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Véhicules de moins de 3 ans : pourquoi l’Algérie préfère temporiser

Véhicules de moins de 3 ans : pourquoi l’Algérie préfère temporiser

L’Algérie n’a pas encore tranché sur le retour à l’importation des véhicules de moins de trois ans. Un récent rapport de l’ONU vient de donner raison aux détracteurs de cette mesure.

Sur la question de l’importation des véhicules d’occasion, les autorités algériennes sont prises en tenaille entre ceux qui souhaitent acquérir une voiture à moindre prix et ceux qui y voient un danger pour la sécurité des gens et l’environnement.

Le gouvernement n’a pas tranché définitivement. La mesure est gelée et non annulée, a précisé le ministre de l’Industrie Ferhat Aït Ali. L’Algérie préfère donc temporiser et peser le pour et le contre.

En attendant, le Plan des nations unies pour l’environnement (Pnue) a publié dimanche 26 octobre une étude sur l’importation des véhicules usagers. L’étude, qui porte sur 146 pays, permet de saisir les contours du phénomène sous tous ses aspects, notamment en Afrique.

On y apprend que seuls trois pays du continent ont interdit l’importation de ces véhicules. Il s’agit de l’Afrique du Sud, de l’Égypte et du Soudan. L’Algérie n’y est pas incluse sans doute parce que la Loi de finances 2020, actuellement en vigueur, autorise officiellement l’importation des véhicules de moins de trois ans, même si la mesure n’est pas encore mise en œuvre.

Au Maroc, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon, les véhicules de moins de cinq ans sont autorisés. Dans trente pays africains, néanmoins, aucune limite d’âge n’est imposée, ce qui fait que dans certains pays, la moyenne d’âge des véhicules en circulation est très élevée (19 ans en Gambie).

Au Malawi, l’accroissement du parc automobile se fait presque exclusivement par les importations de véhicules d’occasion (97%). Les véhicules que les normes et standards de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) considèrent comme périmés finissent dans certains pays africains peu regardants sur les questions environnementales et même sanitaires et dont le niveau de vie de la population ne lui permet d’accéder à un véhicule neuf.

Selon la même étude, 14 millions de véhicules d’occasion ont été exportés dans le monde entre 2015 et 2018 et 40% l’ont été vers des pays africains, notamment à travers les ports du Nigeria, de Libye, de Tanzanie, de Guinée ou du Ghana.

Plus grave encore, l’étude du Pnue pointe l’absence de contrôle en matière d’émissions polluantes  et relève que « les pays qui ont les réglementations les plus faibles sont aussi ceux où le taux d’accidents mortels sur les routes est le plus élevé ».

L’Afrique, une poubelle pour la ferraille du monde ?

Pour mettre fin au déversement de « véhicules vieux, dangereux et polluants », la directrice exécutive du Pnue, Inger Andersen, exhorte : « Les pays développés doivent cesser d’exporter des véhicules qui ne sont plus autorisés à rouler dans leurs propres pays et les pays en développement doivent fixer des normes ».

Autrement dit, cesser de faire de l’Afrique une poubelle pour la ferraille de l’Union européenne et du Japon notamment.

Le ministre Ferhat Aït Ali a exprimé le même souci il y a trois semaines, accusant des « bandes organisées » basées en France de mener une campagne en faveur du retour à l’importation des véhicules usagés. « Elles attendent de collecter toute la ferraille de l’Europe. Même si le véhicule n’est pas français, il se vend comme tel », a-t-il dénoncé le 11 octobre.

Le retour à l’importation des véhicules d’occasion est, en Algérie, une revendication populaire, vu la cherté des véhicules neufs. En 2019, après la suspension de l’importation des véhicules neufs et la limitation des quotas des usines de montages, le gouvernement a décidé d’autoriser de nouveau l’importation des véhicules d’occasion, de moins de trois ans d’âge.

Mais début octobre 2020, le ministre de l’Industrie a annoncé le gel de la mesure, portant contenue dans la Loi de finances. L’autre souci rencontré par les autorités c’est le risque d’encourager le change informel de devises, officiellement interdit.

« Dans un moyen terme, grâce aux réformes financières et économiques, lorsqu’on aura supprimé le marché parallèle de la devise, on pourrait réfléchir à importer des véhicules d’occasion avec le taux de change officiel », annonce Ferhat Aït Ali, ajoutant que l’importation des véhicules usagés ira de pair avec l’importation des véhicules neufs et l’avènement d’une véritable industrie locale de l’automobile.

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