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34e vendredi : à l’épreuve du durcissement de l’attitude du pouvoir

34e vendredi : à l’épreuve du durcissement de l’attitude du pouvoir

Vendredi 11 octobre, une autre journée de grande mobilisation, la trente-quatrième depuis le 22 février. Les Algériens devraient de nouveau sortir en grand nombre, pour réitérer leurs revendications et commenter l’actualité de la semaine à coup de slogans et de pancartes.

La semaine qui s’achève est marquée par un fait nouveau concernant le hirak, précisément l’attitude des autorités envers les manifestations publiques. Mardi 8 octobre, les étudiants ont été empêchés par la police d’effectuer leur trente-troisième marche hebdomadaire à Alger.

Si l’on excepte l’épisode du 12 avril où la police a lancé des gaz lacrymogène sur la foule au centre d’Alger, c’est la première fois depuis le début du mouvement populaire que les forces de l’ordre empêchent une grande marche d’aller jusqu’au bout. Jusque-là, les arrestations se limitaient à la matinée, lorsque les manifestants sont peu nombreux, mais la police laissait faire dès que les marées humaines commencent à déferler en début d’après-midi.

Mais ce mardi, la marche des étudiants n’est pas allée à son terme et une centaine de manifestants ont été interpellés, la plupart relâchés le jour même.

La question est depuis sur toutes les lèvres : si ce qui s’est passé mardi traduit la nouvelle stratégie des autorités vis-à-vis de la contestation, assistera-t-on ce vendredi à un scénario similaire ? L’éventualité donne froid dans le dos, sachant la très forte mobilisation enregistrée chaque semaine, notamment depuis la rentrée où on parle de dizaines de milliers de manifestants rien qu’à Alger. Tenter de disperser une telle foule c’est prendre le risque de provoquer de sérieux dégâts. Mardi passé, le pire n’a été évité que grâce à la responsabilité des étudiants qui n’ont pas tenté de forcer le passage, se contentant d’observer un rassemblement avant de se disperser dans le calme.

Poursuite des arrestations et premières peines sévères

Les appréhensions sont aussi nourries par le durcissement constaté dans l’attitude des pouvoirs publics tout au long de la semaine où les arrestations se sont poursuivies et les premières condamnations à des peines sévères sont tombées. Au moins deux personnes, un manifestant et un activiste du hirak, ont écopé d’une année de prison ferme, le premier pour « atteinte à l’emblème national », le second pour avoir tenté d’empêcher l’installation de la commission de la wilaya de Djelfa de l’Autorité d’organisation des élections.

Ce jeudi, c’est le président de RAJ, une association très présente dans le hirak, qui a été interpellé, quatre jours après la mise en détention provisoire de quatre militants de l’association.

Dans la semaine aussi, les avocats ont multiplié les sorties pour alerter sur les atteintes aux libertés et dénoncer le recours systématique à la détention provisoire, annonçant l’intention de certains détenus de recourir à la grève de la faim. Les noms de Lakhdar Bouregaâ, Karim Tabbou, Fodil Boumala et les autres devraient de nouveau figurer sur les pancartes des manifestants qui sans doute réitéreront la demande de leur libération, comme ils le font depuis leur mise derrière les barreaux.

L’actualité de la semaine, c’est aussi le débat sur certains projets de loi en cours d’élaboration et très contestés par la rue, dont notamment le projet de loi de finances 2020 et la loi sur les hydrocarbures. Cette dernière est particulièrement controversée, suscitant une levée de boucliers chez les spécialistes et de vives discussions sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas tant la teneur des textes qui fait débat que le fait de se pencher, à deux mois d’une élection présidentielle sur des dossiers aussi lourds et d’imposer au futur président des orientations qu’il n’aura pas choisies et des décisions sur lesquelles il lui sera difficile de revenir.

Curieusement, les premiers candidats déclarés n’ont pas dit mot sur tout ce qu’est en train d’entreprendre un gouvernement dont le mandat devait se limiter à la gestion des affaires courantes et rien de plus.

Après avoir enflammé les réseaux sociaux, la nouvelle loi sur les hydrocarbures devrait être l’un des thèmes phares de ce trente-quatrième vendredi.

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