Un autre coup dur pour les réseaux des services marocains en Europe. Un ressortissant marocain est jugé en Allemagne pour avoir espionné les activistes du Hirak du Rif pour le compte des services de renseignements de son pays. Arrêté en novembre dernier à Cologne et incarcéré depuis, le suspect est jugé, depuis lundi 24 juillet, devant le tribunal de Düsseldorf.
La justice détient des preuves que l’homme, identifié comme Mohamed A., 36 ans, avait collecté entre avril 2021 et mars 2022 des informations sur les sympathisants vivant en Allemagne du mouvement de protestation de la région du Rif.
Selon des médias allemands, le suspect a avoué devant les enquêteurs avoir remis des informations aux services marocains moyennant des indemnités de 5.000 euros.
Le Hirak du Rif est un mouvement de protestation populaire qui a ébranlé le Maroc en 2016 et en 2017. Provoquée par la mort d’un marchand de poisson broyé dans une benne à ordure, alors qu’il tentait de sauver sa marchandise saisie par la police, la protestation s’est transformée au fil des semaines en un mouvement structuré et portant des revendications sociales et politiques.
Un espion marocain jugé en Allemagne
Le mouvement a été durement réprimé par les autorités marocaines et ses animateurs ont été condamnés à de lourdes peines de prison. Son leader, Nasser Zefzafi, a écopé de vingt ans de prison ferme.
Mohamed Adjroud, un Rifain chargé d’espionner ses compatriotes en Allemagne pour le compte des services marocains
De nombreux militants et sympathisants sont toutefois demeurés actifs en exil et ce sont eux que Mohamed A. a été chargé d’espionner.
Le journaliste marocain exilé en Espagne, Ali Lmrabet a fourni de plus amples détails sur cette affaire. Selon lui, l’identité complète du suspect est Mohamed Adjroud. Il a été recruté par le consulat du Maroc à Düsseldorf qui l’a chargé de suivre les activités des opposants marocains installés en Allemagne, notamment les militants et sympathisants du Hirak du Rif, étant lui-même originaire de cette région berbérophone du nord du royaume. C’est ce qu’il aurait reconnu devant la police allemande.
Le journaliste assure que, quelques semaines avant son arrestation, Adjroud était venu au Parlement européen pour espionner l’activité des militants marocains. « Ce jour-là, il en a profité pour filmer entièrement mon intervention », témoigne sur Twitter Ali Lmrabet, qui promet d’autres révélations sur cet individu.
Selon le média allemand WDR, l’accusé avait déjà fait de la prison en Belgique pour trafic de drogue. Dans cette affaire, il risque jusqu’à 5 ans de prison, poursuit la même source.
Cette affaire risque de ternir davantage l’image du Maroc, déjà malmenée par plusieurs scandales du genre ces dernières années, dont le plus retentissant est le démantèlement, en décembre 2022, d’un réseau de corruption de députés européens mis en place par la DGED marocaine.
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