Le stress hydrique en Algérie s’accentue à mesure que se succèdent les semaines d’hiver sans pluie.
Le mois de décembre, habituellement très pluvieux, a été presque sec dans plusieurs régions d’Algérie.
A la mi-janvier, il n’y a pas eu davantage de précipitations.
C’est la quatrième année consécutive où l’Algérie connaît un déficit en pluviométrie.
Un programme de rationnement de l’eau potable, y compris dans la capitale, a été mis en place en 2021 et il est toujours maintenu, la situation ne s’étant pas améliorée.
Cet hiver 2022-2023 est encore moins pluvieux que le précédent.
Selon le ministre des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base Lakhdar Rekhroukh, le taux de remplissage des barrages se situe à un niveau moyen de 32%, avec des décalages entre les barrages de la région Est, plus remplis, et ceux des autres régions.
Le ministre s’exprimait ce dimanche 15 janvier devant la presse à l’occasion d’une rencontre avec les cadres du secteur.
Avec un tel niveau de stockage, l’Algérie doit-elle craindre une situation encore plus ingérable l’été à venir ?
Des mesures ont été d’ores et déjà prises pour éviter de graves pénuries d’eau potable dans les mois prochains.
Lors du dernier conseil des ministres, tenu le 8 janvier, la question a été longuement évoquée.
Dans ses instructions au gouvernement, le président Abdelmadjid Tebboune a appelé les ministères concernés à mettre en place « un plan d’urgence » visant à élaborer une nouvelle politique nationale d’économie de l’eau et de protection des eaux souterraines.
Outre la mise sur pied d’une police de l’urbanisme qui contribuera à lutter contre les phénomènes des forages anarchiques et des raccordements illicites au réseau, le chef de l’État a aussi instruit de relancer les projets de réalisation de stations d’épuration dont l’eau sera destinée à l’irrigation, afin de préserver les eaux souterraines et superficielles.
Le dessalement, une solution durable
Le président Tebboune a aussi exigé un plan de généralisation des stations de dessalement.
Cette dernière solution est peut-être la panacée qui permettra à l’Algérie de faire face plus durablement aux épisodes de faible pluviométrie.
A en croire en tout cas Lakhdar Rekhroukh, c’est grâce à l’apport des stations existantes que les autorités arrivent à gérer la situation et à assurer l’approvisionnement de la population sans grande difficulté.
Dans le cadre du vaste plan de développement du secteur lancé dans les années 2000, les sources d’approvisionnement ont été diversifiées.
L’Algérie assure aujourd’hui son approvisionnement grâce aux eaux superficielles (barrages), les eaux souterraines (forages) et l’eau dessalée.
Le pays compte 14 stations de dessalement opérationnelles, réparties sur toute la bande littorale longue de 1200 kilomètres.
Elles assurent 18% de l’eau potable consommée, selon M. Rekhroukh, qui affirme que l’objectif est d’atteindre 40% dans une année à 18 mois, et 60% à moyen terme.
Le dessalement, certes plus coûteux, constitue néanmoins la solution idoine au vu de la configuration géographique et démographique de l’Algérie.
La nappe albienne du Sud recèle des réserves suffisantes pour plusieurs milliers d’années selon les spécialistes, mais la majeure partie de la population (80%) est concentrée sur une bande de 150 à 200 kilomètres le long du littoral.
Comme le montre la sécheresse en cours, les eaux superficielles constituent une ressource aléatoire, tributaire de la pluviométrie.
D’où l’exigence par le président de la République d’un plan de généralisation des stations de dessalement.
A la date du dernier conseil des ministres, 14 stations étaient opérationnelle et 5 en projets.
D’autres usines seront réalisées dans le cadre du plan de généralisation annoncé.
Le dispositif existant permet déjà de faire face à la situation difficile et d’équilibrer l’offre entre différentes wilayas.
A titre d’exemple, grâce aux stations de dessalement de l’eau de mer, une partie de l’eau acheminée vers Alger à partir des barrages des wilayas limitrophes a été laissée pour les besoins de ces wilayas, a expliqué le ministre Rekhroukh.
De ses propos, il ressort que la situation est maîtrisée. Il assure que 50% des habitants de la ville d’Alger seront alimentés en H24 pendant le mois de ramadhan prochain et l’autre moitié le sera au rythme d’un jour sur deux.