
Un acte qui pourrait contribuer à « normaliser » des décennies de répression au Sahara occidental. C’est ainsi que les organisateurs du festival de cinéma sahraoui, Fi Sahara, ont qualifié le tournage d’un film américano-britannique du réalisateur Christophe Nolan à Dakhla, dans les territoires occupés.
Le film L’Odyssée, adaptation de l’épopée du poète grec antique Homère, est réalisé par le metteur en scène britannique Christopher Nolan, avec comme acteurs de grands noms du cinéma mondial, comme Matt Damon, Charlize Theron, Anne Hathaway… Le film, produit par les studios hollywoodiens Universal, sortira en juillet 2026. Des scènes du film ont été tournées dans plusieurs pays du monde, dans la Sahara occidental occupé.
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Si Dakhla est en effet “un lieu magnifique avec des dunes de sable cinématographiques”, c’est aussi et “avant tout une ville occupée et militarisée dont la population sahraouie autochtone est soumise à une répression brutale par les forces d’occupation marocaines”, ont signalé dans leur réaction au tournage les responsables du festival Fi Sahara qui se tient dans les camps de réfugiés sahraouis.
La directrice exécutive du festival, l’Espagnole María Carrión, citée par le journal britannique The Guardian, a estimé qu’en filmant une partie de “L’Odyssée” en territoire occupé, “Nolan et son équipe contribuent, peut-être inconsciemment et sans le savoir, à la répression du peuple sahraoui par le Maroc et aux efforts du régime marocain pour normaliser son occupation du Sahara occidental”.
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Sahara occidental : le réalisateur Christophe Nolan sous le feu des critiques
“Nous sommes certains que s’ils comprenaient toutes les implications du tournage d’un film de grande envergure sur un territoire où les peuples autochtones ne peuvent pas réaliser leurs propres films sur leurs histoires sous occupation, Nolan et son équipe seraient horrifiés”, a-t-elle ajouté.
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Les organisateurs de FiSahara ont ainsi appelé le réalisateur, son équipe et ses acteurs à “exprimer leur solidarité avec le peuple sahraoui, sous occupation militaire depuis 50 ans et régulièrement emprisonné et torturé en raison de sa lutte pacifique pour l’autodétermination”.
Le Maroc souhaite contrôler la perception de son occupation à l’étranger et utilise le tourisme et la culture pour projeter une image déformée de la vie au Sahara occidental, a accusé Maria Carrión, dénonçant le fait que les autorités d’occupation n’autorisent l’entrée au Sahara occidental occupé qu’à “ceux qui correspondent à leur stratégie de vente de l’occupation au monde extérieur”.
Dans sa stratégie destinée à tromper l’opinion internationale, le Maroc “déroule le tapis rouge” aux touristes qui viennent faire du surf dans les eaux du Sahara occidental, aux entreprises prêtes à participer au pillage de ses ressources naturelles, aux journalistes disposés à suivre le discours marocain et aux “visiteurs de marque comme Nolan et son équipe qui aident le Maroc à vendre l’idée que le Sahara occidental fait partie du Maroc et que les Sahraouis se satisfont de sa domination”, a encore dénoncé la responsable de Fi Sahara.