search-form-close
Une parente de malade à Tebboune : « Nous aussi on a besoin de se soigner »

Une parente de malade à Tebboune : « Nous aussi on a besoin de se soigner »

Se soigner à l’étranger a toujours été un casse-tête pour les Algériens. Avec la fermeture des frontières pour cause de crise sanitaire, c’est quasiment mission impossible.

En dernier recours, ceux qui ont frappé à toutes les portes pour obtenir une prise en charge ont recours aux réseaux sociaux, soit pour solliciter l’aide des âmes charitables ou dénoncer ce qu’ils considèrent comme une politique de deux poids, deux mesures, puisque ce ne sont pas tous les Algériens qui n’arrivent pas à accéder aux soins dans les hôpitaux étrangers.

La jeune Racha Ahmed Salah vient de saisir le président de la République par le biais d’une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux. Son message est émouvant.

Sa mère de 59 ans est atteinte de la maladie de Parkinson depuis qu’elle a été blessée dans l’explosion d’une bombe dans les années 1990. Son état nécessite une opération qui n’est pas pratiquée dans les hôpitaux algériens (implantation d’un stimulateur dans le cerveau).

Pour la transférer à l’étranger, elle fait face à un double écueil : la fermeture des frontières et le coût élevé des soins. « Il faut que cette vidéo parvienne jusqu’au président. Nous avons sollicités tous les ministères, celui de la Santé, de la Solidarité, les associations de victimes du terrorisme, rien. Les médecins nous ont expliqué que ce genre d’opération n’est plus pratiqué en Algérie. Cela fait dix ans qu’on attend. Regardez son état. Elle a 59 ans, mais elle paraît en avoir 99. Son état ne cesse de se dégrader », dit la jeune femme.

Dans la vidéo, sa mère apparaît allongée, le visage livide et le regard perdu. Elle pèse 35 kilos, selon sa fille. « Nous n’avons pas les moyens d’aller à l’étranger, surtout que tout est fermé. Mais même avant, on lui refusait le visa, on lui demandait de payer la totalité des soins. L’opération à l’étranger coûte trois fois plus cher qu’en Algérie. Je ne demande pas de l’argent. Je demande au président de la République de nous donner ce droit de se soigner. Avant d’être président, vous êtes un être humain. Vous êtes parti pour vous soigner, que Dieu vous guérisse, mais nous aussi on a besoin de se soigner », dit-elle à l’adresse du chef de l’État qui justement vient de rentrer d’une hospitalisation à l’étranger.

| Lire aussi : Soins à l’étranger aux frais de l’État algérien : le coup de gueule du Pr Bouzid

La jeune femme explique que même le médicament que sa mère prenait n’entre plus en Algérie. « Elle se contente du générique. Elle meurt à petit feu », ajoute-t-elle, avant de regretter qu’elle n’ait pas de « connaissances ». « Sinon, on lui aurait placé l’appareil. Je suis certaine qu’il existe dans les hôpitaux », lâche-t-elle.

La solidarité citoyenne comme alternative  

Slimani Sofiane, d’Akbou (Béjaïa), a visiblement plus de chance. Atteint d’une cirrhose hépatique, son état nécessite son transfert à l’étranger. Sa sœur a accepté de faire le don d’une partie de son foie et l’opération doit se faire en Turquie.

Les citoyens de sa région qui ont lancé une quête pour financer son transfert et ses soins, viennent d’annoncer la fin de l’opération de collecte de fonds. Et pour cause, le propriétaire de la laiterie Soummam, Lounis Hamitouche, a décidé de prendre en charge les frais des soins du jeune de 33 ans. Il a remis un chèque de 55 000 euros, soit 1.2 milliard de centimes, selon Bejaia sois l’observateur.

Les sommes déjà collectées par les citoyens serviront à financer le voyage et le séjour du malade, annoncent des bénévoles sur la même page. La solidarité citoyenne est un autre moyen de contourner la difficulté d’accéder à la prise en charge pour des soins à l’étranger.

Ce genre d’initiative est fréquent depuis quelques années, notamment en Kabylie où il n’est pas rare de tomber dans les principaux axes routiers sur des jeunes en dossards faisant la quête auprès des automobilistes.

Le mois dernier, un ancien footballeur professionnel, gravement malade, avait lancé un appel sur les réseaux sociaux pour une prise en charge et le ministère de la Jeunesse et des Sports avait fait le nécessaire pour le transférer à l’étranger.

Les internautes n’ont pas manqué de saluer le geste, non sans faire remarquer toutefois que l’ancien gardien de but Samir Hadjaoui n’a dû son salut qu’à son statut d’ancien sportif de haut niveau. Pour les citoyens anonymes, les choses sont plus compliquées.

| Lire aussi : VIDÉO. Nouveau service de soins à domicile : le mode d’emploi

  • Les derniers articles

close