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Algérie : la surproduction agricole s’étend à la filière tomate

En plus de l’ail, de la pastèque, des œufs, des agrumes, la production de tomates est abondante cette année en Algérie.

Algérie : la surproduction agricole s’étend à la filière tomate
La démarche de contractualisation entre conserverie et producteur est originale en Algérie / Par jahmaica / Adobe Stock pour TSA
Djamel Belaid
Durée de lecture 2 minutes de lecture
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À Chlef, dans un champ, des files de caisses remplies de tomates attendent d’être embarquées sur un camion.

Planté face à une pile de caisses, un agriculteur alerte, sa production ne trouve pas preneur : « La production est abondante, quant à la vente, on ne voit rien venir. » Cette année, en Algérie, la filière tomate souffre de son succès.

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Les agrumes, la pastèque, les oignons, l’ail, les œufs, pomme de terre… : la tomate rejoint la liste des produits agricoles qui connaissent une surproduction cette année en Algérie.

L’agriculteur confie à la chaîne Web Filaha News : « Nous sommes allés au marché de Chelghoum et de Bougara, mais sans succès. »

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« On travaille au noir »

Il ajoute : « Nous ne pouvons pas livrer nos tomates à la conserverie, car nous n’avons pas les papiers, on travaille au noir. ». Il appelle les autorités à venir constater sur place la mévente des tomates dont la production a atteint à Chlef cette année 1,7 million de quintaux et 2,2 millions à Relizane. « C’est partout la même situation, que ce soit à Saïda ou à Sidi Bel Abbès ».

À plusieurs occasions, Mostefa Mazouzi, le président de la filière algérienne de la tomate, a fait remarquer le manque de conserveries à l’Ouest du pays et les efforts des industriels afin d’augmenter les capacités de transformation.

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Actuellement, 90 % de la production de tomates vont vers les conserveries. Un débouché très rémunérateur, d’autant plus que pour chaque kilo livré à une conserverie, l’agriculteur reçoit une prime de 2 DA le kilo en plus du prix d’achat. De plus, la production de cette année est particulièrement abondante.

À Chlef, depuis fin juillet, la conserverie locale a ouvert et les files de camions attendent ses portes. Face à cet afflux, grâce à deux équipes, l’usine fonctionne 24 heures sur 24.

Pour pouvoir livrer leur production aux conserveries, les agriculteurs doivent avoir signé un contrat, ce qui leur permet de percevoir la prime de 2 DA par kilo de tomates.

Depuis plusieurs années, les agriculteurs qui louent des terres ont la possibilité de faire une simple déclaration de culture à l’APC. Celle-ci est suivie d’un contrôle par un agent des services agricoles.

Une démarche qui cependant doit être réalisée en temps et en heure, c’est ce qui peut expliquer que certains retardataires ne puissent livrer leur production à des conserveries.

Abondance de tomates et primes élevées

La stratégie du soutien public à la production de tomates de ces dernières années est à l’origine de l’abondance constatée sur les marchés.

Outre des primes avantageuses contre les importations, la filière bénéficie de Droits additionnels provisoires de sauvegarde (DAPS), ce qui constitue une protection face à l’importation.

La démarche de contractualisation entre conserverie et producteur est originale en Algérie. En effet, l’État s’invite dans cette relation à travers la prime des 2 DA offerts au producteur pour tout kilo de tomates livré à la conserverie et la prime de 1,5 DA versée à la conserverie pour tout kilo de tomate transformé.

À ce généreux mécanisme, vient s’ajouter les progrès agronomiques réalisés par les agriculteurs : nouvelles variétés à haut rendement, irrigation par goutte à goutte.

Certaines exploitations réalisent une récolte mécanique, ce qui réduit considérablement leurs frais de main d’œuvre. Les agriculteurs récoltent toujours plus de tomates à l’hectare. Ainsi, ces dernières années, la productivité a augmenté et cette activité draine plus d’agriculteurs. Le soutien de l’État à la filière est jugé coûteux par des universitaires (1).

Note : (1) L’agriculture contractuelle en Algérie : radiographie de dispositifs public-privé, Ali Daoudi.

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