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Sellal, première victime collatérale inattendue de l’opposition populaire au 5e mandat

Sellal, première victime collatérale inattendue de l’opposition populaire au 5e mandat

Abdelmalek Sellal n’est plus le directeur de campagne du président candidat. Il a été remplacé ce samedi 2 mars, soit au lendemain des marches imposantes de vendredi, par Abdelghani Zaâlane, ministre des Travaux publics et des Transports.

Hier vendredi, Sellal avait annulé un déplacement à Aïn Ouessara, dans la wilaya de Djelfa, où il devait rencontrer des représentants de zaouias. Ce changement d’agenda était un prélude à son limogeage, lui qui était mis dans une inconfortable position suite à la publication mercredi soir sur les réseaux sociaux de l’enregistrement « non authentifié » d’une discussion qu’il a eue avec Ali Haddad.

Les propos de l’ancien Premier ministre sont d’une extrême gravité. Dans un langage peu diplomatique, dans lequel il était question de kalachnikovs de gendarmes et de gardes armés, il laissait entendre en gros que ceux qui tenteraient d’empêcher les partisans du président de mener campagne sur le terrain seront sévèrement réprimés.

Pour une fois, il ne plaisantait pas. Voilà à première vue l’unique raison du remplacement de celui qui a mené les trois dernières campagnes du président. Car pour la fidélité et la loyauté, Bouteflika ne peut trouver mieux. De tous les soutiens du chef de l’Etat, c’est le seul qui est resté droit dans ses bottes après les marches imposantes du 22 février. On l’a même entendu dans l’enregistrement s’en prendre aux ministres qui ont « déserté leurs bureaux » ou encore à Amara Benyounès qui hésitait à aller au charbon.

Excès de zèle ou de fidélité, Abdelmalek Sellal a fait les frais de son trop plein d’engagement en faveur de Bouteflika. Une triste fin pour celui dont l’étoile n’a pas cessé de monter ces vingt dernières années à l’ombre de Abdelaziz Bouteflika et qui a même enfilé à un certain moment le costume de présidentiable.

Plusieurs fois ministre depuis 1999 (Intérieur, Jeunesse et sports, Transports, Ressources en eau), Premier ministre de 2014 à 2017, il fut surtout le directeur de campagne de Bouteflika en 2004, 2009 et 2014. En retrait depuis son départ du gouvernement, il fait son grand retour au-devant de la scène lorsqu’il a été désigné par le même Bouteflika pour diriger sa campagne pour la quatrième fois de suite. C’était le 11 février dernier.

Durant les 20 jours qu’il a passé à la direction de campagne du président-candidat, il a tenté de vendre une candidature pas évidente, à cause essentiellement de l’état de santé du président. Il a d’abord fait le tour des organisations proches du pouvoir, dont l’ONM, l’UGTA, l’UNPA et l’UNFA avant de d’entamer des sorties sur le terrain.

A Adrar où il a célébré le 24 février en compagnie de Abdelmadjid Sidi Saïd et Noureddine Bedoui le double anniversaire de la création de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, il avait eu un avant-goût de ce qu’allait être la campagne de cette présidentielle 2019. Des jeunes avait tenté de perturber le meeting qu’il a animé, mais Sellal a sans doute minimisé l’ampleur de la contestation.

Vendredi, au moment où toute l’Algérie s’apprêtait à sortir dans la rue, il avait prévu une rencontre de campagne à Aïn Ouessara qui finalement n’a pas eu lieu. Sur les réseaux sociaux, l’annonce de son départ a été diversement accueillie.

Si beaucoup ont jubilé en apprenant le débarquement d’un fan du cinquième mandat, d’autres en ont au contraire déduit que la candidature de Bouteflika sera maintenue puisqu’un remplaçant à Sellal a été immédiatement désigné.

Abdelghani Zaâlane, ministre des Travaux publics et des Transports, arrive justement à un poste où personne ne l’attendait. Comme Sellal, il est issu de l’administration puisqu’il a été plusieurs fois walis avant d’être appelé à des fonctions ministérielles.

Sa nomination comme directeur de campagne signifie-t-elle que le retrait de la candidature de Bouteflika n’est pas à l’ordre du jour malgré les millions de citoyens sortis vendredi dans les rues ? A priori, c’est la seule explication qu’on peut lui donner, mais il serait plus sage d’attendre ce 3 mars pour voir plus clair.

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