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Scandale Saipem-Sonatrach : tel un cheveu sur la soupe

Scandale Saipem-Sonatrach : tel un cheveu sur la soupe

Des preuves, encore des preuves. Cette affaire Sonatrach II, ou affaire Saipem pour la justice italienne, ressuscite à chaque fois qu’on la croit définitivement enterrée.

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Ce n’est pas la première fois que le personnage apparaît dans le feuilleton, mais cette fois, ça s’annonce compliqué pour l’ex-ministre de l’Énergie et des Mines, Chakib Khelil, pourtant blanchi comme un sou neuf et par la justice et par les autorités politiques de son pays, en attendant que son offensive de charme envers l’opinion publique fasse quelque effet.

À propos de sous,  le procureur de la République du tribunal de Milan, Isidoro Palma, a avancé la « preuve » que Saipem a versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats en Algérie, rapportait hier l’agence Reuters.

Saipem aurait bien donc versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats en Algérie. 197 millions d’euros de commissions pour des contrats de 8 milliards d’euros, pour être précis. Pour « évincer ses adversaires » et s’assurer « les faveurs du ministre algérien de l’Énergie », Saïpem aurait donc payé.

Tout comme elle aurait mis la main à la poche pour « acheter » l’autorisation de Chakib Khelil « afin de mettre la main sur la compagnie canadienne Firs Calgary Petroleums », selon le procureur italien.

Le procès se déroule en ce moment même au tribunal de Milan et d’autres révélations ne sont pas à exclure. Aucune condamnation n’a été prononcée, même si son épilogue, ne fait presque aucun doute.

Les cadres d’Eni et de Saïpem, soupçonnés d’avoir graissé la patte à des responsables algériens, n’ont que peu de chances de s’en tirer. Khelil, lui, continuera à crier au complot ourdi par ses adversaires politiques.

Car ce n’est pas qu’en Italie que l’affaire est jugée. En Algérie aussi. Même si le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a annoncé que l’ancien ministre a bénéficié d’un non-lieu, le procès se poursuit devant ce juge impartial qu’est l’opinion publique.

Depuis son retour en grâce, Khelil sillonne le pays, multipliant visites aux zaouias et conférences académiques, se montre très actif sur les réseaux sociaux. On lui prête des ambitions politiques, à tort ou à raison, mais il est certain que son souci premier est de se blanchir « réellement » du grave anathème qui l’accable lui et son entourage.

Et le procès de Milan tombe sans doute mal. Et pas que pour lui. Si les cadres italiens sont condamnés, c’est d’abord l’État algérien qui se retrouvera dans une bien mauvaise posture.

S’il y a corrupteurs, il y a corrompus et ça ne peut être, dans ce cas de figure, que des fonctionnaires algériens, quand bien même ce ne serait pas Chakib Khelil.

Or, jusqu’à maintenant, personne n’a été inquiété côté algérien. Pas même le menu fretin qu’on a l’habitude de sacrifier pour faire illusion. La justice du pays de la Botte ne pouvant être soupçonnée d’envoyer des cadres innocents derrière les barreaux, il faudra trouver autre chose pour faire accepter à l’opinion cette malheureuse vérité : c’est la justice d’un pays étranger qui se charge de punir les protagonistes d’une malversation où la victime, l’unique, c’est l’économie algérienne.

Car les Italiens n’ont rien perdu dans cette histoire, bien au contraire. L’opinion nationale n’a que très peu apprécié les maladresses qui ont entouré l’émission d’un mandat d’arrêt contre Khelil, puis son annulation, dans des conditions pour le moins opaques, et le scepticisme ne fera que s’aggraver quand sera annoncé solennellement le verdict du procès de Milan.

Un verdict qui n’aura peut-être pas de répercussions judiciaires à Alger où l’affaire semble définitivement classée, mais qui tombera tel un cheveu sur la soupe pour les autorités algériennes dans une conjoncture politique et sociale très sensible. Quant aux prétendues visées politiques de Chakib Khelil, il est clair qu’aucune ambition ne peut s’accommoder de telles conjectures…

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