Direct Live Search
Search

Algérie : une tempête ravage des vergers et dévoile des failles coûteuses

En Algérie, des vergers entiers de pommiers et des champs de pastèques ont subi d’importants dégâts à cause des vents violents et de la grêle.

Algérie : une tempête ravage des vergers et dévoile des failles coûteuses
Djamel Belaid
Durée de lecture 3 minutes de lecture
Suivez nous sur Google News
Suivez nous Google News
Temps de lecture 3 minutes de lecture

Le mauvais temps qui a sévi ces derniers jours à l’est de l’Algérie a ravagé des vergers entiers de pommiers dans les Aurès. Une situation qui rappelle la fragilité de ce type d’activité. Pour les agriculteurs concernés les conséquences financières sont lourdes.

À Timgad, dans la wilaya de Batna, les dégâts sont considérables dans un verger de pommiers. Plus de 3.000 pommiers ont été plantés il y a 3 ans et sont déjà chargés de fruits. Mais suite à la dernière ok tempête, ils sont tous couchés au sol ainsi que les filets anti-grêle censés les protéger.

A lire aussi : Air Algérie casse les prix avec une nouvelle promotion

 

Les violentes rafales de vent dévoilent les carences de la culture de pommiers en Algérie

 

A lire aussi : Algérie : la galère des importateurs de véhicules

Les violentes rafales de vent ont eu raison de ces rangées d’arbres plantés à moins de deux mètres les uns des-autres selon la technique de la culture super-intensive. Il semble que c’est la forte densité des arbres conjuguée à la prise au vent des filets anti-grêle qui a accentué les dégâts.

 

A lire aussi : La France s’intéresse à la pomme de terre algérienne 



La présence de tuteurs métalliques le long des rangs d’arbres et des mâts  supportant les filets n’ont pas suffi à supporter la pression exercée par le vent. Bien que possédant à leur base une assise en béton, ces poteaux ont été arrachés, ce qui illustre la violence des rafales de vent. La petite taille de cette assise et le fait qu’elle soit superficiellement enterrée n’ont pas permis une bonne résistance au vent.
 

Quant aux tuteurs nécessaires pour le palissage, le bon sens aurait voulu qu’à leurs extrémités des câbles en acier soient fichés autour pour les renforcer.

Pour leur part, les troncs des jeunes pommiers se sont cassés à leur base lorsque les rangées entières se sont affaissées au sol. La récolte de pommes est perdue. Bien qu’encore moyenne étant donné le jeune âge des arbres, ces fruits auraient permis de premières rentrées financières suite aux importants investissements consentis par les investisseurs pour la plantation de ces 3 000 arbres.

Pour ceux qui ne sont pas déracinés, la solution pourrait être de procéder à une nouvelle greffe sur la partie du tronc du porte-greffe resté au sol.

Un membre de la famille Saïdi propriétaire des lieux confiait le 12 juillet dernier à Ennahar Tv que suite à la tempête, « pas un seul arbre n’était resté debout ». En cause, l’absence d’arbres brise-vent comme c’est le cas dans la Mitidja où des Casuarinas sont plantés en bordure des parcelles pour protéger les vergers d’agrumes.

Un autre membre de la famille, Saïdi Miloud, témoigne sur Echourouk News TV de l’ampleur des dégâts occasionnés par la tempête à ses pommiers. Mais terrassé par le chagrin et incapable de poursuivre, c’est un de ses proches qui s’est saisi du micro pour lancer un appel aux autorités afin que soit accordée une aide à cet investisseur.

Dans la même région, plusieurs vergers de pommiers, non protégés par des filets anti-grêle, ont connu de sérieux dégâts.  Dans cette région, il n’y a pas que la pomme qui a été impactée par le mauvais temps.

 

Des champs de pastèques détruits par la grêle

 

A Merouana dans la wilaya de Batna, c’est tout un champ de pastèques qui a subi les dégâts de la grêle. Présent sur les lieux, Ennahar Tv montre une vue d’ensemble d’une parcelle verdoyante avec des pastèques prêtes à être récoltées.  Mais vues de plus près, celles-ci présentent des impacts de grêlons de la taille d’une balle de ping-pong. Résultat, non commercialisables. Ici c’est une pastèque qui est fendue sur toute sa longueur, là c’en est une autre qui a perdu une de ses extrémités.

Comme à Timgad, les agriculteurs sont éplorés. Ils sont trois à avoir contracté des dettes pour réunir les moyens financiers et matériels nécessaires pour semer cette parcelle de 8 hectares et l’irriguer. Le plus âgé a 35 ans. Depuis 70 jours ils ont été aux petits soins pour veiller sur leurs vergers. A moins d’une semaine, celle-ci était prête pour la récolte.

Ils arpentent la parcelle dans l’espoir d’y trouver une partie épargnée par les grêlons. Peine perdue, rien n’y fait ; partout des fruits invendables. Sur une pastèque fendue par la grêle, un des associés écarte les deux bords. Au milieu, le cœur du fruit est rouge et aurait fait le délice d’un consommateur.

 Ils indiquent que ce sont 7 000 quintaux de pastèques qui étaient attendus mais « en dix minutes, tout a été perdu ». Ils estiment leurs pertes à 700 millions de centimes.

Au sud de la wilaya de Khenchela, ce sont les pylônes des lignes à haute tension qui ont été arrachés par le vent. Déjà des équipes aidées de grues sont sur place afin de les remettre en état.

La nature est parfois la plus forte. Mais force est de constater les manquements techniques au niveau de certains vergers : absence d’assurance, de filets anti-grêle et de rangées d’arbres brise-vent. Quant aux dispositifs anti-grêles, il apparaît qu’en bordure de parcelles, les mâts supportant ces filets sont insuffisamment consolidés à l’aide de câbles. Des erreurs qui pourraient s’avérer rédhibitoires auprès des assurances en cas de demande d’indemnisation.

Nombreux sont les projets agricoles mis en chantiers par des investisseurs situés hors de la sphère agricole ont à pâtir d’erreurs : géomembranes non étanches dans des bassins de stockage d’eau, eau d’un forage chargée en sel, plantations d’oliviers en steppe sans que la dalle calcaire soit suffisamment rompue, poulaillers à la biosécurité insuffisante car installés sur terre battue dans des serres.

Aujourd’hui en Algérie, il existe des bureaux d’études spécialisés en la matière et c’est aux investisseurs de tenir compte de leurs recommandations. Par ailleurs, l’absence d’appui technique et de revues agricoles se paie cher.

Lien permanent : https://tsadz.co/954dr

TSA +