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Affaire Saïd Bouteflika : polémique entre le parquet et le collectif de défense

Affaire Saïd Bouteflika : polémique entre le parquet et le collectif de défense

Le parquet d’Alger a rendu public ce samedi 9 janvier un communiqué dans lequel il récuse les déclarations de Me Khaled Bourayou à propos du placement de Saïd Bouteflika sous mandat de dépôt.

Dans un entretien paru dans l’édition de jeudi 7 décembre du quotidien El Khabar, Me Bourayou avait indiqué que le juge d’instruction avait entendu son client en l’absence de ses avocats, avant de décider de le placer sous mandat de dépôt.

Dans son communiqué, le parquet a assuré que la procédure a été respectée et l’accusé a exercé son droit de faire les déclarations qu’il veut ou de garder le silence, conformément à l’article 100 du Code de procédure pénale, ainsi que son droit au recours, récusant des « allégations » qui, venant d’un homme de loi et d’un « avocat expérimenté et connu », sont de nature à « semer la suspicion au sein de l’opinion publique ».

Joint par TSA, Me Salim Hadjouti, membre du collectif d’avocats de Saïd Bouteflika, reconnaît qu’il n’y a pas eu d’entorse à la procédure durant l’instruction, mais soutient que les propos de son collègue Khaled Bourayou ne constituent nullement une atteinte au corps des magistrats.

Il confirme même les faits rapportés par Me Bourayou, à savoir que l’accusé a été entendu sans la présence de ses avocats. Selon lui, lorsqu’il est arrivé dans le bureau du juge, le 13 décembre, son client a demandé d’attendre l’arrivée de ses avocats, mais le juge n’a rien voulu entendre.

« Je suis son avocat principal. J’étais en route et je devais arriver sur place dans 30 minutes au maximum. Mais le juge a refusé. Mon client a alors préféré ne pas faire de déclaration et il a été placé sous mandat de dépôt à la fin de l’audience », raconte l’avocat.

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« Il n’y avait aucun élément d’urgence dans l’affaire »

Celui-ci reconnaît que rien dans le Code de procédure pénale n’oblige le juge à attendre l’arrivée des avocats, mais ne s’empêche pas de s’interroger sur cette célérité. « Il n’y avait aucun élément d’urgence dans l’affaire. La preuve, l’information judiciaire a été ouverte en juin 2020 et on a attendu tout ce temps pour que mon client soit entendu », fait-il remarquer.

Le placement de Saïd Bouteflika sous mandat de dépôt dans l’affaire de la chaîne Istimraria TV est survenu le 13 décembre et la décision a été confirmée par un arrêt de la Cour d’Alger le 29 du même mois.

Me Salim Hadjouti ne manque pas de souligner que tout cela a coïncidé avec l’approche du troisième procès de l’affaire de la « réunion » devant la Cour militaire de Blida, à l’issue duquel Saïd Bouteflika sera acquitté avec trois autres accusés le 2 janvier.

Me Bourayou avait précédemment soupçonné une volonté de garder son client en détention. « Ce mandat de dépôt vise à le maintenir en prison dans la perspective de l’acquittement des autres accusés », avait déclaré l’avocat le 29 décembre. « Ce sont des faits qui ont acquis l’autorité de la chose jugée, c’est-à-dire qu’ils ont été traités et jugés dans le cadre d’une autre affaire, celle du financement de la campagne présidentielle », avait ajouté Bourayou dans une déclaration à TSA, ce que Me Hadjouti partage également.

Poursuivi dans l’affaire de la « réunion » et accusé de « complot contre l’autorité de l’État et de l’armée », Saïd Bouteflika a été condamné par le tribunal militaire de Blida à 15 ans de prison ferme en première instance et en appel, avant d’être acquitté le 2 janvier.

Étant placé en mandat de dépôt quelques jours plus tôt dans le cadre de cette autre affaire devant la justice civile, il a été transféré vers la prison d’El Harrach. Le frère de l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika est également poursuivi dans l’affaire de l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, mais sans mandat de dépôt.

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