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Visas D suspendus : étudiants algériens et expatriés français victimes de la décision de Macron

La suspension par la France des visas D pour tous les Algériens pourrait impacter les entreprises françaises installées en Algérie.

Visas D suspendus : étudiants algériens et expatriés français victimes de la décision de Macron
Par luzitanija / Adobe Stock
Thinhinane Lardjane
Durée de lecture 2 minutes de lecture
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Sujet de tension diplomatique récurrent entre Alger et Paris, la question des visas est de nouveau au cœur de la crise franco-algérienne.

Mercredi, le président Emmanuel Macron a annoncé, dans une lettre adressée à son Premier ministre, deux mesures phares : la suspension de la délivrance des visas D pour tous les Algériens, et le gel de l’accord de 2013 sur l’exemption de visas des détenteurs de passeports diplomatiques algériens et français.

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Alger a répliqué jeudi en mettant carrément fin à l’accord bilatéral de 2013 sur les exemptions de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques et de sévices, qui était de fait suspendu depuis le refoulement à Paris de deux détenteurs algériens du passeport diplomatique en février et mars derniers.

Alger dénonce l’accord de 2013 sur les passeports diplomatiques

Jeudi, dans sa réponse à la lettre d’Emmanuel Macron, le ministère algérien des Affaires étrangères a formellement notifié sa fin. « La première note verbale a eu pour objet de notifier formellement la dénonciation par la partie algérienne de l’Accord algéro-français de 2013 relatif à l’exemption réciproque des visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service », a détaillé le ministère dans son communiqué.

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« Cette dénonciation va plus loin que la simple suspension notifiée par la partie française et met définitivement un terme à l’existence même de cet accord », précise encore le communiqué du ministère.

Désormais, les détenteurs de passeports diplomatiques et de service français devront solliciter un visa pour entrer en Algérie. Et Alger précise qu’elle « se réserve, par ailleurs, le droit de soumettre l’octroi de ces visas aux mêmes conditions que celles que le Gouvernement français arrêtera pour les ressortissants algériens ».

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Suspensions du visa D aux Algériens : inquiétudes et interrogations

Dans sa lettre, le président Macron a annoncé une autre décision : la suspension des visas D pour tous les demandeurs algériens. Il a demandé à son gouvernement d’activer « immédiatement » une disposition de la loi immigration de 2024 : le « levier visa-réadmission (LVR) », qui permet de refuser des visas de court séjour aux détenteurs de passeports diplomatiques et de service, mais aussi des visas de long séjour à tout type de demandeurs ?

En attendant des précisions de Paris sur l’étendue de son application, cette disposition touche notamment les étudiants algériens souhaitant poursuivre leurs études en France, les familles concernées par un regroupement familial. Elle suscite des inquiétudes parmi les étudiants qui ont entamé les démarches pour s’inscrire dans les universités françaises.

Comme l’Algérie a décidé d’appliquer la réciprocité, les entreprises françaises opérant en Algérie ne pourront plus obtenir de permis de travail pour leurs cadres expatriés français.

Déjà fragilisée par la crise entre les deux pays qui dure depuis plus d’une année, la suspension de la délivrance des visas D va aggraver encore leur situation. Les étudiants algériens et les expatriés français sont donc les principales victimes de ce bras de fer algéro-français sur les visas.

Macron critiqué en France

Il s’agit donc bel et bien d’un durcissement global qui touche de larges segments de la société algérienne qui pourrait aussi affecter la présence économique française en Algérie.

Une démonstration de la place centrale que la question migratoire occupe désormais dans la stratégie de confrontation engagée par Paris vis-à-vis d’Alger. Depuis sa prise de fonctions à la place Beauvau en septembre 2024, Bruno Retailleau a fait de la lutte contre l’immigration, notamment algérienne, son cheval de bataille.

Malgré les appels de la gauche, socialistes et Insoumis réunis, en faveur d’une relation franco-algérienne apaisée, Bruno Retailleau a opté pour l’escalade, précipitant les deux pays dans une crise diplomatique d’une ampleur inédite.

Certains observateurs s’interrogent aujourd’hui même sur le choix de Macron d’avoir confié un tel dossier à un profil comme Retailleau. Sur X (anciennement Twitter), l’avocat Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande et aussi d’Emmanuel Macron, s’est emporté : « Comment a-t-il pu perdre le crédit dont il disposait en Algérie ? Nommer Retailleau à l’intérieur, un nostalgique presque avoué de l’Algérie française, c’était de la folie. »

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