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Situation politique : la perspective d’une solution consensuelle s’éloigne

Situation politique : la perspective d’une solution consensuelle s’éloigne

Pour tourner indéfiniment en rond, on ne s’y prendrait pas autrement. Comme tout au long de l’année 2019, le pouvoir franchit progressivement les étapes dans la mise en œuvre de sa feuille de route, prend des initiatives unilatérales, propose un dialogue ou durcit son attitude vis-à-vis de la contestation, et le Hirak se charge en fin de semaine de tout rejeter en bloc et de réitérer sa revendication première de changement radical.

Après une année de trêve à cause de la pandémie de Covid-19, les manifestations de rue ont repris avec vigueur et l’Algérie se retrouve dans le même schéma, sur fond d’impasse politique sans perspective de solution consensuelle.

Le troisième vendredi de l’acte II du mouvement populaire est survenu au lendemain d’une annonce importante du pouvoir et c’est sans surprise que les manifestants ont mis au goût du jour un vieux slogan : « non aux élections avec les gangs ».

Jeudi 11 mars, le président de la République a convoqué le corps électoral pour la tenue des élections législatives le 12 juin, c’est-à-dire dans trois mois, comme il l’avait suggéré lors de sa sortie télévisée au début du mois.

Après avoir  procédé à la dissolution de la chambre basse du Parlement,  Abdelmadjid Tebboune, et à travers lui le pouvoir, brûle ainsi ses derniers vaisseaux.

Il ne subsiste désormais  plus de possibilité de faire machine arrière et d’envisager une autre option que l’élection d’une assemblée nationale dans les mêmes conditions qui ont vu l’élection d’un président de la République en 2019 et l’adoption par référendum de la révision constitutionnelle en 2020.

Le pouvoir maintient sa feuille de route

Autrement dit, par le passage en force. Le pouvoir confirme sa détermination à aller au bout de sa feuille de route dont il ne restera, après les législatives, que le renouvellement des assemblées locales.

Le président avait envisagé le jumelage des législatives et des locales, peut-être dans l’objectif d’augmenter le taux de participation, mais l’idée a été abandonnée.

Le pouvoir lui-même ne se fait pas trop d’illusions quant à réaliser une meilleure performance en termes de participation par rapport aux deux derniers scrutins et c’est le président en personne qui rappelle que la loi ne fixe aucun minima pour la validation d’une élection ou d’un référendum.

Le retour en force du Hirak et le maintien du cap du refus systématique de toutes les initiatives du pouvoir laissent peu de doute quant à la réédition des scénarios de la présidentielle et du référendum constitutionnel en termes de participation et d’atmosphère générale de rejet.

Les mêmes causes ne pouvant engendrer que les mêmes effets, il n’est pas exclu de se retrouver le 13 juin avec une assemblée certes nouvelle, mais pas plus légitime aux yeux d’une partie de la population que celle qu’elle viendra remplacer, donc pas moins rejetée, et dès le vendredi d’après, avec les rues des principales villes du pays qui crieront les mêmes slogans d’aujourd’hui.

Les passages en force du 12 décembre 2019 et du 1er novembre 2020 n’ont pas réussi à mettre fin au Hirak et les tentatives de répression et de manipulation n’ont pas eu plus de succès.

Sauf miracle ou événement cataclysmique, le scrutin du 12 juin prochain ne rapprochera pas le pays de la fin de la crise politique. Le pouvoir n’a pas fait que brûler ses vaisseaux, il a aussi grillé ses dernières chances de convaincre de sa volonté sincère de changer maintenant qu’il a fait appel aux partis et aux figures de l’ancien régime, aux soutiens inconditionnels de Bouteflika, pour mener à bien la finalisation de sa feuille de route.

L’impasse est bien partie pour durer et ce n’est pas la meilleure option pour le pays qui traverse une conjoncture économique et sociale délicate. Le président Tebboune a beau mettre la situation de désinvestissement sur le dos de la « contre-révolution », il est peu probable que les capitaux, tant nationaux qu’étrangers, viennent avant le recouvrement de la stabilité politique et la fin de la répression.

Au vu de cette fuite en avant sur le plan politique, il est difficile de démentir ceux qui accusent le pouvoir de n’avoir d’autre projet pour le pays qu’une remontée providentielle des cours de pétrole.

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