Économie

Transferts de devises de l’Algérie vers l’étranger et hausse des prix des carburants : les critiques des députés

Des députés de l’APN ont critiqué ce mercredi plusieurs dispositions soumises par le gouvernement dans le projet de loi de Finances complémentaire (PLFC).

Parmi lesquelles figurent l’augmentation des prix des carburants ou la baisse du montant minimum en devises soumis à déclaration douanière. Les députés ont en outre déploré la précipitation du gouvernement à faire adopter au plus vite ce projet, selon le compte rendu de l’agence officielle.

Le député Lakhdar Benkhellaf (Union Nahda-Adala-Bina) a notamment dénoncé l’absence de temps nécessaire alloué aux députés pour examiner le projet de loi qui contient, selon lui, des dispositions remettant en cause des mesures à peine adoptées dans la loi de finances 2020. Il a cité en particulier la révision à la baisse du montant minimum en devises soumis à la déclaration douanière de 5 000 euros à 1 000 euros.

M. Benkhellaf n’est pas le seul député à avoir critiqué cette mesure, puisque le député Lies Saadi (FLN) a appelé carrément à sa suppression, préconisant plutôt de lutter contre les transferts illicites de devise pour l’achat de biens immobiliers à l’étranger.

« Durant 15 ans, des Algériens ont transféré des sommes importantes pour l’acquisition de biens immobiliers à l’étranger. En Espagne, ils sont plus de 7000 Algériens à disposer d’habitations de manière illicite. Les autorités devraient plutôt s’intéresser à ces personnes pour récupérer l’argent détourné », a estimé le député, déplorant également la « précipitation » du gouvernement à adopter au plus vite le PLFC.

Le député Nabi Hebri (MSP) a de son côté affirmé que le projet de loi était « dépourvu d’intérêt », estimant qu’il « remettait en cause la crédibilité » de l’APN qui avait voté dans le cadre de la loi de Finances 2020 pour l’autorisation aux citoyens d’importer des véhicules de moins de trois ans. Cette disposition a été « vidée de son sens par la possibilité accordée aux concessionnaires d’importer des véhicules neufs », a considéré dans ce contexte M. Hebri.

Le député Nazih Beramdane (dissident du MPA) a pour sa part critiqué la proposition du gouvernement d’augmenter les prix des carburants, estimant qu’il n’existe « aucune justification valable » pour procéder à une telle hausse de la taxe sur les produits pétroliers (TPP) ou assimilés. Celle-ci est de l’ordre de trois dinars le litre pour les trois catégories d’essence et de cinq dinars le litre pour le gasoil.

Pour étayer son propos, M. Beramdane a avancé que les effets d’exonération de l’IRG pour les salaires de mois de 30 000 dinars et la hausse du SNMG à 20 000 dinars ne seront pas ressentis par les bas revenus avec la hausse des prix des carburants et des prix des véhicules neufs.

La députée Nadjet Kebaili (TAJ) a quant à elle demandé plus de clarifications sur les conditions de financement des importations des véhicules neufs par des concessionnaires agréés.

« Tenant compte de l’érosion des réserves de change du pays, il serait inconcevable de permettre aux concessionnaires d’accéder aux réserves de change pour importer des voitures neuves et demander aux citoyens de financer par leurs propres moyens l’achat de véhicules de moins de trois », a estimé la députée, invitant le ministre des Finances à fournir plus de détails sur ce sujet.

Le projet de loi de Finances complémentaire doit être voté ce dimanche 31 mai par les députés en séance plénière.

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