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À Alger, l’offensive des dirigeants espagnols pour défendre leurs entreprises

À Alger, l’offensive des dirigeants espagnols pour défendre leurs entreprises

Anis / PPAgency

L’Algérie est un partenaire stratégique pour l’Espagne. Madrid ne cesse de le répéter. L’Algérie assure presque 50% des besoins du pays en gaz naturel. La sécurité énergétique du Royaume ibérique dépend en grande partie des fournitures algériennes régulières en gaz.

« L’Algérie est un partenaire loyal et fiable pour l’Espagne », a rassuré le gouvernement espagnol dans un communiqué repris par l’agence officielle. « C’est un partenaire indispensable pour l’Espagne », a soutenu, ce mardi 3 avril, Maria Luisa Poncela, secrétaire d’État espagnole au Commerce, lors de l’ouverture du Forum des hommes d’affaires algéro-espagnols, au Centre international des conférences (CIC) de Club des Pins, à l’ouest d’Alger, à l’occasion de la visite officielle du président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.

Lors du même Forum, Youcef Yousfi, ministre de l’Industrie et des Mines, a mis l’accent sur l’importance des relations avec le voisin du Nord.  « L’Espagne demeure parmi les partenaires les plus importants de l’Algérie. Elle est le 3e client et le 5e fournisseur du pays avec plus de 7,3 milliards d’échanges commerciaux en 2017 », a appuyé le ministre.

En 2017, l’Espagne a mené, selon Maria Luisa Poncela, plus de 103.000 opérations d’exportation vers l’Algérie. L’Algérie achète à l’Espagne des produits sidérurgiques, des équipements mécaniques, des produits agroalimentaires et plastiques ainsi que des véhicules.

L’Espagne, quatrième investisseur en Algérie

Plus de 95% des importations espagnoles de l’Algérie sont constituées d’hydrocarbures d’une valeur de 4,6 milliards d’euros en 2017. En nombre de projets d’investissement en Algérie, l’Espagne est à la quatrième position après la Turquie, la Chine et la France.

La coopération entre l’Algérie et l’Espagne s’est renforcée, ces dernières années, dans les secteurs de la pêche, du tourisme et des nouvelles technologies de communication. Youcef Yousfi a parlé d’une soixantaine de projets dans plusieurs domaines. Il a évoqué la présence de 450 entreprises espagnoles en Algérie. « Néanmoins, ces relations restent inférieures aux potentialités de l’Algérie et de l’Espagne et en deçà de nos attentes à nous tous. À cet effet, nous invitons les opérateurs des deux pays à redoubler d’efforts pour saisir les occasions d’établir des partenariats fructueux dans le sillage du dynamisme industriel que je viens d’évoquer sans oublier le secteur de la PME qui est porteur de croissance », a conseillé Youcef Yousfi.

Le ministre algérien a souligné que toutes les mesures ont été prises pour faciliter la création et assurer la durabilité des PME comme il a évoqué la refonte du Code de l’investissement devenu « plus fluide, simple et incitatif ». « Je vous réitère l’engagement de la partie algérienne à soutenir et à accompagner les entreprises espagnoles dans leurs projets de partenariat en Algérie », a déclaré le ministre de l’Industrie.

Madrid souhaite qu’Alger lève les mesures de restrictions au commerce international

Appel entendu par Maria Luisa Poncela qui n’a pas manqué de critiquer publiquement, en termes diplomatiques, les récentes décisions de l’Algérie de suspendre l’importation de certains produits pour économiser la devise et encourager la production nationale ainsi que la règle du 51/49.

« L’économie algérienne traverse, en ce moment, des difficultés que nous comprenons en Espagne. Nous estimons que l’ouverture vers l’extérieur est la voie pour la récupération (la reprise) et que la création d’un climat favorable pour les affaires et attractif pour les investissements pourrait permettre un développement soutenu. C’est pour cela que nous souhaitons que l’Algérie envisage la possibilité de réaliser une révision des mesures de suspension provisoire de certaines importations et d’autres restrictions au commerce. Le commerce international est une source de croissance du PIB mondial », a-t-elle déclaré.

Pour étayer son propos, Maria Luisa Poncela a cité l’exemple de son pays qui a traversé une grave crise économique ces dernières années sans restreindre les activités de commerce.  « Même dans les moments les plus difficile de la crise, il n’a jamais été question de prendre des mesures de restriction pour le commerce extérieur ou pour l’investissement. Bien au contraire, les réformes ont servi à déterminer un cadre de libre échange et une plus grande vocation internationale », a-t-elle précisé.

Chute de la valeur des exportations espagnoles vers l’Algérie

« Nos exportations vers l’Algérie ont chuté de 11% en raison des mesures de restrictions imposées par l’Algérie. L’Espagne ne considère pas le déficit commercial avec l’Algérie comme un problème. Mais, le problème est les restrictions imposées à l’importation de plusieurs produits et qui affectent sensiblement les exportations », a regretté la responsable espagnole.

Il est vital, selon elle, d’attirer l’investissement étranger pour renforcer le tissu entrepreneurial algérien, « pas seulement destiné au marché intérieur, mais aussi pour l’exportation ». « Pour cela, il faudrait peut-être réviser la règlementation qui régit les investissements étrangers en Algérie pour les stimuler. Nous encourageons l’Algérie à diversifier et à moderniser son industrie en vue de sortir de la dépendance des hydrocarbures », a-t-elle soutenu.

Ahmed Ouyahia a répondu aux critiques de la ministre espagnole en déclarant, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue Mariano Rajoy, que la partie espagnole a montré sa « totale compréhension » quant à la décision de l’Algérie de réduire temporairement ses importations. « Il s’agit d’une mesure conjoncturelle. Nos relations avec l’Espagne sont celles de voisins. Elles ne sont pas ordinaires. Elles ne peuvent pas être réduites aux questions économiques. L’Algérie réaffirme sa disponibilité à aller encore davantage de l’avant avec l’Espagne », a-t-il assuré.

Il a précisé que les deux pays ont signé une cinquantaine d’accords ces dernières années.

60% des stations de dessalement gérées par les Espagnols

Maria Luisa Poncela a indiqué que plus de 60% des stations de dessalement d’eau en Algérie sont gérées par des espagnoles. « Nous avons été les pionniers dans l’installation de l’énergie solaire thermoélectrique (en Algérie). Je vous rappelle que les entreprises technologiques espagnoles sont derrière la construction de plusieurs infrastructures emblématiques comme le gazoduc Medgaz ou les métros d’Oran et d’Alger », a-t-elle dit.

Les entreprises espagnoles en Algérie activent notamment dans la construction, la gestion des infrastructures, ressources en eau, les routes, les chemins de fer, le transport aérien et les énergies renouvelables. L’Espagne se dit prête à coopérer davantage avec l’Algérie dans le développement des infrastructures, la formation, la modernisation du secteur agricole et l’appui pour assurer « une transition énergétique efficace et durable ».

Alger veut rapatrier les migrants clandestins algériens en Espagne

Ahmed Ouyahia a, pour sa part, rappelé que l’Algérie et l’Espagne sont liées par un traité d’amitié et de bon voisinage signé en 2002. Il a qualifié les relations bilatérales de remarquables. « Des relations historiques sans contentieux », a-t-il noté. Il a annoncé la signature de huit accords lors de la visite de son homologue Mariano Rajoy.

La situation au Mali et en Libye, le dossier du Sahara occidental et le développement en méditerranée ont été abordés lors des discussions entre Ouyahia et Rajoy. Rajoy a, pour sa part, indiqué que la lutte contre le terrorisme et contre la migration clandestine a été également à l’ordre du jour de sa visite en Algérie.

Autant que la coopération militaire et scientifique. À propos des Algériens en situation irrégulière en Espagne, Ouyahia a précisé que l’Algérie travaille en concertation avec les autorités espagnoles pour faire revenir les migrants clandestins au pays. « Le rapatriement se fera après vérification de la nationalité algérienne des concernés. Mais, la situation n’est pas aussi dramatique pour qu’elle crée un problème entre les deux pays », a-t-il souligné.

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