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Abderrazak Makri : « Le 5e mandat est devenu un piège »

Abderrazak Makri : « Le 5e mandat est devenu un piège »

Le président du MSP Abderrazak Makri, candidat à la présidentielle du 18 avril prochain, a jugé ce samedi « insensé » un cinquième mandat pour le président Bouteflika.

« Il est insensé de parler de 5e mandat. La situation actuelle est différente de 2014. Nous assistons à une fin d’époque politique marquée par l’absence du président de la République et par la crise économique et sociale. Même les personnes les plus proches du président ne savent pas encore s’il va se représenter à la présidentielle. L’épouvantail du 5e mandat sert à geler les partis y compris ceux de la loyauté (El Moualat) pour qu’ils évacuent la scène. On veut également bloquer les grands partis d’opposition à travers l’illusion du 5e mandat. Le 5e mandat est devenu un piège », a développé, M. Makri, lors d’une conférence à Zéralda, à la clôture des travaux d’une session ordinaire de Madjliss Echoura du MSP qui a décidé de la participation du parti à l’élection présidentielle du 18 avril 2019.

« Tout le monde sait que le président est malade. Un mouvement comme le MSP ne peut pas conditionner sa décision avec quelque chose d’absent, d’imaginaire, quelque chose que personne ne connait. Il serait irresponsable de le faire », a-t-il argumenté.

Selon lui, en 2014, on voulait le 4e mandat pour Abdelaziz Bouteflika pour permettre « la continuité du pouvoir ». « Un pouvoir qui était fort à l’époque. En 2019, nous sommes à la fin de cette époque. Nous en sommes convaincus. Certaines parties veulent préparer l’après. Ils entendent le faire en notre absence. Le MSP refuse d’être éloigné de la période de l’après-Bouteflika. Nous sommes autant algériens et patriotes que les autres, avons sacrifié autant que les autres et refusons que des forces complotent contre nous dans l’ombre pour nous écarter de la compétition. Nous sommes un parti autonome et souverain. Nous avons donc décidé d’empêcher l’ambiguïté (à propos de la candidature du président Bouteflika) de nous assassiner », a soutenu le président du MSP.

« Nous avons refusé de faire partie du gouvernement »

Abderrazak Makri est revenu sur l’initiative de « consensus national », engagée par son parti l’été 2018 et relancée durant l’automne de la même année. « Nous voulions montrer aux Algériens que nous ne sommes pas des assoiffés de pouvoir et que nous voulions rassembler les Algériens, pas les diviser. Nous ne sommes intéressés par aucun poste de responsabilité ni aucun privilège. Que veulent-ils de plus ? Ils ont refusé après nous avoir écoutés en mettant en avant la question du 5e mandat avec ses ambiguïtés », a-t-il dit.

Pour lui, l’Algérie ne peut pas se prémunir des chocs futurs sans consensus national.

Il a souligné que les rencontres et les contacts du MSP avec les responsables de l’État sur l’initiative du consensus ne se sont pas déroulés dans « des cabinets ou des laboratoires noirs des services secrets ».

« Nos rencontres ont eu lieu dans des locaux officiels au su et vu de tous. Ces contacts nous honorent. Nous avons rencontré plusieurs personnalités de l’État. Il est clair que nous avons refusé de faire partie du gouvernement », a-t-il révélé.

Le MSP, selon lui, ne considère pas les garanties à propos de l’honnêteté des scrutins comme une condition pour participer aux élections. « Pour nous, c’est un sujet de combat continu. Nous voulons empêcher le pouvoir de réaliser le rêve de voir ses partis remporter les élections sans fraude. La fraude sera utilisée comme un moyen de décourager les partis de s’engager dans la compétition et la population de voter. Notre présence aux élections est une manière de dire que personne ne peut nous faire sortir de la politique », a-t-il dit.

La lutte entre les « ailes » du pouvoir est, d’après lui, liée à l’ambiguïté actuelle. « Nous ne faisons partie d’aucune de ces ailes. Cette lutte entre les ailes est non démocratique. Elle est destructrice pour le pays. Celui qui veut accéder au pouvoir n’a qu’à créer un parti ou adhérer à un parti et à solliciter le plébiscite du peuple. Celui qui arrive au pouvoir doit accepter de rendre des comptes », a-t-il soutenu.

« Les islamistes sont au cœur du courant nationaliste »

« Les islamistes sont au cœur du courant nationaliste. En Algérie, il y a ceux qui sont attachés au projet de novembre (1954) et ceux qui ne le sont pas (…) Personne ne peut accuser le MSP d’extrémisme religieux ou de terrorisme. Nous avons perdu plus de 400 militants et cadres durant la période du terrorisme. Notre projet est nationaliste », a-t-il souligné.

Il y a, selon lui, plusieurs candidats dans les courants nationalistes et démocrates. « Mais, on ne s’intéresse qu’aux islamistes en disant qu’ils sont divisés. Les partis islamistes sont des partis civils. Chaque parti a son audience populaire et son ancrage social (…) Le MSP n’a pas cessé de fournir des efforts pour réaliser le consensus national. Le parcours pour y arriver est long mais nous avons dit que la présidentielle est une occasion pour réaliser ce projet. On s’est rendu compte que ce n’est pas encore réalisable. Aussi, celui qui porte ce projet doit assumer ses responsabilités en entrant en compétition (électorale) en défendant l’idée du consensus. Le président du MSP sera le candidat du consensus national, celui qui rassemblera les Algériens et qui cherchera les solutions pour éviter au pays les dangers qui le guettent », a-t-il promis.

« Notre programme alternatif est prêt depuis une semaine et sera exposé bientôt aux Algériens. Le MSP peut se contenter des 600 signatures de ses élus au niveau national pour son candidat mais nous allons collecter les signatures dans les 48 wilayas en mobilisant et en discutant avec les Algériens. Nous sommes passés d’un dialogue avec les élites politiques à un dialogue avec le citoyen (…) C’est l’Algérie profonde qui vote », a-t-il dit.

« L’armée doit être neutre »

Selon lui, le rôle de l’armée dans une transition démocratique est de protéger « ce qui a été décidé par les politiques ». « Nous ne sommes pas dans la logique de la transition démocratique, mais dans celle d’une compétition électorale. Là, l’armée doit être neutre. Elle doit assurer la sécurité et la sûreté des élections », a-t-il noté.

Parlant de la crise économique, Abderrazak Makri a prévenu que l’Algérie aurait en 2021 pas plus de 3 milliards de dollars de réserves de change. « Chaque année, l’État prend 25 milliards de dollars de ces réserves pour faire vivre les Algériens. Si cette situation continue, nous irons vers la cessation de paiement et l’État sera obligé de recourir à l’endettement extérieur sous des conditions draconiennes qui mettront en difficulté sa souveraineté », a-t-il averti.

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