CONTRIBUTION. En l’espace de quelques jours, entre le 30 novembre et le 4 décembre 2020, nous avons assisté à 3 déclarations contradictoires concernant la prochaine et probable campagne de vaccination contre la Covid-19.
Elles émanent d’un membre du comité scientifique de suivi de l’épidémie de coronavirus, démenties, voire tancées, 3 jours plus tard par le Ministre de la Santé, lui-même contredit le lendemain par le Directeur de l’agence nationale de la sécurité sanitaire.
Ces déclarations sèment le trouble et la confusion auprès de la population et même au niveau de la communauté médicale et des personnels de santé, censés être les premiers correctement informés.
Elles posent par ailleurs un véritable problème de gouvernance, de multiplicité des centres de décision et de confusion entre les compétences et prérogatives des uns et des autres, les scientifiques d’une part et les politiques d’autre part.
Nous assistons à une course à l’échalote où chacun essaie d’y aller le premier de son scoop, vite corrigé voire démenti. C’est à se demander si un scientifique peut se substituer à un ministre voire au Premier Ministre, s’il peut décider de la gratuité, de l’ouverture des frontières, etc. Qui est qui ? Qui fait quoi ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
En l’état actuel des choses, seuls les propos du Ministre de la Santé sont crédibles, car responsable de par les fonctions qui sont les siennes et la réalité du terrain, les autres sont en décalage avec la réalité, relèvent plus des vœux pieux voire du discours populiste.
Afin de se s’assurer de la disponibilité des vaccins dès leur validation par les institutions (FDA et EMA) les États-Unis et la Commission européenne pour les pays de l’UE ont signé voilà des mois des contrats de commande et de précommande de centaines de millions de doses de vaccins avec les sociétés pharmaceutiques occidentales les plus avancées.
Ils ont planifié les étapes de la vaccination étalée sur l’année 2021, prévu la logistique, les équipements spécifiques, super congélateurs pour les vaccins à ARN messager et la ressource humaine.
Chez nous, certains nous annoncent, dans un ciel serein, de but en blanc, avec un aplomb à vous désarçonner que dans un mois, c’est-à-dire demain, l’Algérie pourra débuter sa campagne de vaccination, alors que le ministre de la Santé affirme que ‘’l’Algérie n’avait pris aucune décision, que nous n’avons pas encore entamé les démarches pour l’acquisition du vaccin et le lancement de la campagne de vaccination’’.
Une vaccination réussie nécessite la conjonction d’un ou plusieurs bons vaccins, c’est-à-dire sûrs et efficaces et une bonne campagne de vaccination.
Pour ce qui est du vaccin, le challenge de notre pays n’est pas de fabriquer un vaccin, comme l’a déclaré dans une fanfaronnade ubuesque le Ministre de l’Industrie pharmaceutique, mais d’acquérir, très probablement dans le cadre de l’initiative onusienne lancée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sous le nom de Covax à laquelle l’Algérie est associée, un ou plusieurs vaccins sûrs et efficaces au moindre coût, ou au meilleur rapport efficacité/coût.
L’OMS ne cautionnera pas un vaccin contre le coronavirus s’il n’est pas sûr et efficace, elle ne s’attend pas à une vaccination généralisée avant mi-2021.
Un vaccin sûr et efficace
Dans le panel des six à neuf vaccins qui seront probablement proposés, les experts feront le choix en fonction des critères scientifiques et les recommandations aux autorités, les politiques feront les arbitrages et décideront en fonction des recommandations mais aussi d’autres paramètres, notamment économiques même si le ministre de la Santé dans un élan de générosité avait déclaré quel qu’en soit le prix.
Outre un vaccin sûr et efficace, il est nécessaire pour réussir la vaccination de préparer dès maintenant la campagne de vaccination, et non pas attendre l’arrivée des vaccins.
Il serait à notre sens utile de désigner une commission d’experts et un Monsieur Vaccination Covid-19, qui sera chargé du choix des vaccins, de planifier la vaccination et de réunir les conditions nécessaires (ressources humaines, infrastructures, équipements spécifiques si nécessaire, logistique, etc).
En attendant cette vaccination, il y a lieu de maintenir et de toujours renforcer les mesures de prévention de la propagation du virus et les moyens de prise en charge des malades atteints de la Covid-19.
*Président du conseil régional de l’Ordre des médecins de Blida