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Accord UE – USA : le gaz algérien est-il menacé ?

L’économiste Brahim Guendouzi décrypte les conséquences de l’accord entre les Etats-Unis et l’Union européenne sur le gaz algérien en Europe.

Accord UE – USA : le gaz algérien est-il menacé  ?
Source : DR
Lynda Hanna
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L’Union européenne et les États-Unis ont conclu le 27 juillet un accord sur les droits de douanes américains qui prévoit notamment l’achat par les pays de l’UE de 750 milliards de dollars de produits énergétiques américains sur trois ans. Dans cet entretien, Brahim Guendouzi, professeur d’économie à l’université de Tizi-Ouzou, décrypte l’impact de cet accord sur la place du gaz algérien en Europe. 

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen ont trouvé un accord sur les droits de douanes américains. L’accord prévoit l’achat par l’Europe de 250 milliards de dollars produits énergétiques américains par an. Cet accord va-t-il impacter la place du gaz algérien en Europe ?

L’accord commercial qui vient d’être signé entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne, annoncé le 27 juillet 2025, introduit des droits de douane de 15 % au lieu de 30% sur la majorité des exportations européennes vers les États-Unis et ce, sans mesures de réciprocité.

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En contrepartie, l’UE s’engage à acheter pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques américains (gaz naturel, pétrole et technologie nucléaire) sur une période de trois ans, soit environ 250 milliards de dollars par an.

De plus, l’UE prévoit d’investir 600 milliards de dollars supplémentaires dans l’économie américaine. Cet accord vise à renforcer les relations commerciales transatlantiques, même si certains pays se sentent lésés par les droits de douane, tout en répondant aux préoccupations énergétiques de l’EU, notamment en réduisant sa dépendance au gaz russe.

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Aussi, la question est posée corrélativement à cette option, est celle de la place du gaz algérien sur le marché européen du fait que l’Algérie est un fournisseur traditionnel important de gaz naturel vers l’Europe grâce à l’installation de deux gazoducs plus le GNL.

La pression politique américaine pourrait effectivement pousser certains États européens à réduire leurs achats en gaz algérien au profit du GNL américain. Mais en réalité, l’UE tient à diversifier ses approvisionnements en gaz naturel pour ne pas déprendre du seul fournisseur américain, qui d’ailleurs ne pourra pas satisfaire tous les besoins du marché européen qui sont de l’ordre de 300 milliards de m³ par an. Aussi, l’Algérie est amenée à conserver ses parts de marché, grâce à sa proximité et aux gazoducs installés. S’agissant du GNL, la concurrence sera rude avec la montée en puissance du GNL américain et qatari.

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Le gaz algérien va donc garder sa place en Europe. Quels sont ses atouts ?

Le gaz algérien est principalement acheminé par deux gazoducs, Transmed vers l’Italie via la Tunisie et Medgaz vers l’Espagne, ce qui le rend plus compétitif que le GNL américain, souvent plus coûteux.

Dans tous les cas, l’Algérie dispose de certains atouts comme la proximité géographique avec l’Europe, une réputation de fournisseur fiable et des infrastructures adéquates que ce soient les pipelines que les installations de liquéfaction du gaz et les méthaniers pour le transport. Il existe d’autres arguments commerciaux en faveur du gaz algérien.

C’est par exemple le fait qu’il soit extrait de gisements conventionnels, moins coûteux que le gaz de schiste américain, qui nécessite la fracturation hydraulique. Cela se traduit par un prix de revient plus bas, d’autant plus que les distances courtes réduisent les coûts de transport maritime, ce qui rend le GNL algérien moins cher à livrer. La dimension environnementale est un autre atout du fait que le GNL algérien émettant entre 20% et 45 % de moins de gaz à effet de serre que le GNL américain, cette empreinte carbone moindre devient un avantage stratégique avec les nouvelles normes européennes sur la décarbonation et la durabilité.

Enfin, il y a lieu de faire ressortir la stratégie de tarification à travers laquelle l’Algérie privilégie les contrats à long terme, plus stables et sécurisants pour les acheteurs européens, alors que le GNL américain est souvent vendu sur le marché spot, avec des prix très volatils.

L’Algérie doit-elle rechercher d’autres marchés pour son gaz, en Asie par exemple, et diversifier les clients, pour ne pas dépendre beaucoup de l’Europe ?

La diversification de la clientèle au niveau du continent européen tout d’abord, pour ce qui concerne le commerce de GNL, du fait des arguments commerciaux avancés. À titre d’exemple, la Turquie figure parmi les principaux clients du GNL algérien.

D’autres pays d’Europe centrale sont intéressés à ce titre par un approvisionnement algérien. Au demeurant, une ouverture sur le marché asiatique existe déjà, mais avec un handicap de taille, celui de l’éloignement et donc des coûts logistiques plus élevés.

Ne faut-il pas développer davantage de projets pétrochimiques pour transformer le gaz en Algérie au lieu de l’exporter ?

Effectivement, investir intensément dans la transformation du gaz naturel via l’industrie pétrochimique est une option stratégique pertinente et rationnelle pour l’Algérie, car étant plus rentable et durable à long terme que l’exportation brute de gaz naturel.

Mais il s’agit là d’un changement de paradigme qu’il faudra opérer, surtout que d’importantes installations sont déjà mises en œuvre, que ce soient les deux gazoducs que les centres de liquéfaction du gaz naturel. Néanmoins, l’entreprise Sonatrach fait l’effort ces dernières années pour élargir ses capacités de production dans la pétrochimie, notamment dans l’ammoniac, l’urée, l’éthylène, le méthanol, les engrais phosphatés, etc. et ce, en partenariat avec plusieurs firmes étrangères. 

Par contre, il existe un handicap sérieux au développement des exportations de gaz naturel sur le moyen terme, en raison de la consommation domestique qui représente désormais près de la moitié de la production de l’Algérie, limitant ainsi les volumes disponibles à l’export. Ce déséquilibre est aggravé par les travaux de maintenance et les ralentissements de la production au niveau des puits vieillissants en attendant l’entrée en production des nouveaux gisements.

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