Le Maroc a une fois encore confirmé tout l’inconfort de la position dans laquelle il se retrouve depuis le début de la guerre que mène Israël contre Gaza. Nouvelle illustration, ce jeudi, avec la condamnation honteuse par le Maroc de l’agression de la mosquée Al Aqsa par des colons israéliens. Rabat a parlé d’extrémistes sans citer Israël.
La normalisation des relations avec Israël l’empêche d’avoir l’avis tranché qui s’impose devant ce qui se passe en Palestine. Jusqu’à faire semblant de dénoncer un acte commis contre les Palestiniens par son nouvel allié, sans pouvoir le nommer !
Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations en décembre 2020. Depuis, ils ont franchi de nombreuses étapes dans leur rapprochement et leur coopération, y compris sécuritaire et militaire.
Après l’éclatement de la guerre de Gaza, le 7 octobre dernier, le Maroc a renvoyé au monde une image très paradoxale, avec d’un côté une opinion publique, résolument pro-palestinienne et qui l’a fait savoir par des manifestations imposantes dans toutes les villes du royaume, et de l’autre un palais royal et un gouvernement qui tentent par leur silence de tenir le bâton par le milieu.
Comme d’autres pays arabes du camp de la normalisation, le Maroc a fait reléguer le massacre des Palestiniens, plus de 34.000 en six mois et demi, à la case de l’événement sans grande importance.
Depuis trois ans et demi, Rabat tente de faire accepter la normalisation et de faire croire à la constance de son soutien à la cause palestinienne en insistant dans sa communication officielle sur le statut de « président du comité Al Qods » du roi Mohammed VI.
Ce titre, créé en 1975 par l’Organisation de la coopération islamique et est depuis porté par le roi du Maroc, Hassan II puis Mohammed VI. Mais dans les faits, les deux souverains ont en fait une coquille vide.
Agression israélienne contre la mosquée d’Al Aqsa : le Maroc face à un dilemme
Mohammed VI vient toutefois d’être mis au pied du mur par la nouvelle agression des extrémistes israéliens contre la mosquée d’Al Aqsa.
Lundi 22 avril, plus de 200 colons israéliens ont pris d’assaut l’esplanade des mosquées, un énième acte visant à judaïser la ville d’Al Qods, troisième lieu saint pour les musulmans.
L’agression, comme toutes les précédentes, a été condamnée par de nombreux pays musulmans. Mais pour le Maroc, elle a visiblement constitué un dilemme : se taire alors que le roi Mohammed VI est officiellement « président du comité Al Qods » ou dénoncer et prendre le risque de fâcher son allié israélien ?
Ses stratèges ont toutefois trouvé la parade : condamner l’agression sans citer son auteur.
Tout en prenant le soin que Mohammed VI « préside le Comité Al Qods », le ministère marocain des Affaires étrangères a dénoncé « vigoureusement », sur son compte X, « l’incursion par certains extrémistes et leurs partisans dans l’esplanade de la Sainte Mosquée Al-Aqsa ainsi que les actes de provocation qu’ils ont commis en violation de sa sacralité ».
À aucun moment, la nationalité de ces « extrémistes » n’a été précisée. Le monde entier sait pourtant que ce sont des colons extrémistes israéliens.
Il est vrai que, depuis quelque temps, Israël se fâche rapidement contre ses alliés qui se hasardent à le contrarier sur la question palestinienne. Plusieurs ambassadeurs des pays ayant voté au Conseil de sécurité pour l’adhésion de la Palestine à l’ONU, dont celui de la France, ont été convoqués cette semaine par le ministère des Affaires étrangères israélien.
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