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33e vendredi : en souvenir de la révolte d’octobre

33e vendredi : en souvenir de la révolte d’octobre

Ce vendredi 4 octobre, les Algériens marcheront encore comme ils le font maintenant depuis plus de sept mois. La forte mobilisation a repris depuis au moins trois semaines après un été caniculaire et la tendance devrait se poursuivre à mesure qu’approche la présidentielle qui constitue maintenant le principal objet de discorde entre le pouvoir et la rue.

À Alger, le décor est même presque figé depuis quelques semaines, avec les accès à la capitale quasiment fermés, une forte présence policière dans les rues du centre-ville, des arrestations et des tentatives d’empêcher la marche dans la matinée et des marées humaines qui déferlent en début d’après-midi.

Les slogans aussi sont les mêmes, portant sur le rejet de l’élection dans les conditions actuelles, le départ des symboles du régime et l’exigence de la libération des détenus d’opinion notamment les manifestants arrêtés au fil des vendredis et des mardis.

Depuis deux semaines, ce sont les responsables politiques qui ont fait part de leur intention de se porter candidats au scrutin controversé qui ont en eu pour leur ambition.

Contrairement aux précédentes, la semaine qui s’achève n’a pas apporté beaucoup de bouleversements tant sur le plan politique que sécuritaire. Le pouvoir se montre imperturbable dans la préparation de la présidentielle, en dépit du rejet exprimé par la rue et l’opposition, et depuis peu, par un nombre grandissant de maires, et les détenus sont pour la plupart maintenus en détention, comme c’était le cas mercredi pour une trentaine d’entre eux, dont Karim Tabbou.

Le trente-troisième vendredi risque néanmoins d’être particulier pour sa coïncidence avec une date charnière dans la lutte pour la démocratie en Algérie. Il survient en effet à la veille de la commémoration des événements du 5 octobre 1988 qui avait vu la révolte des Algériens, sortis réclamer la liberté et de meilleures conditions de vie, réprimée dans le sang.

Ces événements avaient certes mis fin au régime du parti unique et permis d’arracher quelques acquis démocratiques, mais octobre n’a pas tenu toutes ses promesses. Trente-et-un ans après, les Algériens sont de nouveau dans la rue pour porter, dans le fond, les mêmes revendications de changement de système et de justice sociale.

Le 5 juillet dernier, un vendredi, les Algériens avaient mis à profit la fête de l’Indépendance pour se mobiliser en masse et rappeler que leur combat s’inscrit dans la continuité de celui de leurs aînés. Sur les réseaux sociaux, les animateurs et jeunes du hirak promettent qu’il en sera de même pour la commémoration du 5 octobre, même si le calendrier a imposé ce petit décalage d’une journée.

Le souvenir d’octobre marquera sans doute les marches de ce vendredi à travers le pays et on devine déjà que les slogans phares de la journée rappelleront les similitudes entre la révolte d’hier et celle d’aujourd’hui et insisteront sur la nécessité de poursuivre la lutte, cette fois pacifiquement.

Les Algériens, peuple ou pouvoir, ont en effet beaucoup appris des tragiques événements d’octobre où quatre jours d’émeutes avaient coûté la vie à quelque 500 jeunes.

Trente ans après, ils marchent par millions, pendant sept mois sans discontinuer, avec un pacifisme qui émerveille le monde.

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