Économie

Surtaxation des produits importés : les réserves des producteurs algériens de boissons

Les jus, boissons gazeuses et eaux minérales importés sont soumis, depuis fin janvier, à un droit additionnel provisoire de sauvegarde (Daps) de 70%.

Cette mesure, qui selon le gouvernement vise à protéger et promouvoir la production nationale et à préserver les réserves de changes du pays en limitant les importations, n’a pas que de bons côtés, selon Ali Hamani, président de l’Association des producteurs algériens de boissons (Apab), qui redoute que des répercussions sur les exportations algériennes.

« Puisque nous avons des perspectives d’exportation en matière de jus de fruits et d’eaux, s’il y a un Daps, nous avons des craintes à ce qu’il y ait l’application de la réciprocité de la part d’autres pays vis-à-vis de nos produits », s’inquiète M. Hamani dans une déclaration à TSA, ce samedi 9 février.

Cette réciprocité serait d’autant plus dommageable aux producteurs algériens de boissons, qui exportent vers l’Europe où leurs produits importés contenant des intrants agricoles sont déjà pénalisés par une taxe supplémentaires, selon M. Hamani.

« C’est pour cela que nous avons dit qu’en matière de droits additionnels, il faut faire très attention aux exportations », rappelle-t-il.

Le président de l’Apab souhaite également éviter que la protection de la production locale n’ait des effets néfastes sur la qualité, la disponibilité ou les prix des produits de consommation. « Il faudrait que les entreprises s’engagent à ce qu’il y ait un produit de qualité, qui réponde aux normes. Il faudrait que ça soit des produits disponibles à tout moment et il ne faudrait pas non plus que les entreprises algériennes profitent de l’application du Daps pour augmenter leurs prix », met-t-il en garde.

Selon M. Hamani, les membres de l’Apab sont « satsfaits à 70% » de la liste des produits soumis au Daps. « Globalement, ils ont pris compte de nos propositions, mais il nous reste encore à affiner un certain nombre de sous-positions », a-t-il expliqué.

Certains intrants entrant dans la production de boissons restent soumis aux droits supplémentaires, problème sur lequel l’association travaille actuellement en « affinant un certain nombre de sous-positions », ajoute-t-il.

« Je pense que d’ici la semaine prochaine nous allons affiner toutes les sous-positions touchées et saisir le ministère  du Commerce  », explique M. Hamani, en mettant des réserves quant à la réalité de la disponibilité de certains intrants dont la production locale est protégée par le Daps. « Il faut dire aussi qu’ils ont dit que certains produits sont disponibles. Nous allons leur demander les adresses de ces fournisseurs parce que pour dire que tel produit existe, il faut qu’il réponde aux critères techniques et de qualité. Il y a des références sur lesquelles nous sommes obligés de faire très attention », a-t-il expliqué.

La bière locale face à la « concurrence déloyale » des bières importées

La bière d’importation n’a pas été soumise au Daps, selon M. Hamani qui regrette cette omission alors que son association avait demandé l’application de la taxe additionnelle sur ce produit.

« Nous avons donné un dossier complet sur le niveau de production, les importations, les capacités utilisées et nous avons demandé à ce qu’il y ait une application du Daps sur la bière puisque nous avons constaté que les bières importées ne sont pas des produits de qualité », détaille M. Hamani, en affirmant que la bière locale fait face à une « concurrence déloyale » de la part des bières importées.

Les brasseurs installés en Algérie sont capables de couvrir la demande nationale en bière, assure Ali Hamani. « Toutes les marques internationales sont fabriquées en Algérie. Les capacités utilisées (des brasseries) tournent autour de 60%, nous pouvons donc faire face à toute demande supplémentaire en bière ».

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