Au moment où les révélations se succèdent dans l’affaire de corruption de députés européens, un autre scandale impliquant le Maroc revient au-devant de la scène. Un procès dans le cadre de l’affaire Pegasus est prévu en janvier en Espagne.
L’affaire Pegasus, du nom d’un logiciel espion développé par une société israélienne, a été révélée en juillet 2021 par plusieurs médias internationaux et les organisations Amnesty International et Forbidden Stories.
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Une longue enquête des deux ONG a mis au jour une vaste opération d’espionnage menée par les services marocains et ciblant, via Pegasus, des dizaines de milliers de téléphones au Maroc et à l’étranger.
Parmi les cibles de cette opération figurent des opposants, des journalistes et des responsables politiques et militaires étrangers. En Algérie, des milliers de téléphones ont été visés et en France, même le président Emmanuel Macron a été écouté, selon de nombreux médias.
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Le Maroc a déposé de nombreuses plaintes pour diffamation en Europe. Elles ont toutes été rejetées en France. En Espagne, une action a été intentée contre le journaliste Ignacio Cembrero, actuellement rédacteur en chef d’El Confidencial. Le procès est prévu le 13 janvier devant le tribunal de première instance de Madrid.
Ignacio Cembrero, connu pour ses écrits sur le Sahara occidental qui ne plaisent pas aux autorités marocaines, a été victime de Pegasus et il a accusé directement le Maroc de l’avoir espionné.
Une plainte pas comme les autres
Ce n’est pas une plainte en diffamation comme les autres que le Maroc a déposée. Selon le quotidien El Pais, le royaume veut être disculpé par la justice espagnole des accusations d’espionnage.
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Il exige que le journaliste Ignacio Cembrero se rétracte et reconnaisse son erreur s’il ne parvient pas à prouver formellement que ce sont les services marocains qui ont ciblé son téléphone.
Le Maroc ne réclame pas que Ignacio Cembrero soit condamné comme on pourrait le penser, mais veut un arrêt du tribunal affirmant catégoriquement que le journaliste n’a été « victime d’aucun acte d’espionnage dont le Royaume du Maroc ait pu être responsable ou qu’il ait commis à son encontre », écrit El Pais.
Le journal qualifie cette demande d’ « inhabituelle ». Le Maroc n’a pas invoqué la loi sur le droit à l’honneur, ni intenté de procès en diffamation, ni exigé de rectification, considérant que Ignacio Cembrero ne s’est pas exprimé en sa qualité de journaliste, mais en tant que victime d’un prétendu espionnage.
Le Maroc a opté pour une tout autre démarche, appelée en droit « action déclaratoire négative ».
El Pais souligne qu’en Espagne, cette procédure rappelle une autre du Moyen-âge qui consistait à contraindre à se taire une personne qui réclame un droit qui ne lui appartient pas.