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Accord de 1968 : qui est derrière la tentative de sabotage de la relation Algérie France ?

Le vote au parlement français sur une résolution portant révocation de l’accord de 1968 sur l’immigration jeudi 7 décembre a conforté ceux qui, à maintes reprises, ont pointé du doigt l’action néfaste de lobbies qui veulent saboter la relation entre l’Algérie et la France.

Les députés ont rejeté la proposition et ont tiré le tapis sous les pieds de ceux qui tablaient sur une crise majeure et d’une ampleur jamais vue entre les deux pays. Les promoteurs du texte et leurs soutiens ont demandé au gouvernement de franchir le pas quitte à provoquer la situation extrême de rupture des relations diplomatiques entre Alger et Paris.

Les débats lors du vote de l’Assemblée nationale française étaient censés porter sur l’incidence pratique sur le contrôle de l’immigration du maintien ou non de l’accord qui régit depuis 55 ans le séjour des ressortissants algériens en France.

Mais ils ont très vite débordé sur deux thèmes qui n’avaient en principe pas lieu d’être évoqués en pareille circonstance : les positions actuelles du gouvernement algérien sur nombre de questions qui intéressent les deux pays et, surtout, la guerre d’Algérie.

La proposition de résolution a été introduite par le parti Les Républicains et soutenue par l’extrême-droite et un parti de la majorité présidentielle, Horizons, de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui estiment que le texte est « avantageux » à l’immigration algérienne.

Sans arguments face aux députés de la gauche qui ont démontré, chiffres à l’appui, que l’accord ne confère pas d’avantages déterminants pour les ressortissants algériens et qu’il n’est du reste plus opérationnel, ceux de la droite ont débordé sur le terrain de la politique, trahissant leurs réelles visées derrière la proposition de résolution.

L’argumentaire de Michèle Tabarot, une descendante d’un fondateur de l’OAS, en est un exemple frappant. La députée LR a égrené, plutôt que les prétendus avantages conférés aux Algériens par les clauses de l’accord, une série de griefs à l’encontre du président algérien Abdelmadjid Tebboune : sa visite en juin dernier à Moscou « où il a qualifié Vladimir Poutine d’ami de l’humanité », le rétablissement dans l’hymne national algérien d’un couplet qui cite nommément la France ou encore la réticence des autorités algériennes à délivrer les laissez-passer consulaires pour l’expulsion de leurs ressortissants sous OQTF.

Algérie – France : l’action néfaste des lobbies pro-israéliens  

Par la voix de Michèle Tabarot, la droite a assumé presque que son projet de résolution est une sorte de mesure de « représailles » vis-à-vis d’Alger et aucunement un outil supplémentaire de contrôle de l’immigration algérienne.

Et on comprend encore mieux les enjeux quand on sait que la députée est la fille d’un ancien responsable de l’OAS, l’organisation de sinistre mémoire qui a tué plus de 2200 Algériens et Français dans les derniers mois de la guerre d’Algérie. Face aux députés de la gauche qui le lui rappelaient, elle a lâché en plénière : « Je suis fière de mon histoire familiale. »

Les lobbies des nostalgiques de l’Algérie française n’ont jamais caché leur hostilité au projet d’Emmanuel Macron d’établir une relation d’exception avec l’Algérie.

Mais leur influence est dérisoire face à la puissance des lobbies pro-israéliens qui veulent pousser à la rupture des relations avec l’Algérie qui reste l’un des rares pays arabes à garder une position juste sur le conflit israélo-palestinien. Ces lobbies ont démontré l’étendue de leur influence en France depuis le début de la guerre contre Gaza.

Dans ce contexte, la présentation du projet de résolution par une députée fière de ce qu’à fait l’OAS est destinée à brouiller les pistes en mettant les projecteurs sur les nostalgiques de l’Algérie française.

Il est curieux en effet de constater que ceux qui tentent d’entraver la bonne marche de la relation algéro-française partagent les mêmes positions des lobbies pro-israéliens sur la situation au Moyen-Orient et avec les pro-marocains sur la politique maghrébine de la France et la question du Sahara occidental.

Les sorties des responsables des Républicains illustrent à elles seules cette jonction. Leur président Eric Ciotti est aux avant-lignes à la fois de la dénonciation du rapprochement avec Alger, de la revendication d’un « rééquilibrage » en faveur du Maroc de la politique de la France au Maghreb et d’un soutien total et sans conditions à Israël dans sa guerre contre Gaza. Eric Ciotti a reconnu la marocanité du Sahara occidental occupé et Jérusalem comme capitale d’Israël.

Les deux pays que Ciotti a visités ces derniers mois sont le Maroc et Israël. A Rabat, où il était accompagné par Rachida Dati, l’ancienne ministre de la Justice d’origine marocaine, il a plaidé pour la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental tout en fustigeant le rapprochement avec l’Algérie voulu par Emmanuel Macron.

En octobre, Ciotti a accompagné en Israël la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui a déclaré sur place que « rien ne doit empêcher Israël de se défendre ».

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