Tout le monde musulman et même au-delà l’adule et attend chaque soir son apparition, mais personne ne sait qui est vraiment cet homme sans nom ni visage. Abou Obeida, le porte-parole des brigades Azzedine Al Qassam, est devenu un mythe vivant, le symbole de la résistance héroïque qu’oppose la bande de Gaza à l’armée israélienne depuis plus de trois mois.
Si pour les Palestiniens et leurs soutiens dans le monde, Abou Obeida est un héros, pour les Israéliens, il est l’ennemi à abattre. Sans doute, en dehors des plus hauts dirigeants du Hamas, personne ne sait de cet homme que ce que disent les rumeurs qui se contredisent en se succédant.
En 2014, les autorités israéliennes ont mis un visage et un nom sur le personnage. Le Shin Bet, le service de renseignements intérieurs israélien, avait publié une photo supposée être de lui, avec ce qui est supposé être son identité complète : Houdhaifa Samir Abdallah Al Kahlout.
Mais la direction du Hamas a démenti et assuré que seul un cercle très restreint de dirigeants sait qui est Abou Obeida. Les spéculations tournent aussi sur son lieu de résidence. Certains le disent présent à Gaza, d’autres affirment qu’il est à Doha ou Ankara ou d’autres capitales.
Comme son identité, son lieu de résidence est aussi entouré du plus grand secret car Abou Obeida se trouve tout à fait en haut de la liste des dirigeants du Hamas qu’Israël cherche à abattre à tout prix.
Sa silhouette et sa voix, par contre, le monde entier a appris à les connaître, notamment depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023. Vêtu du treillis de combat du Hamas, le visage presque entièrement couvert du keffieh palestinien ne laissant apparaître que ses yeux, Abou Obeida apparaît presque quotidiennement dans la même posture dans des vidéos diffusées par le mouvement palestinien.
Abou Obeida, symbole du combat inégal des Palestiniens contre l’armée israélienne
Sa première apparition remonte à l’année 2006, lorsqu’il a annoncé la capture du soldat israélien Gilad Shalit qui sera échangé en 2011 contre 1027 prisonniers palestiniens. Depuis, il est resté le porte-parole des brigades Azzedine Al Qassam et le chef du bureau de l’information de l’organisation.
Il est apparu plusieurs fois ces dernières années en conférence de presse à Gaza, mais dans le même accoutrement, jamais à visage découvert.
Sa popularité dans le monde arabe et musulman est montée en puissance ces trois derniers mois. Un peu comme Che Guevara dans une autre époque, Abou Obeida est d’abord un portrait qui symbolise une cause et un combat.
Un portrait omniprésent sur les réseaux sociaux et désormais dans les rues des capitales, villes et villages du monde arabe et musulman. Des chansons populaires lui sont dédiées, ses messages sont diffusés par les haut-parleurs des mosquées, des enfants l’imitent dans leurs jeux… Abou Obeida est devenu une icône.
Tout en lui suscite l’admiration notamment chez les jeunes générations. Le mythe qui entoure sa personne, son accoutrement, sa maîtrise de la langue et de l’art de la communication, son pseudonyme. Celui-ci est aussi un symbole fort. Abou Obeida Ibn Al Djarah est le commandant des armées du Prophète de l’islam qui ont libéré la ville d’Al Qods de l’occupation byzantine au VIIe siècle.
Et pour rester dans la symbolique, à l’image des combattants du Hamas qui mènent un combat inégal contre l’armada israélienne, Abou Obeida tient tête, seul, à la machine de propagande israélienne et occidentale.
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