne peut contribuer à défendre la candidature de l’Algérie pour organiser cette compétition, le choix judicieux et le bon sens sont en faveur de l’Algérie. Mais il y a des jeux de coulisses », prévient-il.

En guise de conclusion, Hassen Khelifati qui dit aimer s’inspirer de la formule selon laquelle l’Algérie « ne disparaît pas à la disparition des hommes », affirme qu’« avec ou sans moi, Alliance Assurances aura toujours un avenir, car elle est construite sur de bonnes bases ». « Même en mon absence, elle poursuivra son parcours vers la réussite », affirme Hassen Khelifati.

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