
Du jour au lendemain, de nombreux étrangers en France dont des Algériens se retrouvent dans une situation d’irrégularité de séjour, en raison notamment de la rareté des rendez-vous pour le renouvellement des titres de séjour et des longs délais de traitement des dossiers.
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Si la situation concerne l’ensemble des étrangers établis en France, surtout après la dématérialisation des démarches, la crise diplomatique et politique entre la France et l’Algérie a particulièrement aggravé la situation des ressortissants algériens.
Rendez-vous difficiles à obtenir
Pour la députée franco-algérienne à l’Assemblée nationale, Sabrina Sebaihi, « tout est imbriqué » avec la crise entre Paris et Alger. « À chaque fois qu’on tente d’aborder certains sujets, c’est extrêmement compliqué et encore plus quand il s’agit des sujets qui touchent à l’Algérie ».
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Il n’est donc un secret pour personne. La vie des Algériens établis en France, même en parfaite situation régulière, devient difficile, et ce, sur au moins cinq aspects administratifs.
En premier lieu, on citera l’obtention des rendez-vous en préfecture pour le renouvellement des titres de séjour. Ce qui devait être une simple formalité devient un véritable parcours de combattant pour de nombreux Algériens de France.
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Les étrangers ne peuvent pas déposer leurs dossiers sans rendez-vous. Mais les créneaux se font de plus en plus rares depuis l’introduction de la dématérialisation. Et même après l’obtention du fameux rendez-vous, le demandeur doit attendre parfois plusieurs mois, voire plus d’une année, pour obtenir le titre de séjour.
Titre de séjour : des délais de traitement anormalement long en préfecture
Les délais de traitement des dossiers sont anormalement très longs, une situation qui complique davantage la vie de milliers d’Algériens. Sans titre de séjour, ils risquent de perdre leurs emplois, leurs logements, leurs avantages sociaux et médicaux, tout comme ceux de leurs enfants…
Certains parviennent à arracher un récépissé, ce qui leur permet de continuer à résider et travailler légalement dans le pays et à conserver leurs emplois, mais d’autres n’ont pas parfois cette chance. Résultat : ils basculent du jour au lendemain dans l’irrégularité de séjour, ce qui anéantis leurs droits, et les expose à des expulsions.
À ce propos, Louisa Ferhat, présidente de l’Association des femmes berbères européennes, indique dans une déclaration à RFI que les Algériens de France qui se sont retrouvés dans cette situation sont littéralement « pris en otage » dans la crise qui secoue les relations franco-algériennes.
Autre difficulté imposée aux Algériens : les préfectures durcissent les vérifications des documents présentés et les demandeurs doivent avoir des compétences linguistiques en langue française.
Pour l’obtention d’un premier titre de séjour, le demandeur doit prouver une maitrise de français supérieure ou égale au niveau A2. Mais parfois, certaines préfectures réclament des niveaux bien supérieurs.
Même les mineurs ne sont pas épargnés
Les enfants mineurs des Algériens de France ne sont pas épargnés par les conséquences de la crise. En France, les enfants d’étrangers en situation régulière, bien qu’ils ne soient pas obligés de détenir un titre de séjour, peuvent obtenir un document de circulation pour étranger Mineur (DCEM), notamment pour voyager.
Avant, ce document était valable cinq ans et pouvait être renouvelé. Mais avec le durcissement des règles, notamment pour les Algériens, le DCEM n’est valable que pour une année. Ce document suit désormais la situation des parents. Si ces derniers perdent leur titre de séjour, les mineurs aussi.
Carte de résidence de 10 ans, ce qui change
Et pour finir, même les Algériens vivant en France depuis plus longtemps et disposant de cartes de résidence de 10 ans, sont confrontés à des complications lors du renouvellement de leurs titres.
Pourtant, cette procédure devait se faire automatiquement, sous forme d’une simple formalité, compte tenu de l’ancienneté du demandeur sur le sol français. Mais désormais, les ressortissants algériens sont soumis à une vérification minutieuse de tous les documents et même des
antécédents. Si un document, même mineur, manque, il doit le présenter, à défaut, sa demande sera rejeté.