Société

À la découverte de la fromagerie Saint-Amour, au pied du Djurdjura

Des pâturages verts, un ruisseau aux eaux cristallines : c’est au milieu de ce paysage de carte postale, au village Bouabdarrahmane, dans la commune d’Ath Ouacif à 35 km au sud de Tizi Ouzou, où se trouve « La Ferme Tizi »

Il est 10h du matin. Dans cette ferme située au pied du Djurdjura, Arezki Ait Abdelmalek, 55 ans et son épouse Fahima, 50 ans sont en pleine traite. Le soleil est déjà haut dans le ciel.

Ce matin, les vaches sont particulièrement agitées. Des escadrilles de mouches opèrent des raids sur ces bovins. Un jeu que ces demoiselles, bien en chair, n’ont pas l’air d’apprécier.

Douze vaches, cinq génisses et cinq veaux, ainsi qu’une escouade de chèvres constituent le cheptel de ce couple d’éleveurs. (© TSA)


« En été, à mesure que la chaleur augmente, la traite devient difficile à cause de ces redoutables mouches qui se pointent et piquent nos vaches. Ces décharges électriques les rendent extrêmement nerveuses » explique Arezki.

En effet, « Avril », la vache dont il essaye de saisir un trayon, gigote dans tous les sens, en fouettant les mouches avec sa queue. Avec une infinie douceur, Arezki parvient à la calmer.

La Ferme Tizi est connue dans toute la région. Avec son épouse, Arezki a lancé une fromagerie artisanale joliment baptisée « Fromagerie Saint-Amour ».

La fromagerie Saint-Amour de La Ferme Tizi a gagné ses galons. Les amateurs de bon fromage artisanal n’hésitent pas à parcourir de nombreux kilomètres pour repartir les bras chargés de tomettes de fromages. (© TSA)


« C’est un clin d’œil à notre histoire, confie Arezki. J’ai dû patienter pendant douze ans avant de pouvoir lui passer la bague au doigt. Fahima était mariée à un autre. Je n’ai pas perdu espoir. Elle a fini par divorcer et me revenir. Aujourd’hui nous sommes très heureux ensemble dans cette ferme. Notre fromagerie est le symbole de ce grand amour », confesse-t-il.

Douze vaches, cinq génisses et cinq veaux, ainsi qu’une escouade de chèvres constituent le cheptel de ce couple d’éleveurs. Tout ce bétail patrouille en toute liberté, jour et nuit, se nourrissant de ce tapis d’herbes vertes du Djurdjura. « Ici, il y a zéro pollution. L’air est pur ! Cela se répercute forcément sur la qualité de nos fromages. Toute notre production est bio. Nos vaches laitières consomment chacune entre 60 à 70 kg d’herbe. Elles produisent environ 240 litres de lait par jour. La traite se fait manuellement. Une le matin, l’autre le soir. »

Les vaches laitières consomment chacune entre 60 à 70 kg d’herbe. Elles produisent environ 240 litres de lait par jour. (© TSA)


Arezki et Fahima ne comptent pas leurs heures. Réveillés aux aurores, ils commencent par se rendre au champ. Arezki sonne le rappel des troupes. Les vaches laitières n’entendent pas se faire traire sans quelques petits caprices.

Ce matin, l’herbe est si tendre qu’elles préfèrent crapahuter sur les collines. Elles n’en font qu’à leur tête et restent sourdes aux appels d’Arezki. « Avril, Juillet, Septembre, Décembre, Marguerite, Brunette, Petra ! Pour l’amour du ciel, venez par-là » s’égosille l’éleveur en kabyle.

« Avril » fait sa chochotte. Pour l’appâter, Arezki agite sous son nez un petit sac d’orge. La gourmande se laisse tenter. Occupée à ruminer les graines, elle finit par rejoindre le lieu de la traite.

L’éleveur commence par nettoyer les pies avant d’en tirer le lait. Les seaux se remplissent rapidement. Fahima verse le lait frais dans des fûts en plastique. Toutefois, la traite n’est pas encore terminée. Entre temps, Marguerite a pris la clef des champs. Arezki court pour la rattraper. Arezki et Fahima seront de retour à la tombée de la nuit, pour la deuxième traite.

Un cheval, deux chiens et des oiseaux

Les fûts sont embarqués dans la petite Panda dont les sièges arrière ont été retirés. Direction la fromagerie artisanale Saint- Amour. Le couple vit dans une ferme au milieu d’une armada d’animaux. Il y a un cheval, deux sloughis, un Berger de l’Atlas, des oies et une trentaine d’oiseaux en cage : Canaries, chardonnerets, serins… Une véritable ménagerie. « Depuis mon plus jeune âge; j’ai la passion des animaux », révèle Arezki.

C’est l’heure de rejoindre la fromagerie artisanale. Aidée par son époux, Fahima entame la fabrication des fromages. Tout est fait à main, de manière artisanale. Affiné vache, chèvre frais, affiné chèvre, camembert, Reblochon, cette fromagerie a développé une trentaine de variétés. Il y a des tommes à pâte cuite ou demi-cuite. Deux fois par semaine, Arezki se rend à Alger pour livrer restaurants, ambassades, hôtels et particuliers qui lui ont passé commande.

Affiné vache, chèvre frais, affiné chèvre, camembert, Reblochon, la fromagerie a développé une trentaine de variétés. (© TSA)


Levés tôt, couchés tard, Arezki et Fahima ont de grosses journées. Passionnés par leur travail, le couple ne s’accorde presque pas de parenthèse. Seule ombre au tableau, les vols de bétail. « C’est notre plus grande hantise. Pas moins de seize bovins et cinquante chèvres nous ont été subtilisés depuis le début de cette aventure ».

La fromagerie Saint-Amour de La Ferme Tizi a gagné ses galons. Les amateurs de bon fromage artisanal n’hésitent pas à parcourir de nombreux kilomètres pour repartir les bras chargés de tomettes de fromages, à savourer sans modération.


  • Affiné vache : 200 da.
  • Affiné chèvre : 250 da
  • Reblochon: 600 -1200 da
  • Ferme Tizi – Village Bouabderahmane. Commune Ouacif
  • Tel : 06 63 13 88 82 / 06 63 13 88 82

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