La première communication officielle sur l’incident dramatique et regrettable survenu à la frontière maritime algéro-marocaine est venue de la partie algérienne, par le biais du ministère de la Défense nationale.
Les autorités marocaines, elles, se confinent dans un mutisme incompréhensible, laissant leurs relais dans les médias et les réseaux sociaux se déchaîner sur l’Algérie à coup d’injures et de contre-vérités.
Le communiqué du MDN algérien, diffusé dimanche, a le mérite de remettre les choses à leur place et de relater les faits tels qu’ils se sont passés.
Mardi 29 août, vers 19h, trois jet-skis sont entrés clandestinement dans les eaux territoriales algériennes et leurs occupants ont refusé d’obtempérer aux sommations des garde-côtes algériens, contraignant ceux-ci à tirer des coups de feu. Le lendemain, un cadavre portant un impact de balle, a été repêché.
Les militaires algériens ont respecté la procédure d’usage et ont fait ce qu’ils avaient à faire en pareille circonstance dans une zone sensible et connaissant une forte activité criminelle, et au moment où les tensions entre les deux pays sont fortes.
Il appartient maintenant à l’armée, la justice ou le gouvernement marocains, s’ils disposent d’une autre version qui contredise celle du MDN, de la rendre publique et de l’assumer. En l’accompagnant bien entendu des preuves qui l’accréditent.
Quant à cette manière de faire, celle qui consiste à proférer des accusations à l’égard du pays voisin par le biais des médias et des réseaux sociaux, elle est éculée et ne trompe personne.
Elle procède de la stratégie de la tension permanente adoptée par le Maroc depuis quelques années à l’égard de l’Algérie. Une stratégie qui n’est pas sans risques réels pour la stabilité de la région.
La mort du ressortissant marocain est déplorable et il est regrettable d’en arriver là. Et les Marocains doivent s’en prendre à leur gouvernement. Cet incident qui ne sera sans doute pas le dernier montre à quel point la confiance est rompue entre les deux pays.
Il montre aussi l’extrême tension qui règne aux frontières, notamment depuis la normalisation des relations entre le Maroc et Israël en 2020.
Les deux pays ont accéléré leur coopération militaire et on ne compte plus le nombre de responsables militaires israéliens qui ont visité le royaume en moins de trois ans. Aucun pays arabe, qui a normalisé ses relations avec Israël, ne l’a fait.
L’Algérie a bien exprimé des inquiétudes quant à la présence israélienne à ses frontières, d’autant que Tel Aviv et Rabat ne se gênent pas d’annoncer des projets militaires communs.
En plus de l’accélération de la coopération militaire avec Israël, l’incident dramatique survenu à la frontière entre les deux pays est aussi le résultat de cette irresponsabilité des officiels marocains qui font tout pour monter leur population contre l’Algérie.
Au lieu de se raviser, l’incident dramatique des jet-skis est, au contraire, mis à profit par des médias marocains connus pour leur proximité avec le Palais royal, pour chauffer davantage les esprits.
Il suffit de lire la presse et les pages marocaines pour s’en rendre compte. Sans la moindre preuve, les garde-côtes algériens sont accusés d’avoir tiré sans sommation et avec l’intention de tuer, juste parce que, en face d’eux, il y avait des jeunes Marocains et qu’ils ne pouvaient pas savoir qu’ils étaient « aussi de nationalité française », comme l’a écrit malencontreusement l’écrivain Tahar Ben Jelloun.
Affaire des jet-skis : quand les autorités marocaines chauffent les esprits
En effet, de telles légèretés sont relayées aussi par certains intellectuels de renom, malheureusement.
Comme Tahar Ben Jelloun qui, depuis quelques années, et à chaque fois qu’il s’agit de dénigrer l’Algérie, n’a plus aucun scrupule à réduire son aura à une plume à la solde du palais royal de Rabat.
Dans une chronique honteuse signée sur le 360.ma, Ben Jelloun a écrit que ce qui s’est passé mardi 29 août dans la zone frontalière maritime n’est autre que le résultat de la « haine » que cultiverait l’armée algérienne, « impatiente de tuer du Marocain ».
L’écrivain ne l’ignore pas, la haine appelle la haine et les conséquences ne peuvent être que fâcheuses, pour les deux peuples. Les propos de Ben Jelloun sont d’une irresponsabilité sidérante.
Ils rejoignent ceux de certains journalistes, blogueurs et influenceurs marocains qui n’ont pas de crédibilité à engager ou à perdre en relatant des insanités aussi dangereuses qu’irresponsables.
Les médias marocains, qui foncent tête baissée dans une politique extrêmement dangereuse qui consiste à diaboliser l’État à l’international, et en semant la haine parmi la population marocaine contre leurs voisins algériens.
Au Maroc, les critiques n’épargnent pas non plus la presse algérienne, coupable de refuser d’accuser à tort l’armée de son pays. Pour rafraîchir certaines mémoires, il est bon de rappeler l’attitude des médias marocains lorsque trois commerçants algériens ont été tués par un drone de l’aviation marocaine à la frontière du Sahara occidental en novembre 2021. Un assassinat prémédité commis avec une arme de guerre sophistiquée.
Là aussi, le gouvernement marocain n’avait pas soufflé mot et avait laissé la tâche d’entretenir la flamme de la tension, tantôt par la dénégation tantôt par la justification, à la presse et aux réseaux sociaux à sa solde.
Il y a trois ans, un tel drame n’aurait peut-être pas eu lieu. De nombreux Marocains traversaient clandestinement la frontière pour venir travailler en Algérie.
Et malgré la fermeture des frontières depuis août 2021, des travailleurs marocains continuent de venir travailler en Algérie. Mais après la normalisation de ses relations avec Israël, le Maroc s’est senti puissant pour s’attaquer à ses voisins.
Avec l’Algérie, c’est la stratégie de la tension. Avec l’Espagne, il a utilisé le chantage migratoire pour obtenir le changement de la position de Madrid sur le Sahara occidental.
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