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13e vendredi : l’enjeu du maintien de la mobilisation

13e vendredi : l’enjeu du maintien de la mobilisation

Pour ce deuxième vendredi de ramadhan, le treizième depuis le début du mouvement populaire le 22 février dernier, les Algériens devraient de nouveau marcher en masse.

Toutes les appréhensions sont dissipées maintenant que le peuple a fait ses preuves plus d’une fois de sa capacité de résilience. Rien n’a pu fléchir sa détermination à ne pas se faire voler sa révolution : la répression, les menaces, les manœuvres, les fausses solutions, les tentatives de division et, depuis une semaine, le jeûne et la chaleur.

D’autant plus que, sur le plan politique, aucune revendication n’a été réellement satisfaite si l’on excepte le renoncement de Bouteflika au cinquième mandat.

Il y a eu certes toutes ces poursuites judiciaires engagées à l’encontre de certaines figures du régime, dont les tout puissants Mohamed Mediene et Saïd Bouteflika, mais cela fait plusieurs semaines que les manifestants ont signifié qu’il s’agit là d’un bonus et rien de plus.

A la veille de ce treizième vendredi justement, du beau monde a défilé devant le procureur du tribunal d’Alger. Deux anciens premiers ministres, des ex-ministres, l’ex-wali d’Alger, ont été entendus sur les largesses qui seraient accordées aux Haddad et aux Kouninef quand ils étaient aux affaires.

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D’autres suivront dans les prochains jours, promet-on. Simultanément, Belkacem Zeghmati, celui qui a été limogé par Bouteflika pour avoir lancé un mandat d’arrêt international contre Chakib Khelil, retrouvait son poste de procureur général près la Cour d’Alger.

Gages de sincérité ou règlements de comptes claniques, la rue n’en a cure. Son objectif vital est de sauver la transition que le pouvoir tient à contrôler pour des desseins pas difficiles à deviner.

L’incroyable démonstration de courage et de détermination de vendredi dernier a été confirmée dans la semaine par les étudiants qui, comme chaque mardi depuis près de trois mois, ont fait vibrer les campus et les rues des principales villes du pays.

Contrairement aux dix premières semaines du mouvement populaire où les marches de mardi et de vendredi apportaient des réponses aux offres du pouvoir, celui-ci ne propose plus rien.

Le chef d’état-major de l’ANP ne s’est pas exprimé de vive voix depuis le 30 avril et le chef de l’Etat par intérim a parlé pour la dernière fois le 6 mai. C’était pour réaffirmer l’attachement du pouvoir à la solution constitutionnelle et à l’élection présidentielle du 4 juillet. Son appel au dialogue a été rejeté par l’opposition et la rue qui réclame son départ ainsi que celui de Bedoui, deux figures de l’ancien régime, qui a mené le pays à l’impasse.

Ce treizième vendredi intervient à deux jours de l’expiration du délai de dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel pour ce scrutin dont le peuple ne veut pas. Les manifestants scanderont les mêmes slogans de rejet de cette échéance, mais ce sera peut-être la dernière fois qu’ils auront à le faire.

Le sort de l’élection est déjà scellé par la défiance populaire, le refus de nombreuses corporations de l’encadrer et surtout par l’absence de candidats sérieux. Dimanche, le constat d’échec sera à coup sûr formellement établi et une nouvelle page débutera inéluctablement pour le mouvement populaire.

Car l’annulation ou même le report de l’élection sera synonyme de sortie de fait du cadre constitutionnel qui prévoit la tenue de la présidentielle dans un délai de 90 jours après la démission du chef de l’Etat.

Le pouvoir devrait relancer son offre de dialogue qu’il ne pourra maintenant baliser par aucun scrupule et l’opposition, qui a multiplié dans la semaine les propositions de sortie de crise incluant toutes un dialogue sous une forme ou une autre, n’aura, en principe, aucun motif valable de la décliner. Le bout du tunnel n’est peut-être pas loin et les Algériens qui bravent la faim, la soif et la chaleur doivent sans doute se dire qu’il serait stupide de lâcher si près du but.

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