Économie

Transport maritime : entretien avec le DG de l’ENTMV Kamal Issad

Kamal Issad, directeur général de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) revient dans cet entretien sur l’affaire du navire « Tariq Ibn Ziyad »,  les pertes subies par l’entreprise à cause de la pandémie de Covid-19, et la disponibilité de la compagnie à assurer de nouvelles dessertes maritimes.

Le 8 mars, devant la Commission des affaires étrangères, de la coopération et de la communauté algérienne à l’étranger de l’APN, vous avez déclaré avoir « arrêté l’idée de vendre le Tariq Ibn Zyad ». Pouvez-vous nous éclairer sur votre position par rapport à ce dossier et quels ont été les arguments que vous avez fait valoir en ce sens ?

Kamal Issad : La vente d’un navire en général ou du Tariq Ibn Ziyad en particulier obéit à un processus légal dans le respect des lois et règlements en vigueur. Tout dossier devrait faire l’objet d’une étude technico-économique réalisée par un bureau d’expertise maritime spécialisé et agréé par l’Etat pour étayer toute décision qui serait prise dans ce sens avec l’accord final du propriétaire en occurrence les instances décisionnelles de l’État.

L’étude du dossier tiendrait compte des aspects et des états techniques, des charges de maintenance et d’exploitation du navire.

Par conséquent, ce processus n’est pas engagé au sein de l’ENTMV, d’où l’inexistence de résolution de vente du Tariq Ibn Ziyad.

Vous avez annoncé des travaux sur ce navire. Où en est l’état d’avancement ?    

Après un long arrêt du navire dû à la pandémie du Covid-19, la fin de validité des certificats statutaires et de classe du Tariq Ibn Ziyad, aussi dans la perspective d’autorisation par l’Etat pour l’augmentation des dessertes maritimes, la décision a été prise pour réhabiliter ce navire en lançant son arrêt technique à l’Erenav de Béjaia pour sa mise en conformité avec la réglementation internationale en matière de navigabilité, sécurité et sûreté. Un contrat d’arrêt technique a été signé avec l’Erenav pour la réalisation des travaux dans un délai de 40 jours calendaires.

La pandémie de Covid a cloué les navires de l’ENTMV à quai pendant de longs mois. Comment se déroule la reprise ?

 La pandémie du Covid-19 a eu pour conséquence l’arrêt total de l’activité commerciale pour une durée de plus de 19 mois. Les car-ferries de l’ENTMV sont restés amarrés à quai durant ce long séjour avec une prise en charge tant bien que mal de leur maintenance.

L’arrêt prolongé d’un navire affecte considérablement ses équipements principaux et auxiliaires, la salissure de la carène (partie immergée du navire), de la coque et des superstructures.

En octobre 2021, dès l’annonce par les hautes autorités de l’État de l’ouverture partielle des frontières maritimes, l’ENTMV avait déjà deux car-ferries parés à assurer les deux rotations commerciales autorisées, le Badji Mokhtar III (réceptionné en juin 2021) avec une traversée/hebdomadaire sur la France et El-Djazair II qui a déjà effectué sa révision technique (septembre 2021) avec une traversée/semaine sur l’Espagne.

La reprise s’est déroulée dans des conditions appréciables avec le lancement d’un nouveau système de réservation bookit.net, et la mise en service d’un nouveau car-ferry qui a nécessité un temps de familiarisation en condition réelle pour les équipages afin d’assurer une prise en charge de qualité pour notre clientèle.

L’ENTMV a été affectée financièrement par la crise sanitaire du fait de la suspension du transport maritime. Quel a été l’impact sur l’entreprise et comment comptez-vous redresser cette situation dorénavant ?

Les finances de l’entreprise sont considérablement impactées et altérées par la pandémie du Covid-19, avec une situation financière précaire, une trésorerie très fragile et une perte du chiffre d’affaires de plus de 15 milliards de dinars.

Suite à l’absence de ressources, l’entreprise a recouru au concours bancaire pour faire face aux charges d’exploitation des navires et aux salaires des personnels en contractant des prêts à des taux d’intérêt élevés. Les dettes d’exploitation à court et moyen termes contractées auprès des fournisseurs et les dettes à long terme d’investissement viennent déséquilibrer la trésorerie de l’entreprise déjà fragile et ce malgré la reprise partielle de l’activité commerciale.

Un plan de redressement a été élaboré au niveau de l’entreprise, mais des facteurs exogènes non maîtrisés viennent fausser les prévisions budgétaires telles que l’augmentation faramineuse du prix du Fuel Oil indexé à l’international de plus de 60 % en l’espace de deux mois.

Avez-vous des annonces à faire à nos compatriotes aussi bien en Algérie que ceux installés à l’étranger notamment pour l’été ? 

L’ENTMV est disposée à exécuter tout programme commercial qu’autoriseraient les hautes autorités de l’État avec la mise à disposition des quatre car-ferries de l’entreprise pour offrir des capacités suffisantes et assurer le transport de nos compatriotes d’Algérie et de l’étranger.

Les agences de voyages sont prêtes à accueillir la clientèle pour une prise en charge de qualité pour l’acquisition des titres de transport. Le site de réservation en ligne bookit.net de la compagnie est opérationnel et paré à offrir des options d’achat de billetterie à distance.

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