Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a adressé lundi, à l’occasion de la Journée du Savoir (Yaoum El Ilm) un message dont voici la teneur :
« Au nom d’Allah, le Clément et le Miséricordieux, Que les prières et la paix d’Allah soient sur son Messager,
Mesdames, Messieurs,
C’est désormais pour nous une tradition de célébrer le Savoir en cette
journée du 16 avril, de chaque année, qui coïncide avec la disparition du
symbole de la renaissance algérienne, l’érudit Cheikh Abdelhamid Ben Badis,
qu’Allah le comble de sa Sainte Miséricorde dans son Vaste Paradis.
Notre pays a consacré cet anniversaire pour célébrer le Savoir et la
pensée, valoriser la Science et commémorer l’Histoire.
Homme d’exception, Cheikh Abdelhamid Ben Badis, l’éloquent et
lÆinitiateur, a servi et défendu la patrie en diffusant le savoir et la
conscience, en expurgeant la religion des croyances archaïques, quasiment
enracinées dans les esprits, et en prônant la réconciliation pour se
prémunir contre la division et la discorde et faire face à lÆoppression
coloniale en éclairant l’esprit des jeunes, en mobilisant leur volonté et
en les orientant vers le droit chemin pour la réussite de leur vie et
l’émancipation de leur pays.
Fier de sa religion, de son amazighité dÆorigine et de son arabité
ancestrale, Cheikh Ben Badis a puisé les hautes valeurs nationales de la
civilisation dont les différentes contrées de notre vaste pays ont été le
berceau. De toute ces sources de gloire et de fierté, il s’en est inspiré
une méthode de travail, un plan de réforme et une ligne de conduite.
Mesdames, Messieurs,
Le mouvement réformiste engagé par le Cheikh Abdelhamid Ben Badis a été un important catalyseur dans le sursaut du peuple algérien pour le recouvrement de sa souveraineté nationale et de son indépendance, pleine et
totale. En effet, il faut rappeler que lÆentreprise du Cheikh Ben Badis est venue en réponse à la tentative d’oblitérer notre personnalité et notre identité
par un colonisateur célébrant le butin de son centenaire de colonisation.
Cheikh Ben Badis et ses compagnons ont, effectivement, joué un rôle
crucial dans la préservation des composantes de notre personnalité
nationale, sous tendant ainsi l’£uvre des mères algériennes dans la
préservation de la religion, des traditions et de la personnalité chez les
générations découvrant la vie sous l’obscurantisme coloniale et son
oppression multiforme.
Aussi, est-il logique qu’un grand nombre de dirigeants de la glorieuse révolution de Novembre et de ses vaillants moudjahidine soit issu des écoles apparues grâce au travail et au combat du Cheikh Abdelhamid Ben Badis et de ses valeureux compagnons. Partant, l’Algérie indépendante s’est fixée pour mission suprême la réhabilitation de l’ensemble des composantes de notre identité nationale, et poursuivre ainsi le combat du Cheikh Abdelhamid Ben Badis sous l’emblème de l’Etat.
Assidûment et inlassablement, l’Algérie indépendante s’est attelée, tout
au long de deux décennies, à la diffusion du savoir et de la connaissance à
travers tout le territoire national. Une oeuvre entamée dés le début de
l’indépendance en dépit du manque de moyens à tous les niveaux.
L’Algérie indépendante a veillé à la mobilisation de tous les moyens
juridiques, financiers et humains afin d’ancrer notre Sainte religion dans
toutes les régions du pays, au sein de notre peuple et dans nos références
juridiques afférents au Livre et la Sunna.
Cependant, l’avènement de la mondialisation et des moyens de communication modernes ainsi que certains événements ayant secoué le monde musulman et nouvelles idées, ô combien étrangères au peuple algérien, ont graduellement ébranlé notre cohésion idéologique et intellectuelle au point d’affecter la stabilité de l’Algérie et de la faire basculer dans l’enfer du terrorisme et les affres de la tragédie nationale.
Mesdames, Messieurs,
Grâce à Dieu, à la volonté de notre vaillant peuple et à la résistance et
aux sacrifices de notre Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de
l’Armée de la libération nationale (ALN), l’Algérie s’en est sortie en
empruntant la voie judicieuse de la Concorde civile et de la Réconciliation
nationale, un choix inspiré de notre Sainte religion et de la culture du
juste milieu à la promotion de laquelle a oeuvré Cheikh Abdelhamid Ben
Badis. C’est dans la sérénité et la stabilité que l’Algérie s’est réappropriée le
legs civilisationnel et culturel du Cheikh Abdelhamid Ben Badiset dans le
cadre du programme de reconstruction nationale, que j’ai veillé à lancer
avec le soutien de notre vaillant peuple.
Ainsi, nous avons pu multiplier les acquis de notre chère patrie dans les
domaines de la science, de la formation et du savoir. Aujourd’hui, le
nombre de nos enfants dans les écoles dépasse les huit (8) millions
d’élèves et celui de nos étudiants et étudiantes atteindra les deux (2)
millions avant la fin de cette décennie. L’Etat mobilise annuellement plus
de dix (10) milliards dollars pour l’Enseignement et la Recherche
scientifique.
Quant à notre croyance religieuse et son évolution dans son environnement
naturel, l’Algérie musulmane veille également à l’encadrement et au soutien
de l’action généreuse de notre peuple dans la propagation des mosquées, un
travail encadré par l’Etat dans le cadre de la loi et appuyé par nombre de
promotions de cadres des Affaires religieuses, formés dans les universités
et diplômés des écoles coraniques, que veillent à animer nos augustes
Zaouïas qui ont été et demeurent une composante au service de notre
religion et de la cohésion de notre société.
En plus de tous ces chantiers, j’ai tenu à apporter une dynamique qui à
permis au peuple algérien de s’approprier, dans la sérénité, son amazighité
qui, combien même défendue par Cheikh Abdelhamid Ben Badis, a fait l’objet
de dissensions, de la part de certains et de manouvres politiciennes, de la
part d’autres, à une époque de notre histoire contemporaine.
Mesdames,Messieurs,
En célébrant encore une fois « Yaoum El Ilm », nous sommes en droit de nous
enorgueillir des réalisations de l’Algérie pour la consécration du message
fondamental pour lequel a milité l’érudit Cheikh Abdelhamid Ibn Badis, le
message de l’identité, de l’authenticité et de la modération. Un message
qui a contribué au déclenchement de la glorieuse révolution de Novembre. Un
message qui a présidé à la construction et l’édification culturelle,
civilisationnelle et spirituelle de l’Algérie. Un message qui, aujourd’hui
et demain, doit rester au c£ur de notre mobilisation pour l’édification et
la préservation de l’Algérie, forte et digne.
Oui, nous réalisons dans notre cher Algérie des réussites dans divers
domaines. Ces acquis sont tout à notre honneur en cette conjoncture
régionale et civilisationnelle instable et dont les idées dangereuses ne
nous ont pas épargné.
En effet, l’unité du peuple algérien sunnite est confrontée, aujourd’hui,
à des idées, qui nous sont complètement étrangères et à d’effrayantes
thèses religieuses qui ont été, dans un passé très proche, source de Fitna
et pourraient encore l’être si elles ne sont pas appréhendées avec
clairvoyance.
Par ailleurs, notre pays demeure exposé à la déferlante civilisation
occidentale sur le monde d’aujourd’hui. Une civilisation qui nous met
devant un double défi, à savoir réussir l’acquisition du savoir et les
moyens de développement économique et technique par nos générations
montantes et maintenir l’attachement de notre société, tout entière, à ses
références spirituelles et civilisationnelles authentiques.
De même que nous devons remporter le pari de la promotion, dans l’Algérie
contemporaine, des droits y compris le droit syndical tout en veillant à
préserver l’avenir des générations montantes, à réussir la réforme du
système éducatif et à ne pas gaspiller les capacités colossales mobilisées
par l’Etat pour l’enseignement, la formation et le savoir.
Tels sont aujourd’hui, les valeurs que nous devons mettre en avant et les
devoirs auxquels nous devons demeurer attachés pour servir l’Algérie.
Enfin, je prie Dieu de combler l’Algérie de ses bienfaits et de répandre
paix, sécurité et sérénité à travers tout son territoire pour un présent
serein et apaisé et un avenir prospère et radieux ».