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Un militaire peut-il apporter la démocratie en Algérie ?

Un militaire peut-il apporter la démocratie en Algérie ?

Ali Ghediri, général à la retraite et candidat à la candidature à la présidentielle, n’envisage pas de demander des comptes aux tenants actuels du pouvoir, s’il est élu le 18 avril 2019.

« S’il faut régler des comptes, on doit remonter à 1962, peut-être même avant, et ça ne se terminera pas. Je ne suis pas venu demander des comptes. Je suis venu redresser une situation. Je suis venu pour que le jeune algérien ne prenne pas une barque pourrie et meure en mer avalé par les poissons. Et moi, après je vais acheter du poisson à 5 000 dinars le kilo pour manger la chair de mes enfants », a-t-il déclaré, ce dimanche 27 janvier, lors du Forum du journal Liberté, à Alger.

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Ali Ghediri a promis de construire « une Algérie nouvelle » pour que l’Algérien soit fier de porter son passeport. La Déclaration du Premier novembre 1954 (déclenchement de la Guerre de libération national) est la référence des valeurs que le candidat veut sauvegarder dans cette quête de « rupture ».

« Ce système ne me fait pas peur »

« Vous semblez craindre les spectres qu’agite ce système pour neutraliser ce peuple. Ce système ne me fait pas peur, ça sera lui ou moi. Quant à la modernité, je ne saurai la conjuguer avec un déni de quelques composantes que ce soit de notre identité. Le problème du religieux n’est pas de faire de nous des impies, mais de rendre à l’islam la dimension qui a fait de nous des hommes libres. Un islam authentiquement algérien. Un islam qui sert le pays », a-t-il répondu à une question relative à la laïcité posée par un chef de parti.

Un autre intervenant lui a posé la question de savoir s’il était « un candidat-surprise ». « Je vous l’accorde. Mais, si tout allait comme cela devait être, je ne me serais présenté à la présidentielle. Je sais intégrer le pour et le contre parce que j’ai fait un cursus qui me permet de bien analyser les situations et de mettre en place une stratégie (…) Nous faisons partie du peuple. Ni l’armée ni les avions ne me font peur », a-t-il insisté.

Le général Ghediri affirme s’inspirer des hommes qui ont déclenché la Guerre de libération nationale. Il refuse d’être considéré comme un lièvre dans la course à la présidentielle.

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« Nous avons demandé nos archives comme des mendiants »

« Nous ne sommes pas dans une partie de chasse. Nous sommes dans un combat noble, celui des idées. C’est une course d’obstacles. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, je pars aux élections pour gagner. Le combat sera rude et féroce. C’est pour cela que j’ai décidé de le mener », a-t-il dit.

Ali Ghediri a regretté la manière avec laquelle les autorités algériennes demandent à la France la restitution des archives et autres documents relatifs à la guerre d’indépendance à la période coloniale. « Nous avons demandé nos archives comme des mendiants. Nous avons demandé des archives, ils nous ont proposé des cranes (de résistants algériens déposés à Paris). Cette question sera reposée à partir d’une position de force. Nous devons travailler cette force pour que les gens nous écoutent », a-t-il préconisé.

Le candidat à la candidature a fait un plaidoyer pour l’économie de la connaissance en précisant que le lieu de la science doit être l’université. « Sans science, on ne peut pas avancer, ni vendre nos produits », a-t-il noté. Il a promis d’accorder « une attention particulière » à la liberté d’expression. « J’ai dénoncé les atteintes aux libertés. J’ai défendu la Moudjahida Zohra Drif lorsqu’elle était attaquée. Quand le général Benhadid a été mis en prison, j’ai écrit. J’ai payé pour cela », a-t-il confié.

Pour lui, l’arrivée d’un ancien militaire au pouvoir n’est pas synonyme de régression démocratique. Bien au contraire. Parlant de l’armée et de la démocratie, il a cité l’exemple de l’Amérique du Sud.

« Ce sont les militaires qui ont mené la démocratie dans cette région. Idem pour l’Asie du Sud-Est. Les militaires ont mis sur rail le train de la démocratie en Turquie. En Algérie, les Constitutions la plus démocratiques ont été faites sous l’égide des présidents issus de l’armée (Chadli et Zeroual), celles de 1989 et de 1996. La Constitution de 1996 a consacré la limitation des mandats présidentiels (…) au point où en sont les choses, seul un militaire peut faire sortir la politique des casernes », a-t-il tranché.

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