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Tensions en Méditerranée, affaire d’espionnage… L’escalade continue entre la France et la Turquie

Les tensions entre la Turquie et la France persistent. Mercredi, la France a annoncé la suspension de sa participation à une opération de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) en Méditerranée en signe de protestation contre les récentes manœuvres militaires de la marine turque à l’encontre de sa marine.

« Nous avons décidé de retirer temporairement nos moyens de l’opération ‘’Sea Guardian’’ », a indiqué le ministère français des Armées, cité par Le Monde. « Il ne nous paraît pas sain de maintenir des moyens dans une opération censée, parmi ses différentes tâches, contrôler l’embargo avec des alliés qui ne le respectent pas », a expliqué le ministère français.

Le ministère des Armées fait ainsi une référence directe à la Turquie, également membre de l’Otan, que la France accuse de violer l’embargo sur les armes à destination de la Libye. Une accusation démentie par la Turquie.

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Incident sérieux en Méditerranée

La France aspire également à protester contre l’absence de réaction de la part de l’Otan dans le sillage de l’incident jugé sérieux ayant opposé les marines françaises et turques.

Un navire français a notamment été menacé par un navire turc alors qu’il tentait d’approcher un cargo battant pavillon tanzanien suspecté de livrer du matériel militaire en Libye en provenance de Turquie, ce malgré l’embargo en vigueur sur les armes dans ce pays.

« La France s’attendait à être davantage appuyée par des alliés qui ont plutôt cherché à arrondir les angles. Finalement, le choix de suspendre la participation est avant tout un message fort de la France pour faire part de son mécontentement et de son insatisfaction vis-à-vis du comportement turc », a expliqué Élie Tenenbaum, chercheur au Centre des Études de Sécurité de l’Institut français des relations internationales (IFRI) dans un entretien accordé à Marianne.

« Quels que soient les incidents en mer, il ne faut pas perdre de vue le vrai problème, la violation répétée de l’embargo sur la livraison d’armes à la Libye par un membre de l’Alliance atlantique, la Turquie, qui en outre détourne une mission de l’Otan pour des opérations nationales », a souligné pour sa part le ministère français des Armées.

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« Affaire d’espionnage »

En parallèle, signe de la persistance des tensions entre les deux pays, la Turquie a confirmé ce mercredi l’existence d’une « affaire » d’espionnage entre la France et la Turquie, rapporte France 24.

Le média progouvernemental turc Daily Sabah avait récemment rapporté qu’un ex-employé du service de sécurité du consulat général de France à Istanbul, Metin Ozdemir, s’est rendu à la police et a affirmé qu’il avait collecté des informations pour les services de renseignement extérieurs français (DGSE).

Selon Daily Sabah, M. Ozdemir aurait déclaré avoir transmis à la France des renseignements sur 120 personnes, dont des imams, contre une rémunération mensuelle et la promesse d’intégrer la Légion étrangère, un corps de l’armée française composé de militaires étrangers.

Quatre ressortissants turcs soupçonnés d’avoir espionné des milieux associatifs et religieux pour le compte de la France ont été arrêtés dans ce cadre. L’ambassadeur de Turquie en France, Ismail Hakki Musa, a officiellement confirmé ce mercredi une telle affaire.

« Cette affaire est traitée de près par la DGSE et le MIT turc. [Cela fait] deux ans que cette affaire fait l’objet d’échanges entre les deux services », a indiqué Ismail Hakki Musa, ajoutant que « le fait que cela ait trouvé écho dans la presse il y a quelques jours […] n’a aucun rapport avec l’actualité ».

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