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Vaccin anti-Covid : voici pourquoi l’Algérie n’a pas encore passé commande

Vaccin anti-Covid : voici pourquoi l’Algérie n’a pas encore passé commande

Le Dr Elias Ag Bey Akhamouk, membre du comité scientifique de suivi de l’épidémie de coronavirus affirme que l’Algérie pourrait opter pour plus d’un vaccin contre la Covid-19.  

On parle du vaccin anti-Covid, mais des questions nombreuses entourent son degré d’efficacité, la durée de l’immunité qu’il procure, les éventuels effets secondaires. Pour l’Algérie où en sont les préparatifs pour la campagne de vaccination ?

Des laboratoires ont présenté aux membres du comité scientifique leurs candidats-vaccins ; au comité, on est en train de choisir le plus adapté pour nos concitoyens, qui soit le plus efficace et le plus sûr. Hélas, devant l’urgence mondiale, on a peu de recul pour évaluer réellement les effets secondaires.

Quels sont les labos que vous avez reçus ?

On a reçu Johnson & Johnson (USA), Pfizer (USA) et AstraZeneca (anglo-suédois). Nous les avons reçus et ils nous ont fait une présentation scientifique de leurs candidats-vaccins. Pour notre part, on attend que tous les laboratoires présentent tous leurs vaccins pour en discuter au sein du comité pour trancher sur le vaccin qui soit le plus efficace et le plus sûr et le plus adapté à l’Algérie. Actuellement, la décision n’a pas encore été prise pour l’achat d’un ou de plusieurs vaccins…

Donc il y a la possibilité que l’Algérie passe commande de plus d’un vaccin ?

Oui, parce qu’on n’aura pas beaucoup de doses au début, comme d’ailleurs le reste de tous les pays. Par conséquent, on va peut-être opter pour un, deux ou trois vaccins…

À quel prix ?

Le ministre de la Santé nous a dit qu’il a carte blanche pour acquérir le vaccin peu importe le prix.

On sait que Pfizer est sur le point de commercialiser le sien. Où en sont Johnson&Johnson et Astra Zeneca dans l’avancement de leurs candidats-vaccins ?

Les trois laboratoires sont à peu près au même niveau de phase 3 et ils ont reçu d’ores et déjà des précommandes. En ce qui nous concerne, nous allons faire un comparatif entre les différents candidats-vaccins pour en prendre le meilleur.

Vous avez évoqué des précommandes faites par certains pays, pourquoi l’Algérie n’en a pas fait ?

Sur ces trois candidats-vaccins, aucun n’a été commercialisé dans les pays qui les produisent. Nous voulons avoir le maximum de garanties, car il y va de la santé de nos concitoyens. Nous n’allons pas tarder à prendre une décision, peut-être dans les deux semaines prochaines.

Comment qualifiez-vous la situation épidémique en Algérie ?

On est en plein recrudescence, on n’a pas encore atteint le pic. C’est le moment ou jamais pour respecter les mesures barrières pour infléchir la courbe. La saturation des hôpitaux est à Alger, les autres wilayas enregistrent peu de cas. Sinon la situation est maîtrisée. Par contre, la wilaya d’Alger est sous haute pression.

Un durcissement des mesures anti-Covid pour lutter contre la flambée en Algérie est-il envisageable ?

Oui c’est envisageable. La sauvegarde des vies humaines et l’allègement de la charge sur les équipes de santé sont au-dessus de tout intérêt. Nous espérons que dans les prochains jours, on aura les tests antigéniques, aussi efficaces que la PCR, cinq fois moins chers avec des résultats en 30 minutes.

Quelle forme pourrait prendre ce durcissement ?

Par un allongement de la liste des wilayas concernées par le confinement, un allongement de la durée de celui-ci, une suspension de plus d’activités, voire un confinement total mais limité géographiquement.

Les régions de l’extrême sud du pays, et c’est tant mieux, sont relativement épargnées par la recrudescence de la Covid. Comment expliquez-vous le décalage avec les régions notamment nord du pays ?  

Premièrement, ça marche toujours comme cela, même pour la première vague il y avait un décalage d’un à deux mois. Deuxièmement, il ne faut pas perdre de vue le facteur de la météo ; il ne fait pas aussi froid au sud par rapport au nord, en ce sens que la chute des températures favorise la transmission des virus respiratoires. Une autre spécificité réside dans la densité de la population beaucoup moindre dans la région du sud. Preuve en est, aujourd’hui ce sont les wilayas les plus peuplées qui sont les plus touchées par les contaminations à cause de la proximité. En comparaison, la wilaya de Tamanrasset compte seulement 250 000 habitants, ce qui élimine de fait le risque de rassemblements. Et puis, il y a aussi la distance qui sépare les régions du sud par rapport aux autres régions du pays. Les quelques cas qu’on a recensés on a pu les gérer ; le problème c’est qu’il n’y a que deux établissements publics hospitaliers, à Tamanrasset et à In Salah, et nous souffrons d’un manque de spécialistes, rendant de fait difficile la prise en charge des cas confirmés. Sinon, en général on a su gérer la situation et nous n’avons pas été confrontés aux problèmes qu’ont connus d’autres wilayas du sud, à l’instar de Biskra, Ouargla et Béchar.

Quelles sont les séquelles de la Covid sur le malade ?

Malheureusement il y a des patients guéris du Covid qui présentent des séquelles respiratoires comme la fibrose pulmonaire avec dépendance à l’oxygène, problèmes cardiaques, syndrome de la fatigue chronique, perte définitive de l’odorat.

Le Premier ministre a exclu définitivement une fermeture des écoles après la flambée du Covid-19. Au comité scientifique, comment abordez-vous cette question ?

Nous sommes d’accord avec le Premier ministre. Pas de fermeture des écoles. Et la nature de l’infection Covid-19 chez l’enfant conforte ce choix. Seul un respect strict des mesures barrières de la part de la population peut briser la chaîne de transmission du virus.

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