Le journaliste d’Al Jazeera Wael Al-Dahdouh est devenu le symbole du martyre du peuple palestinien à Gaza. Sa souffrance n’a d’égal que celle de la population de Gaza. Sa résilience et sa patience aussi.
L’armée israélienne a décimé sa famille, mais il est toujours là et continue à dévoiler au monde ce que les Israéliens souhaitent taire et cacher. Trois des six enfants de ce correspondant de guerre de 53 ans ont été tués en quelques semaines, ainsi que sa femme et son petit-fils.
Depuis le 7 janvier, lorsque son fils aîné Hamza Dahdouh, lui aussi journaliste, a été tué dans une frappe aérienne à Khan Younès, dans le sud de la Bande de Gaza, il est devenu évident que les autorités israéliennes sont déterminées à faire payer à Wael Al-Dahdouh ce qu’il fait quotidiennement, c’est-à-dire informer le monde des crimes que commet Israël contre la population civile de l’enclave palestinienne.
C’est grâce au travail que fait ce correspondant d’Al Jazeera et des dizaines d’autres journalistes présents sur place que l’opinion publique mondiale, y compris occidentale, s’est mise à se retourner contre le gouvernement israélien et son armée.
Et cela, Israël ne le leur pardonne pas. Selon Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la libération des journalistes, 79 journalistes et autres professionnels des médias ont été tués par l’armée israélienne depuis le début de la guerre de Gaza le 7 octobre.
Selon le bureau des médias du gouvernement du Hamas, le nombre de journalistes tués est de 109. Que l’on prenne l’un ou l’autre chiffre, cette guerre est la plus meurtrière pour les journalistes de l’histoire. Ni la Seconde guerre mondiale ni celle du Vietnam n’ont fait autant de victimes parmi les professionnels des médias, selon l’agence turque Anadolu.
Gaza : les terribles épreuves du journaliste Wael Al-Dahdouh
Les deux dernières victimes ont été tuées à Khan Younès le 7 janvier. Il s’agit du fils de Wael Al-Dahdouh et d’un autre journaliste, Mustapha Thuraya. Le véhicule dans lequel ils se trouvaient a été ciblé par une frappe israélienne.
Les images du journaliste de 53 ans devant le corps de son fils dans un cercueil ont ému le monde entier. Quelle force a donc ce père de famille pour supporter de telles épreuves ?
Le 25 octobre, le monde l’avait vu pleurer sa femme, son fils, sa fille et son petit-fils de 18 mois, tués dans un bombardement israélien qui a ciblé l’immeuble où ils s’étaient réfugiés.
Le journaliste a reçu la nouvelle du ciblage de l’immeuble en plein direct sur Al Jazeera qu’il a interrompu pour aller découvrir lui-même l’horreur. Immédiatement après, il a repris son travail.
Wael Al-Dahdouh a été lui-même visé directement mais il a échappé miraculeusement à la mort. Le 15 décembre, il a été blessé dans un bombardement israélien à Khan Younès alors qu’il se trouvait avec le photographe Samer Abou Daqa. Ce dernier a été tué dans la frappe et Wael a été blessé.
« C’est le choix et le destin de tout le monde sur cette terre (de Gaza). Tous font leurs adieux à des êtres chers chaque jour, chaque heure », a-t-il dit après l’enterrement de son fils aîné, implorant Dieu de lui donner « la force pour continuer ».
Journalist Wael Al-Dahdouh pays tribute to his son, journalist Hamza, stating, « There is nothing harder than the pain of loss. We are full of humanity and they are full of bloodthirst and hatred » pic.twitter.com/UP4C83GROb
— Quds News Network (@QudsNen) January 7, 2024
« Nous continuons mais le monde doit regarder ce qui se passe à Gaza. Ce que nous vivons est dur et douloureux, c’est une grande injustice pour tout un peuple désarmé », a-t-il poursuivi.
Et il « continue », suscitant la compassion et l’admiration de tous les hommes libres de ce monde. Le jour même de l’enterrement de son fils, il a fait un direct sur Al Jazeera, comme il l’avait fait après la mort de sa femme et deux de ses enfants et après sa blessure, symbolisant ainsi le courage et la détermination de tout le peuple palestinien.