Économie

Adhésion aux Brics : pourquoi c’est une opportunité pour l’Algérie

Le sommet des Bris s’ouvre mardi 22 août à Johannesburg, avec la participation de l’Algérie qui est candidate avec d’autres pays dont l’Arabie saoudite pour rejoindre ce groupe.

Le ministre des Finances, Laâziz Faid, est arrivé ce lundi à Johannesburg à bord du premier vol d’Air Algérie reliant Alger à cette ville sud-africaine. Il va représenter l’Algérie à ce sommet. Au total, 69 pays, en plus des cinq constituants les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), vont participer à ce sommet.

« La participation de l’Algérie à ce forum traduit tout l’intérêt accordé par les autorités du pays à contribuer à la réflexion autour des questions liées à la reprise face aux crises multidimensionnelles, au renforcement d’un multilatéralisme juste et à la réforme de la gouvernance mondiale », a déclaré en anglais à Johannesburg le ministre des Finances.

La candidature de l’Algérie aux Brics a reçu le soutien politique des deux poids lourds du groupe : la Chine, deuxième plus grande puissance économique mondiale, et la Russie.

Il reste maintenant aux Brics à fixer des critères précis pour accueillir de nouveaux membres, ce que la Chine et la Russie soutiennent, alors que l’Inde et le Brésil se montrent plutôt réticents. La détermination de ces critères pourrait être faite lors du sommet de Johannesburg (22-24 août).

L’Algérie sera ainsi fixée sur ce qui lui reste à faire pour faire partie de ce groupe, et le chantier colossal qui lui reste à accomplir pour moderniser son économie pour s’asseoir à la table des plus importantes économies émergentes de la planète.

Mais en candidatant pour rejoindre les Brics, l’Algérie affiche son ambition de développer son économie qui reste modeste par rapport à celles formant ce groupe, et surtout fortement dépendante des hydrocarbures pour ses recettes en devises.

Le pays a entrepris d’augmenter ses exportations hors pétrole et gaz, mais les chiffres qui ont fortement augmenté depuis 2020, restent modestes, et ne dépassent pas les 10 milliards de dollars, dont une partie est constituée de produits liés aux hydrocarbures.

Adhésion de l’Algérie aux Brics : un « double impact interne et externe »

Pour se hisser au niveau des économies des Brics, l’Algérie doit accélérer les réformes économiques afin de se débarrasser des schémas anciens qui bloquent sa modernisation.

L’économie algérienne traîne en effet d’importants retards : une Bourse d’Alger en panne, un secteur bancaire archaïque dominé par le public, des entreprises privées qui se plaignent parfois de discrimination, retour aux monopoles publics, les difficultés liées à l’obtention du foncier industriel, réticence des banques à accorder des crédits à l’économie, manque d’eau pour les projets industriels, poids très important de l’informel, blocage des importations…

Pour Hassen Khelifati, PDG d’Alliance assurances et vice-président du Conseil du renouveau économique algérien (Crea), l’adhésion aux Bris est une « opportunité » pour l’Algérie.

Pour lui, cette adhésion aura un « double impact interne et externe » sur l’économie algérienne, en donnant un coup d’accélérateur irréversible aux réformes en cours, en ouvrant de nouveaux horizons aux entreprises algériennes à l’international.

En clair, cette adhésion va arrimer définitivement l’économie algérienne à la modernité et la connecter aux plus importantes économies de la planète.

Au plan international, l’Algérie aura l’opportunité de « diversifier ses partenariats, de sortir de la dualité dollar-euro, d’aller dans d’autres groupements économiques et d’ouvrir de nouveaux horizons aux entreprises algériennes », ajoute-t-il, en soulignant le poids économique important des pays qui frappent aux portes des Brics comme l’Arabie saoudite ou l’Argentine.

Au plan interne, une adhésion aux Brics induira une «  pression positive » sur l’Algérie, anticipe Hassen Khelifati.

« Ça sera une opportunité d’accélérer les réformes économiques. L’Algérie a lancé un premier train de réformes et une adhésion aux Brics qui, j’espère aura lieu rapidement, va donner un coup d’accélérateur à ce processus pour le rendre irréversible », complète-t-il.

Les réformes économiques en Algérie évoluent en dents de scie, avec des coups d’accélérateurs parfois, notamment quand les recettes pétrolières baissent, et un ralentissement ou carrément un retour en arrière quand le marché pétrolier reprend son souffle.

Et quand la volonté politique existe, ces réformes avancent au ralenti en raison des résistances internes, des blocages dont souffrent les chefs d’entreprises pour mener leurs projets, du poids de la rente et d’une administration archaïque, trop bureaucratique et qui a besoin d’être réformée en urgence pour ne pas freiner le développement économique du pays.

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