Thinhinane Lardjane
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Elle incarne l’élégance, l’audace et le savoir-faire. Elle a su conjuguer modernité et héritage, en donnant à ses créations une résonance contemporaine sans jamais trahir ses racines. Elle, c’est Faïza Antri Bouzar, créatrice de mode et fondatrice de la maison de couture FAB.
Depuis 17 ans, la styliste fait rayonner le karakou algérien au-delà des frontières. Symbole du soft power, l’ambassadrice de la haute couture algérienne bouscule les conventions, affirme sa singularité et se réinvente à chaque nouvelle collection.
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Photo : Faycal Bezzaoucha, artiste auteur photographe
Un héritage familial
Ce succès est l’aboutissement d’un long cheminement, nourri par un esprit rebelle qui a planté ses premières graines au temps du collège. « Un jour, la professeure a scindé la classe en deux et a décrété : les filles feront des travaux de couture et les garçons, du dessin ! Je me suis immédiatement braquée. J’étais plutôt douée pour le dessin et je n’entendais pas être assignée à manier l’aiguille juste parce que j’étais une fille. C’était mon premier acte de révolte », raconte-t-elle à TSA.
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La créatrice de mode tire également sa force et son énergie des femmes de sa famille. Un héritage inscrit dans son ADN. « Mani, mon arrière-grand-mère, mariée à 13 ans, a perdu 10 enfants sur les 17 qu’elle a mis au monde. Son karakou étrenné le jour de son mariage en 1913, a été transmis de génération en génération. Mon aïeule l’a offert à ma grand-mère. Ma mère en a hérité par la suite puis, ce fut à mon tour de l’endosser en 1988, à l’occasion d’une fête à l’école, près d’un siècle plus tard. Tout un symbole ! », complète Faïza Antri Bouzar.
« Quant à ma grand-mère », poursuit-elle, « elle a assisté au débarquement des parachutistes français et à l’enlèvement de son mari, Nadir Kassab, en plein sommeil, pour lui infliger emprisonnement et torture. Son militantisme lui a valu de devenir le premier wali d’Alger après l’indépendance. »
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Cette lignée de femmes courageuses se prolonge avec Faïza Antri Bouzar, qui fait briller le karakou algérien à travers le monde.
Dans son atelier situé à Hydra, quartier chic d’Alger, trône sur des mannequins d’exposition, un florilège de karakous richement brodés. Juste là, au-dessus du bureau, où la créatrice de mode crayonne ses nouvelles inspirations, repose sur un cintre un karakou pas comme les autres. Usée par le temps, cette pièce unique chuchote encore l’histoire de celle qui l’a portée la première fois, son aïeule.
En réalité, rien ne prédestinait Faïza Antri Bouzar à embrasser le métier de créatrice de mode. C’est en écumant les boutiques de tissus en vue des préparatifs du mariage des membres de sa famille que la première étincelle de création a jailli en elle. « J’imaginais mélanger des étoffes et des couleurs improbables en transgressant les codes. Je l’ignorais encore, mais l’esprit entrepreneurial sommeillait en moi, attendant juste le bon moment pour se révéler », confie la créatrice de mode.
Photo : Faycal Bezzaoucha, artiste auteur photographe
Transgresser les codes, se réinventer
À cette époque, Faïza, manager dans l’entreprise familiale, se découvre des talents de créatrice de bijoux. « En 2008, à l’occasion de la rénovation de la bijouterie, rue Didouche Mourad, je décide de concevoir une première collection de bijoux pour marquer la fête inaugurale. J’ai osé casser les codes en créant des parures kabyles en or jaune et corail. Cet événement a agi sur moi comme un catalyseur. Voilà, c’est ce que je voulais faire : briser les codes, innover, m’exprimer » se soutient-elle.
Devenue papillon, Faïza Antri Bouzar prend son envol vers un futur incertain, mais pleinement assumé. « Je me suis découverte une âme d’entrepreneure. Je m’apprêtais à franchir une nouvelle étape ».
En route vers le succès !
Début 2009, Faïza s’installe à son compte et crée FAB, sa maison de couture. Armée d’un crayon et d’une rame de feuilles, la designer dessine des karakous revisités. Elle a osé ! Son activité démarre sur les chapeaux de roue. Le courage et la détermination payent toujours.
Chaque année, Maison FAB organise un défilé de mode. Les années s’égrènent : Expositions en 2010, défilé au palais de la culture en 2011 ; collection Zouhour, défilé au Palais de la culture (Alger) et à Constantine en 2012, collection Voyages et défilé au Marriott de Tlemcen en 2013 ; Happy Glamour et défilé à l’hôtel Hilton d’Alger (2014) ; la passion de l’Andalousie à Rumi et défilé au Palais de la culture, à Dar Abdeltif et à Montréal (Canada) en 2015, collection « Alger l’authentique », défilé à Beyrouth (Liban), à Philadelphia Fashion Week (Pennsylvanie, USA) et à Alger en 2016 ; collection Venise : les portes de L’orient, Paris Fashion Week, Autriche, exposition à Chicago, Illinois, Washington (USA) en 2017 ; collection Hollywood, collaboration avec des stars de la télévision américaine, telles que Mekia Cox qui a porté la Lady In Dress de FAB ou Anne Dudek, endossant karakou et pantalon en cuir signés FAB en 2018.
La même année, la collection Façle El Mahhaba voit le jour, couronnée par un défilé à l’hôtel Sofitel Alger. En 2019, la collection ‘de l’antiquité Algérienne’ pour marquer le 10ᵉ anniversaire de la création de FAB, fêté au Sofitel, Alger ; et la collection Raïs d’Alger. Défilé à Baku Azerbaïdjan (Baku Fashion Week) en 2020.
Le Covid arrive en 2020 et plombe l’atelier. Plus de mariages, l’activité se réduit drastiquement. Après avoir fourni masques et camisoles bénévolement aux hôpitaux durant trois mois, la créatrice de mode change son fusil d’épaule. « Je n’allais pas rester les bras ballants. Alors, j’ai créé the New FAB, une nouvelle marque que j’ai baptisée Urban châabi. Cette griffe s’est matérialisée par trois collections dans le prêt- à- porter », rappelle Faïza Antri Bouzar.
Après le douloureux épisode du Covid, Maison FAB reprend doucement des couleurs en présentant sa collection Andalouses au TRO d’Oran.
En 2023, redémarrage des activités tambour battant. La créatrice ouvre le bal avec un défilé de mode au Palazzo Francesco Turati de Milan avec la collection « Il primo amore ». « Premier amour, était un clin d’œil à mon premier métier de créatrice de bijoux, et non à un amoureux comme certains ont pensé », dit-elle en éclatant de rire.
Les événements s’enchaînent. 2024 est un bon cru pour Maison FAB. L’ambassadrice de la haute couture algérienne déploie son talent au Chili, avec la collection ALAMAL. Six défilés sont organisés : à Santiago, à Duoc université de Design, Vina del Mar, à l’île de Pâques, Rapa Nui (premier défilé de l’histoire de l’île), au ministère des Affaires étrangères chilien et au Club Palestino en soutien à Gaza.
Photo : Faycal Bezzaoucha, artiste auteur photographe
Qadar, la toute nouvelle collection
2025 dévoile Qadar, avec neuf nouveaux modèles de Karakous signés FAB. Qadar se décline en plusieurs capsules. Six modèles ont fait l’objet d’un shooting au Parc de Sceaux (Paris) au printemps dernier.
Une première capsule baptisée Bnat el Djazair se déclinant en trois tenues aux couleurs pétillantes et chatoyantes a été immortalisée lors d’une séance photo à Alger, en juillet dernier, à l’occasion de la fête de l’indépendance et de la jeunesse. La prochaine capsule est attendue pour l’automne, attisant la curiosité des nombreuses admiratrices de FAB. Encore un petit peu de patience, les nouveaux modèles arrivent bientôt ! Une chose est sûre, Faïza Antri Bouzar déborde toujours d’idées et de talent pour nous surprendre !
Récemment, la designer algérienne a ajouté une nouvelle corde à son arc en endossant le costume de ‘mentor’. « Je mets mes années d’expérience au service de personnes qui désirent être accompagnées dans leur projet de création d’entreprise artisanale ou de changement de carrière ».
L’ambassadrice de la mode algérienne assume sa position de femme moderne. « Mon identité culturelle est ma force », dit-elle. Faïza Antri Bouzar s’inscrit dans une démarche de valorisation du patrimoine algérien. Ses créations sont contemporaines, modernes, actuelles, mais tirent leurs racines d’un héritage millénaire, à mi-chemin, entre l’artisanat d’art et le design contemporain. La créatrice de mode algérienne ravive un patrimoine inestimable et nous promet d’autres surprises dans ce domaine.
FAB Creations
Adresse : 30 chemin de la Madeleine. Lot Boursas. Hydra.
Numéro de téléphone : +213770191204
Facebook : faiza antri bouzar.
Instagram. @fab_hautecouture
