Économie

Véhicules en Algérie : la crise touche à sa fin, mais…

Après plusieurs années de fermeture quasi-totale, le marché des véhicules en Algérie s’ouvre progressivement, sur fond d’inquiétudes sur l’accessibilité des voitures importées à une majorité d’Algériens.

L’annonce lundi 6 mars de la liste des premiers concessionnaires officiellement agréés ouvre la voie au début effectif du retour de l’importation des véhicules neufs, synonyme, en principe, d’une meilleure accessibilité et d’une baisse des prix.

D’autant plus qu’une autre mesure vient juste d’entrer en vigueur, à savoir l’officialisation du retour à l’importation des véhicules de moins de 3 ans d’âge.

L’interdiction de l’importation et la fermeture des usines d’assemblage de voitures ont créé une situation inédite en Algérie, et sans doute rarement vue ailleurs : celle d’un pays où le nombre de véhicules neufs qui entre sur le marché est extrêmement réduit. La situation a duré plusieurs années.

De rares particuliers ont continué à importer par leurs propres moyens, mais en nombre très limité pour la taille du marché qui absorbait par le passé entre 200 000 et 400 000 véhicules chaque année.

La conséquence directe a été la rareté du neuf et la flambée des prix des véhicules d’occasion qui ont atteint des prix astronomiques. Après plus d’une décennie de démocratisation, la voiture est subitement redevenue un luxe pour les Algériens.

Le dossier est devenu ces dernières années l’un des sujets qui captivent le plus l’intérêt de l’opinion publique algérienne, donnant lieu à toutes sortes de débats, d’annonces, de rumeurs…

Les prémices du retour à la normale ont commencé à apparaître dans les derniers mois de l’année 2022 avec trois événements clés : la signature en octobre d’un accord avec le groupe Stellantis pour l’ouverture d’une usine de voitures de la marque italienne Fiat à Oran, la publication en novembre des cahiers des charges relatifs aux activités d’assemblage et d’importation de véhicules neufs et la promulgation fin décembre de la loi de finances pour 2023 autorisant le retour à l’importation des véhicules d’occasion.

Véhicules en Algérie : vers une meilleure disponibilité, mais à quel prix ?

Toutes ces mesures connaissent un début de mise en œuvre dans ces premiers mois de 2023. Les annonces se font à un rythme accéléré.

L’importation des véhicules de moins de 3 ans est désormais possible depuis le 20 février avec la publication au Journal officiel du décret d’application de la disposition de la loi de finances.

Jeudi 2 mars, le ministre de l’Industrie Ahmed Zeghdar a annoncé que la réalisation de l’usine Fiat avance à une bonne cadence et que les véhicules de cette marque produits en Algérie seront commercialisés vers la fin de l’année.

Enfin, le même ministère a annoncé ce lundi 6 mars l’octroi d’agréments à trois concessionnaires qui pourraient ainsi entamer les opérations d’importation. Il s’agit de Fiat Algérie, Emin Auto qui importera les véhicules de la marque chinoise JAC et Halil Auto, pour les véhicules Opel. Fiat et Opel font partie de la galaxie du groupe Stellantis.

Autant de mesures simultanées auront sans doute une incidence sur le marché algérien des véhicules. Bien qu’il sera difficile, du moins dans les premiers mois, de satisfaire toute la demande accumulée pendant plusieurs années, ces mesures restent salutaires et sont susceptibles de mettre fin à terme à la crise de disponibilité des véhicules neufs.

La cadence du retour à la normale est tributaire en fait des quotas qui seront autorisés à l’importation pour chaque concessionnaire.

La fermeture du marché étant essentiellement motivée par le souci de préserver les devises du pays, beaucoup d’observateurs ne voient pas le gouvernement mettre de nouveau 6 ou 7 milliards de dollars par an pour l’importation de véhicules, comme c’était le cas par exemple en 2014, année de tous les records en la matière.

Néanmoins, la plus grosse inquiétude concerne les prix qui seront appliqués à cause du double effet de la hausse des prix des voitures dans le monde et de la baisse de la valeur de la monnaie nationale, échangée en ce moment en banque à 145 dinars algériens pour un euro.

Le scepticisme concerne surtout les véhicules de moins de 3 ans, que les acquéreurs devront payer « sur leur propres devises », comme le stipule la loi de finances 2023.

La publication du décret d’application de la disposition a immédiatement fait flamber le cours des devises étrangères sur le marché parallèle. La monnaie unique européenne a atteint dimanche 5 mars la barre des 225 dinars pour un euro, contre 221 dinars au début de l’année.

A ce niveau, les véhicules d’occasion importés seront chers, mais les consommateurs auront quand même une consolation : les prix des voitures d’occasion sur le marché local vont arrêter de grimper.

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