Certaines préfectures en France font le malheur des étrangers demandeurs de titres de séjour. Au lieu de les aider à se maintenir en situation irrégulière, elle les pousse dans l’irrégularité à coups de retards et de blocages.
C’est ce que des demandeurs de titres de séjour reprochent à la préfecture du Puy-de-Dôme. Qualifiée de « fabrique de sans-papiers », ce service de l’état est devenu un véritable cauchemar aux yeux de plusieurs étrangers qui veulent seulement se maintenir en régle en France.
Dans un article posté le 12 mai dernier par le média français Les Jours, on apprend que des étrangers qui ne demandent que le renouvellement de leurs titres de séjour reviennent chaque jour bredouille de cette préfecture.
Ces demandeurs vont devoir attendre la réponse des services de l’Etat pendant plusieurs mois. Si certains tiennent le coup grâce à des API (attestations de prolongation d’instruction), d’autres finissent par perdre leur travail ou leur logement après avoir sombré dans l’illégalité.
Préfecture du Puy-de-Dôme : « l’une des plus problématiques de France »
Cette préfecture est « régulièrement pointée comme étant l’une des plus problématiques de France » en ce qui concerne la gestion des titres de séjour, rapporte le média français. Selon Dominique Charmeil, directrice générale de l’association CéCler, les délais de traitement des titres de séjour sont anormalement longs « depuis 25 ans ».
L’entrée en jeu de la dématérialisation n’a visiblement fait qu’empirer les choses. Mise en place en 2019, cette procédure en ligne via laquelle se fait une grande partie des demandes de titres de séjour et d’API ne facilite pas la tâche aux demandeurs qui font face à des « anomalies du site ».
Même s’ils le voulaient, les agents de la préfecture ne peuvent pas aider les demandeurs de titres de séjour via le portail de l’ANEF a se soutirer des « situation kafkaïennes » auxquelles ils font face. Ils en sont « empêchés par le fonctionnement même du portail », explique la même source.
Pas de rendez-vous depuis 2024
Pascal Legros, un ancien employé dans cette préfecture, témoigne auprès du même média en affirmant que le service immigration est « l’un des plus durs ». Il explique que « le volume de travail est immense, les amplitudes horaires importantes, avec peu de compensation pour les agents ». Résultat : « Personne ne veut y aller » et ce sont des jeunes stagiaires à qui l’on confie la tâche de gérer les dossiers des titres de séjour.
Outre les délais à rallonge, on reproche à cette préfecture son mutisme. Sur son site internet, le dernier rendez-vous qu’elle a accordé date de juin… 2024. A la place, elle propose aux étrangers un interphone dans lequel ils peuvent sonner en espérant que quelqu’un leur réponde…ce qui arrive assez rarement, note le journal français.
Amjede Madani, un non –voyant sans-papiers algériens, est l’une des victime de la politique chaotique de cette préfecture. « Un silence éternel est plus douloureux qu’un non. Se faire ignorer est pire que tout », a-t-il confié au journal français.
Il explique qu’il a quitté l’Algérie avec sa famille pour suivre une formation de kinésithérapeute adaptée pour les personnes avec des déficiences visuelles. Hélas, pour s’y inscrire, il faut avoir un titre de séjour. Amjed attend le sien depuis 2020…