Économie

Un ex-vice président de Sonatrach estime « inopportun » de voter la loi sur les hydrocarbures

Le consultant en transition énergétique, Toufik Hasni, a estimé ce jeudi qu’il était « inopportun » à l’heure actuelle de voter la loi sur les hydrocarbures, considérant que ce projet de loi n’augmentera en rien l’attractivité du marché pétrolier algérien, rapporte ce jeudi l’agence Sputnik.

« J’estime qu’il est inopportun de voter une loi à un ou deux mois de l’élection présidentielle et que ce projet de loi n’augmentera en rien l’attractivité du marché pétrolier algérien », a affirmé Toufik Hasni dans un entretien accordé à l’agence russe. L’expert cite les « facteurs internationaux, notamment ceux relatifs au marché pétrolier mondial, actuellement en perte d’attractivité », le facteur « des politiques climatiques », ainsi que le contexte national.

« Sur le plan interne, voter une loi dans un secteur aussi sensible à la veille de la présidentielle représente pour les investisseurs étrangers un facteur de grand risque », estime M. Hasni. « Entre l’approbation d’une loi, le lancement d’appel à investisseurs pour un projet donné et sa mise en production, il se passe un certain temps. Étant donné que les investissements dans ce secteur sont capitalistiques, l’investisseur potentiel se trouve sans aucune garantie sur le devenir de cette loi après l’arrivée d’un nouveau président », a expliqué le consultant.

« Les prévisions des cours mondiaux du brut s’annoncent pessimistes pour les trois années à venir », indique également Toufik Hasni, rappelant que « l’Agence internationale de l’énergie, prévoit en effet un baril de Brent en dessous de 60 dollars et un million de BTU de gaz sous les 2 dollars jusqu’à 2020 ».

« À cela, il faudrait ajouter les prévisions d’augmentation de la production pétrolière des États-Unis, qui sont devenus depuis 2015 les premiers producteurs grâce au gaz de schiste. Le nouveau dynamisme du marché des hydrocarbures américain, ainsi que la volonté de consolidation de leur leadership dans ce secteur, pousse les entreprises américaines, notamment les super majors, à se retirer de plusieurs marchés mondiaux pour se recentrer sur la production interne », explique en outre l’expert, évoquant d’autre part « le facteur des politiques climatiques, qui impose une réduction de la production pétrolière et de toutes les subventions sur les énergies fossiles ».

« Compte tenu de ces facteurs, je répète que ce projet de loi est inopportun et qu’il n’augmente aucunement l’attractivité du marché algérien des hydrocarbures », conclut M. Hasni.

Un conseil des ministres consacré essentiellement aux deux projets de la loi de Finances 2020 et de la nouvelle loi sur les hydrocarbures aura lieu en début de semaine prochaine, probablement dimanche prochain, selon un communiqué de la présidence de la république, publié hier.

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