Économie

Usine GE de Batna : le PDG de Sonelgaz et GE contredisent Attar

Inaugurée en octobre dernier, l’usine algérienne du géant américain Général Electric ne fait pas l’unanimité et est au centre d’une controverse.

Critiquée par le ministre de l’Énergie Abdelmadjid Attar, l’usine basée à Batna est défendue par le PDG de Sonelgaz.

Le 2 février, M. Attar expliquait sur les ondes de la Radio nationale que cette unité de production de turbines à gaz, fruit d’un partenariat entre Sonelgaz et Général Electric, n’était pas adaptée aux besoins futurs de l’Algérie.

Pour lui, l’Algérie n’a pas besoin de cette usine qui produit les équipements pour réaliser une capacité de 1500 MW par an à base de gaz naturel, alors que le pays devait mettre le cap sur les énergies renouvelables.

« À partir de 2027, je pense qu’on n’aura pas besoin de toute cette puissance. On devrait la remplacer par l’énergie renouvelable. La loi 02/01 était normalement destinée à permettre de passer à une nouvelle organisation, une nouvelle façon de produire et de consommer l’énergie », a soutenu le ministre de l’Énergie.

Les piques lancées par Attar ont été interceptées par le PDG de Sonelgaz Chahar Boulakhras, avec qui les relations ne semblent pas être au beau fixe. Le patron du groupe public, qui dépend du ministère de l’Énergie, a répondu dans un commun avec des responsables de GE, pour contredire le ministre, et vanter l’usine de turbines à gaz de Batna.

Dans un communiqué publié ce dimanche, et en guise d’introduction, ils parlent de la concrétisation d’un « rêve » :  « Faire de Batna, ville des hauts plateaux d’Algérie, le site d’un futur centre de fabrication, d’assemblage, de service et de réparation de pointe pour le secteur de la production d’électricité. »

Ensuite, le PDG de Sonelgaz explique pourquoi, selon lui, cette usine est stratégique pour son groupe.

« Nous considérons Geat (GE Algeria Turbines) comme un projet stratégique pour Sonelgaz et pour l’Algérie. Tout d’abord, parce qu’il nous permet de construire la chaîne de valeur de la production d’électricité au niveau local », explique-t-il d’emblée, en estimant que Geat est un exemple en matière de « transfert de technologie ».

« Nous sommes fiers de cette réussite »

« Ensuite, parce que Geat est un modèle édifiant de ce à quoi peut ressembler un transfert de savoir-faire et de technologie. Nous nous sommes beaucoup investis dans ce projet qui témoigne de la réussite de notre politique industrielle. Nous sommes fiers de cette réussite. Nous sommes surtout fiers de contribuer à éliminer les zones d’ombres de notre vaste pays, à développer les régions isolées, à créer des emplois et de la richesse localement et à ouvrir la voie à d’autres projets à venir », détaille Boulakhras.

Il ne répond pas à Attar sur le fond de la pertinence d’un investissement dans une usine qui produit des équipements destinés à transformer le gaz naturel au lieu de développer les énergies renouvelables.

Cité dans le même communiqué, Joseph Anis, PDG de GE Gas Power pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique explique qu’il lui emboîte le pas en défendant à son tour le projet, en affirmant que Geat permet au géant américain de « renforcer davantage l’écosystème énergétique du pays et à soutenir les objectifs nationaux de développement socio-économique. »

Ensuite, c’est au tour de Sami Bouabba, directeur général de Geat (joint de venture entre Sonelgaz et GE) qui détient l’usine de Batna, de souligner l’importance de cette usine pour le géant américain et l’Algérie. « Nous prévoyons de commencer à créer des solutions numériques pour le secteur de l’électricité d’ici 2021 et de commencer à fournir des services de réparation pour les turbines à gaz 9FA de GE pour la première fois en Afrique d’ici 2024. Ceci permettra à la flotte algérienne de plus de 30 unités 9FA d’être réparées sur place à GEAT. »

En 2014, l’ancienne secrétaire d’État des États-Unis, a révélé dans son livre avoir fait au lobbying auprès du président déchu Abdelaziz Bouteflika au profit de General Electric. Le géant américain avait obtenu General Electric a obtenu, en 2012, un contrat de fourniture de turbines à gaz pour équiper six centrales électriques en Algérie pour 1,9 milliards de dollars.

À l’époque, le PDG de GE, Jeff Immelt avait avoué que le secrétariat d’État, alors dirigé par Mme Clinton, a démarché le gouvernement algérien pour aider son groupe obtenir le contrat. General Electric a obtenu de nombreux contrats de fournitures de turbines à gaz à l’Algérie.

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