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27e vendredi : l’avant-dernier de la « permanence » estivale

27e vendredi : l’avant-dernier de la « permanence » estivale

Les Algériens s’apprêtent à marcher ce 23 août pour le vingt-septième vendredi de suite. Cela fait donc vingt-sept semaines, ou six longs mois, que le peuple manifeste pour, globalement, la même revendication : enclencher un véritable processus de transition démocratique qui débouchera sur rien d’autre qu’une nouvelle République, un nouveau système politique.

Jusque-là, la rue a fait échec, par la seule mobilisation des citoyens les vendredis et des étudiants les mardis, à tous les plans du pouvoir visant à imposer sa propre solution, du prolongement du quatrième mandat à l’organisation d’une élection présidentielle le 4 juillet dernier, conformément au fameux « cadre constitutionnel ».

L’enjeu pour le mouvement durant les chauds mois de l’été était d’assurer une sorte de « permanence » qui maintiendrait un minimum de pression sur le pouvoir et l’empêcher de mettre à profit la baisse de la mobilisation et agir à sa guise.

Après le ramadhan en mai-juin, un mois juillet classé parmi les plus chauds de l’histoire et trois premières semaines d’un août non moins caniculaire, le défi est plutôt relevé. La flamme est intacte et la mobilisation a été plus que symbolique.

Ce n’est pas tant le nombre de manifestants que l’impact du maintien de la pression qui importe : pour constituer son panel et amorcer le dialogue devant préparer l’organisation de la présidentielle, le pouvoir a dû puiser, faute de mieux, dans les rangs des soutiens de l’ancien président, à la crédibilité plus que discutable.

Toute la classe politique et toutes les personnalités nationales avaient les yeux braqués sur la rue et nul ne pouvait raisonnablement la contrarier d’autant que, parallèlement, le pouvoir s’est maladroitement planté des épines supplémentaires avec son refus assumé de décréter les mesures d’apaisement réclamées comme un gage de bonne volonté.

Dans le rang des animateurs du hirak, on crie déjà victoire et on affirme que le plus dur est passé. Ce vingt-septième vendredi, l’avant-dernier de la « permanence » estivale, est perçu comme le premier baromètre pour leur prévision d’une reprise des démonstrations de force dès la rentrée.

Mardi dernier, la marche des étudiants avait drainé plus de monde que durant les semaines précédentes et il n’y a pas de raison objective, estime-t-on, pour que la tendance s’estompe lors de la grande journée de mobilisation populaire.

Pour la suite des événements ainsi que le devenir du projet en cours et du panel qui le conduit, on verra sans doute un peu plus clair à l’issue de ce vendredi qui marque, presque jour pour jour, les six mois du mouvement.

Une plus forte présence des citoyens augurera du retour, dans quelques semaines, des tsunamis humains qui avaient contraint l’inamovible Bouteflika à céder, après vingt ans de règne, au bout de seulement six semaines de manifestations.

Le retour de la forte mobilisation laisserait le pouvoir devant deux alternatives qu’il ne souhaite pas : céder ou prendre le risque d’ôter toute légitimité aux institutions qui émaneraient du processus en cours qu’il devra continuer avec les seconds couteaux de la classe politique et les professionnels du soutien.

Pour les animateurs du hirak, ce serait au contraire le scénario idéal, la voie qui rapprochera la fin de la crise à moindre frais, c’est-à-dire sans tenter d’autres modes d’action porteurs de dangers et à l’efficacité incertaine, comme cette idée de désobéissance civile.

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