Le Maroc a refusé officiellement l’offre de l’Algérie d’envoyer des secours et des aides humanitaires aux victimes du fort séisme qui a frappé vendredi 8 septembre la région du Haut Atlas et dont le dernier bilan s’élève à plus de 2.900 morts.

Après un cafouillage qui a duré pendant quelques heures, l’Algérie confirme officiellement que le pays voisin a rejeté son offre d’aide.

Dès samedi matin, soit quelques heures après le séisme destructeur, l’Algérie a exprimé sa solidarité avec le peuple marocain et proposé d’envoyer de l’aide, en cas de demande du gouvernement marocain.

Cette demande n’est pas parvenue et Alger a dû réitérer son offre dimanche, détaillant, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, la nature des secours et des aides à envoyer.

 Toujours pas de réaction officielle du Maroc, jusqu’à hier lundi, lorsque le ministre marocain de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a déclaré à des médias que son pays acceptait l’aide étrangère, y compris celle de l’Algérie.

Dans la soirée de lundi, la télévision publique algérienne a annoncé que l’Algérie s’apprêtait à acheminer vers le Maroc trois avions transportant des secouristes et des aides humanitaires. Des images d’agents de la Protection civile, s’apprêtant à embarquer à l’aéroport, ont été diffusées.

Mais la presse marocaine de ce matin a rapporté que Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, a démenti l’acceptation de l’aide de l’Algérie. Certains journaux et sites électroniques s’en sont pris à l’Algérie, accusée de « mise en scène ».

Réponse sèche et violente du Maroc à l’offre d’aide de l’Algérie

L’Algérie n’a pas tardé à réagir pour remettre les choses à leur endroit et expliquer ce qu’il s’est passé, alors que des médias proches du Makhzen ont affirmé que les autorités algériennes n’ont formulé aucune demande pour acheminer des aides et des secouristes au Maroc.

Dans un communiqué diffusé en milieu de journée, le ministère des Affaires étrangères a confirmé que le gouvernement marocain a rejeté l’offre d’aide de l’Algérie.

La diplomatie algérienne explique qu’après avoir pris connaissance des déclarations faites par le ministre marocain de la Justice, il a informé, via le consulat d’Algérie à Casablanca, le ministère marocain des Affaires étrangères des dispositions prises pour l’envoi de trois avions gros-porteurs afin de transporter des aides humanitaires au Maroc conformes aux besoins en cas de catastrophe naturelle.

Le consul d’Algérie à Casablanca a aussi pris attache avec la cellule de crise au niveau du MAE marocain afin d’officialiser l’offre d’aide de l’Algérie, ajoute le communiqué.

Et alors que l’opération était finalisée et après l’insistance des autorités algériennes compétentes durant l’après-midi et la soirée de lundi, le directeur général du ministère marocain des Affaires étrangères a informé le consul d’Algérie, peu avant minuit, qu’ « après évaluation, le royaume du Maroc n’a pas besoin de l’aide humanitaire proposée par l’Algérie « .

« L’Algérie prend acte de la réponse officielle du Maroc, de laquelle elle tire les conclusions évidentes », indique le ministère des Affaires étrangères.

C’est donc une fin de non-recevoir, avec qui plus est une réponse sèche et violente, qui est réservée à la proposition de l’Algérie de venir en aide aux victimes du séisme.

Le gouvernement marocain n’a accepté l’aide que de quatre pays (le Qatar, l’Espagne, le Royaume-Uni et les Emirats arabes unis), ce qui lui vaut les critiques de la presse et des ONG internationales. Il est accusé de faire des calculs géopolitiques alors que, quatre jours après le séisme, les secours ne sont toujours pas arrivés dans certaines zones sinistrées.