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Situation politique : ce que le général Gaid Salah pourrait dire à Oran

Situation politique : ce que le général Gaid Salah pourrait dire à Oran

Le chef de l’état-major Ahmed Gaid Salah a entamé, ce lundi 8 avril, une visite de quatre jours dans la deuxième région militaire, à Oran, durant laquelle il va superviser un exercice de combat et rencontrer les cadres de l’institution militaire de la région.

Cette première sortie de Gaid Salah depuis la démission de Bouteflika devrait aussi être l’occasion pour lui de prendre de nouveau la parole et revenir sur la démission de Bouteflika et la suite à donner aux événements. Très attendue par les Algériens qui commencent à s’inquiéter sur l’avenir de leur mouvement contre le pouvoir et la réalité de l’engagement du chef de l’armée « aux côtés du peuple » comme il l’a dit et redit dans ses discours et communiqués, cette sortie devrait être exploitée par Gaid Salah pour rassurer.

Près d’une semaine après la démission de Bouteflika, le gouvernement Bedoui est encore là, Abdelkader Bensalah est toujours président du Sénat et le Parlement se prépare à réunir ses deux chambres en congrès pour le désigner, demain mardi, président par intérim alors que Tayeb Belaiz reste président du Conseil constitutionnel. Le maintien des trois B (Bedoui, Bensalah Belaiz) et du gouvernement, malgré l’appel unanime du peuple à leur départ lors des manifestations du septième vendredi, interpelle et donne l’impression qu’un processus lancé pour répondre aux revendications populaires des Algériens a été stoppé net dès la démission de Bouteflika. D’aucuns parlent de manœuvres, de négociations entre l’armée et ce qui reste du système Bouteflika dans le but de maintenir le régime et contourner la volonté populaire.

« L’armée avec ou face au peuple ? », s’est interrogé Said Sadi dans une tribune publiée hier sur sa page Facebook. Une question à laquelle devrait répondre Gaid Salah ce lundi ou mardi lors d’une nouvelle prise de parole dans laquelle il devrait donner des garanties et réaffirmer son positionnement « avec le peuple ».

Après avoir émis un communiqué dans lequel il qualifié les proches de la présidence de « bande », demandé des poursuites à leur encontre et réclamé leur départ en réponse à la revendication populaire, Gaid Salah pourrait difficilement se déjuger aussi rapidement ou revenir sur des positions exprimées aussi clairement et publiquement.

Selon nos informations, il faut donc s’attendre à ce que le chef d’état-major parle de façon aussi percutante que lors de ses précédentes interventions et qu’il appelle à la poursuite du processus entamé par la démission du président, en expliquant que telle est la volonté du peuple exprimée lors des manifestations du septième vendredi.

Il devrait également donner des garanties quant à la manière dont sera menée la phase de transition, toujours en réaffirmant le « respect de la volonté populaire ». Il donnera probablement des indices concernant la façon dont sera gérée cette période et des garanties contre le retour des figures et symboles du système.

Lors de son message du 2 avril, Gaid Salah a dénoncé « la bande » qui a utilisé le pouvoir. Depuis, seul Ali Haddad a été arrêté et pas pour une affaire de corruption mais pour une tentative de sortie du territoire, avec deux passeports et de l’argent liquide. De quoi soulever des interrogations sur la sincérité des promesses de poursuites judiciaires contre les corrompus. Sur ce point, le chef d’état-major devrait aussi donner des réponses et des garanties en réitérant son appel à poursuivre les corrompus membres de « la bande ».

Le prochain discours de Gaid Salah devrait donc s’articuler autour de trois axes principaux : des garanties concernant le déroulement de la phase de transition « tel que le veut le peuple », le non-retour des symboles et membres du système, la poursuite des actions en justice contre les corrompus. Comme à son habitude, le chef d’état-major devrait aussi parler des menaces intérieures et extérieures qui planent sur le pays. Cette première sortie de Gaid Salah depuis la démission de Bouteflika pourrait, selon nos informations, être aussi décisive que celle du 2 avril.

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