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Séisme au Maroc : l’attitude incompréhensible de Mohamed VI

L’attitude du roi Mohammed VI est pour le moins incompréhensible. Alors que le Maroc est frappé par un violent séisme qui a fait près de 2.500 morts et autant de blessés, le souverain joue à sélectionner l’aide internationale en fonction de l’État des relations du royaume avec les pays qui la proposent.

Le centre du Maroc a été dévasté par un violent séisme d’une magnitude de 7 dans la nuit de vendredi 8 à samedi 9 septembre. Le dernier bilan fait état de 2.497 décès et 2.476 blessés dans la zone entre Marrakech et Agadir. Les villages enclavés du Haut Atlas sont les plus touchés.

Dès samedi matin, de nombreux pays, dont l’Algérie ont proposé d’envoyer des secours et de l’aide humanitaire, indiquant attendre, comme le veut l’usage, une demande officielle dans ce sens des autorités marocaines.

Mais la demande n’est jamais parvenue à la plupart des gouvernements qui se sont dits disposés à aider. Jusqu’à dimanche matin, seuls le Qatar et l’Espagne étaient officiellement sollicités, soit deux pays avec lesquels le royaume entretient de bonnes relations.

Dans l’après-midi, la presse européenne a rapporté que deux autres États ont reçu une demande formelle des autorités marocaines, le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis.

Au moins deux pays ont dû réitérer leur offre d’aide, mais sans résultat. Il s’agit de la France et de l’Algérie voisine. Dès samedi matin, l’Algérie a affiché sa solidarité avec le peuple marocain et s’est dite disposée à envoyer des secours et de l’aide humanitaire en cas de demande du gouvernement marocain. Elle a aussi annoncé l’ouverture de son espace aérien aux avions marocains transportant des blessés.

Dimanche, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a réitéré l’offre de l’Algérie et a détaillé la nature de l’aide envisagée : une équipe de secouristes de la Protection civile et du matériel d’aide d’urgence (tentes, lits de camps, couverture…).

Le même jour, la France a indiqué qu’elle était toujours dans l’attente d’une demande officielle du gouvernement marocain.

Pendant ce temps, les échos qui parviennent des zones sinistrées décrivent une situation catastrophique. Les secours et l’aide humanitaire n’étaient pas arrivés dans certains villages 48 heures après le séisme. Des survivants attendent peut-être d’être sortis de sous les décombres des maisons effondrées.

Séisme au Maroc : l’attitude choquante de Mohammed VI

« Le Maroc n’a pas activé le système de protection européen », et a choisi « de faire du bilatéral », a résumé Hadja Lahbib, la ministre belge des Affaires étrangères. À quoi joue donc le gouvernement marocain ?

Certains analystes pensent qu’il agit ainsi pour cacher aux yeux du monde la grande misère dans laquelle baigne l’arrière-pays. Une universitaire française, qui s’est exprimée dans le Figaro, a estimé pour sa part que le Maroc ne souhaite pas paraître dans la posture d’un pays sous-développé qui reçoit l’aide internationale.

Mais à voir les pays dont l’aide a été acceptée et ceux qui ont été ignorés, il se pourrait bien que le roi soit en train de faire de la géopolitique sur le dos des victimes du séisme qui ont besoin de l’aide internationale.

Selon le correspondant d’Al Arabiya, les secouristes engagés dans les opérations de recherches d’éventuelles victimes encore sous les décombres sont dépourvues de moyens modernes comme les caméras thermiques. Le journaliste a indiqué que des villages entiers sinistrés n’ont reçu aucune aide, ni secouristes.

Le royaume entretient par exemple d’excellentes relations avec les deux monarchies du Golfe et avec l’Espagne depuis que celle-ci a décidé d’appuyer son plan d’autonomie pour le Sahara occidental en mars 2022. En revanche, ses relations avec l’Algérie sont rompues depuis août 2021.

Avec la France, ce n’est pas la lune de miel non plus, à cause du refus de Paris d’emboîter le pas à l’Espagne et surtout de l’espionnage du téléphone du président Emmanuel Macron par les services marocains via le logiciel israélien Pegasus.

Faire des calculs géopolitiques en pareille circonstance est une attitude qui choque. Dans les villages du Haut Atlas, des blessés ne sont pas soignés, des survivants sont piégés sous les décombres, des morts ne sont pas enterrés et des survivants n’ont pas de quoi manger. Les images qui parviennent de la province d’Al Haouz l’attestent.

Pour Mohammed VI, qui était en France au moment de la catastrophe et qui a tardé à réagir, et son appareil sécuritaire, c’est déjà l’effet boomerang. Leur attitude est fermement condamnée dans les commentaires de la presse internationale et par les nombreuses ONG humanitaires qui ont été, elles aussi, empêchées de se rendre au Maroc.

Avec l’Algérie, c’est toute la mauvaise foi de Rabat qui s’étale au grand jour. Le roi refuse l’aide humanitaire d’un pays auquel, il y a à peine un mois, il tendait solennellement la main pour tourner la page et établir une relation fraternelle.

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