Économie

Sécheresse en zone steppique : les moutons se meurent

Que ce soit à Tiaret ou à Naâma, partout la même désolation : des moutons qui errent à la recherche du moindre brin d’herbe. Un éleveur confie à Ennahar TV : « Il n’y a plus rien à manger, les moutons meurent et à Alger, ils ne le savent pas ». Un autre supplie : « Ouvrez-nous les parcours mis en défens !»

Dans l’ouest algérien, à la sécheresse de la saison passée s’est ajouté à l’automne un manque de pluies. Dans la région, même les barrages restent à sec. Les prix des fourrages ont atteint des sommets. Beaucoup d’éleveurs n’ont plus les moyens d’acheter les bottes de paille ou les sacs d’orge et de son pour nourrir leurs bêtes.

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À Naâma, sous un pivot d’irrigation, on pourrait s’attendre à voir des cultures. Mais, à leur place, ce sont des moutons qui broutent une maigre végétation. Le propriétaire des lieux explique qu’il n’a pas d’autre choix pour nourrir son cheptel et dit avoir amené paître son troupeau jusqu’à proximité des frontières Ouest et Est du pays et vers le Tell.

« Je n’ai laissé aucun endroit. Mais tout est sec. Aussi, on est revenu au niveau de l’exploitation. Notre idée est de produire des fourrages. Mais il y a le problème du mazout. Il faut le transporter chaque jour ».

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« Et encore, je n’ai même pas l’électricité. J’utilise un groupe électrogène. Mais pensez-vous que cela puisse suffire ?  Faire fonctionner jour et nuit un groupe, cela nécessite du carburant. Puis l’engin peut tomber en panne, s’arrêter par manque d’huile ou pour changer un filtre quand ce n’est pas un problème de prise d’air ». Il ajoute : « Si on avait l’électricité, le groupe servirait pour dépanner en cas de coupure ».

 Vers la réorganisation du circuit de vente du son de blé

Afin de pallier la hausse du prix du son de blé, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural penche pour une réorganisation des circuits de vente.

Actuellement, son prix est fixé à 1 800 DA le quintal par les services publics. Les minoteries ont obligation de vendre 40 % de leur production de son à ce prix. Le reste se retrouve sur le marché parallèle à 5 000 DA.

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En coordination avec le ministère du Commerce et celui de l’Industrie qui gère les minoteries, le ministre de l’Agriculture souhaite qu’à l’avenir ce soit la totalité du son de blé qui aille directement vers les éleveurs ou les fabricants d’aliments du bétail.

Ouvrir les parcours mise en défens

À bout de nerfs, Ali, un éleveur de Tiaret, lance : « Le cheptel ovin est une richesse ! Une richesse classée en deuxième ou troisième position parmi les richesses nationales ».

À ce titre, il réclame l’ouverture immédiate des « mahmiyates », ces parcours mis en défens par le Haut-Commissariat au Développement de la steppe (HCDS). « Est-ce normal qu’à quelques mètres de distance une brebis se meurt et qu’à côté des pâturages soient inexploités ? Si l’État a pour rôle de protéger le cheptel, qu’ils viennent voir sur place la situation ! ».

En fait, les pâturages en question se remettent à peine du surpâturage. Par manque d’emplois ruraux, la steppe nourrit plus de bêtes qu’elle ne peut nourrir. Là où ces dernières années se dressaient fièrement des touffes d’alfa et d’armoise, ce ne sont plus que des plantes rabougries qui subsistent. Régulièrement, le HCDS répertorie les zones les plus surexploitées et rémunère des gardiens afin d’arrêter le passage des animaux. Selon leur état, ces zones nécessitent 3 à 4 ans pour être à nouveau exploitables et louées aux éleveurs.

En parallèle, le HCDS effectue des plantations d’arbustes fourragers et de figuier de Barbarie, mais celles-ci restent insuffisantes. Sur ces parcours, les éleveurs ne sont pas associés à ces plantations.

Des blocs alimentaires assurant les besoins de base des animaux

En période de disette, la fabrication de blocs alimentaires composés de sous-produits tels de la paille broyée, du son, des grignons d’olives, des rebuts de dattes, des drêches de brasserie, de la mélasse et de l’urée permettait d’assurer la couverture des besoins de base des animaux.

Malgré d’innombrables travaux de recherche, cette solution reste absente. Elle est pourtant couramment utilisée en Irak. Avec ses raffineries de sucre roux, l’industrie locale produit de grandes quantités de mélasse. Mais celle-ci est exportée. Face au désespoir des éleveurs, l’alimentation du cheptel ovin nécessite la définition d’une stratégie nationale.

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