search-form-close
Titre de séjour : grosse déception pour les travailleurs étrangers

Titre de séjour : grosse déception pour les travailleurs étrangers

Par olrat / Adobe Stock
Le drapeau de la France.

Le durcissement de la politique migratoire en France menace l’avenir des travailleurs étrangers. Même en étant en situation régulière, ils risquent désormais de ne pas pouvoir obtenir ou renouveler leurs titres de séjour.

Les préfectures, censées régulariser ces travailleurs, deviennent de plus en plus de véritables fabriques de sans-papiers. Les services de l’État constituent, en effet, l’outil d’une politique de plus en plus anti-migratoire.

Aux retards dans le traitement des dossiers des premières demandes et à la difficulté de décrocher un rendez-vous pour le renouvellement, enregistrés au niveau des préfectures, s’ajoutent les nouveaux durcissements apportés aux conditions de régularisation, notamment la circulaire Retailleau, appliquée depuis janvier dernier.

Les travailleurs sans-papiers se retrouvent donc entre le marteau et l’enclume. Après la publication de la liste des métiers en tension, censée être un espoir de régularisation, ils n’ont fait que déchanter. Attendue pour février dernier, elle a été finalement publiée en mai écoulé, cette liste a suscité beaucoup de critiques.

En Ile-de-France (Paris et sa région), plusieurs métiers brillent par leur absence de cette liste : les serveurs, les aides-cuisiniers, les plongeurs, mais encore les métiers de boulangerie, de pâtisserie, de nettoyage ou encore de logistique, rapporte France 3.

« Sans eux, Paris ne tiendrait pas debout »

Franck Thomasse, président du syndicat des boulangers du Grand Paris, dit ne pas comprendre « comment cette liste a été établie ». Pour lui, il est inconcevable que les boulangers n’y figurent pas alors « qu’au moins 30 à 40 % » des travailleurs des boulangeries à Paris sont des étrangers. « Aujourd’hui, ce serait impossible de travailler sans eux », a-t-il assuré au média Le Parisien.

De plus, même si le métier du travailleur figure dans la liste des métiers en tension, les critères de la régularisation restent flous. Il faut que le sans-papiers justifie d’au moins trois ans de présence continue en France, mais surtout de 12 mois de salaire au cours des deux dernières années.

Mais pour avoir des fiches de paie, il faut déjà être déclaré, et pour être déclaré, il faut… avoir un titre de séjour ! En effet, employer un travailleur sans papiers constitue un délit punissable d’une peine d’emprisonnement et de 30.000 € d’amende, ce qui peut être dissuasif pour plusieurs employeurs.

Pour ne rien arranger aux choses, même si le travailleur sans-papiers, dont le métier figue sur la liste des métiers en tension, trouve un employeur qui lui délivre des fiches de paie, sa demande de régularisation sera toujours soumise à l’appréciation du préfet.

Une situation qui a mobilisé environ 150 travailleurs sans-papiers, soutenus par une large intersyndicale parisienne, qui ont battu le pavé le 4 juin dernier à Paris, rapporte le journal L’Humanité. Interdite par la préfecture de Paris, leur manifestation a finalement eu lieu place à Châtelet. « Sans eux, notre ville ne tiendrait pas debout », assurent les syndicats.

« Si on a besoin d’eux, on les prend. Sinon, on les jette !? »

La galère des travailleurs étrangers demandeurs de titres de séjour ne concerne pas uniquement la préfecture de Paris, mais à toute la France. En Limousin, la liste des métiers en tension concernant cette région a également déçu les travailleurs étrangers, rapporte France 3.

« La liste n’est pas fidèle à la réalité du terrain », dénonce la Fédération du bâtiment de Haute-Vienne. Le secteur du bâtiment, qui manque notamment de couvreurs, d’électriciens et de plombiers, n’a pas vu pour autant ces emplois figurer sur la liste des métiers en tension publiée en mai dernier.

Pour Julien Roujolle, maraîcher et porte-parole du syndicat agricole, la liste des métiers en tension constitue une démarche insultante pour les travailleurs étrangers. « Si on a besoin d’eux, on les prend. Sinon, on les jette ?! C’est une catastrophe de penser comme ça », a-t-il déploré.

Cylia, membre de la CGT, pense quant à elle que cette liste « relève plus du mensonge qu’autre chose ». Elle dénonce le fait que certains métiers, comme celui de la livraison, ne soient pas inclus dans cette liste. « Les dernières grosses régularisations, notamment des livreurs, datent d’avant le covid », a-t-elle souligné.

SUR LE MÊME SUJET :

Titre de séjour : cette préfecture « n’arrive plus à traiter les dossiers »

  • Les derniers articles

close