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Agressions, menaces, gel des salaires : rien ne va plus dans les hôpitaux algériens

Agressions, menaces, gel des salaires : rien ne va plus dans les hôpitaux algériens

Des médecins résidents, des infirmières et un agent de sécurité du CHU Ibn Rochd d’Annaba ont été les cibles d’une attaque à l’arme blanche, durant la nuit du 15 au 16 mars, selon le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra).

L’attaque est le fait d’individus étrangers à l’établissement qui étaient en état d’ivresse, selon des témoignages de résidents.

« Les assaillants armés d’armes blanches, de tasers et de bombes lacrymogènes ont causé des blessures graves aux membres du personnel médical », selon le Dr Hamza Boutaleb, porte-parole du Camra.

Le collectif a réagi à cette agression par un communiqué appelant à la suspension de « toute activité au niveau de tous les pavillons d’urgences jusqu’à ce que l’administration et les autorités prennent les mesures nécessaires pour mettre fin à cette situation ».

L’amélioration de la sécurité dans les hôpitaux est une des principales revendications des résidents grévistes et une des rares à avoir reçu une réponse favorable au début du mouvement de protestation des médecins, mais les engagements pris par les autorités en ce sens n’ont toujours pas été concrétisés.

« Les agressions à l’arme blanche sont courantes dans tous les hôpitaux », regrette le Dr Boutaleb qui a rappelé que « la promesse des autorités de mettre en place des postes de police dans les hôpitaux, notamment dans les pavillons d’urgence, a été faite par le ministère de la Santé et par le ministère de l’Intérieur depuis 2011 et elle est renouvelée à chaque agression ou protestation du personnel médical sans jamais être tenue ».

« Même les agents de sécurité des hôpitaux ne sont pas formés, ils n’ont aucune qualification pour assurer la sécurité. Ils sont dans presque tous les cas d’agressions passifs, victimes et parfois même complices », a ajouté le Dr Boutaleb.

Année blanche et démission collective en perspective

Le mouvement des résidents grévistes depuis quatre mois semble être arrivé à une impasse, le dialogue avec la tutelle étant complètement rompu, mais les résidents « ne céderont pas », a affirmé le porte-parole du Camra.

L’année blanche qui se précise de plus en plus sera difficilement évitable, la nouvelle session des examens du DEMS programmée unilatéralement par le ministère de l’Enseignement supérieur pour les mois de mars et d’avril risquant fortement d’être massivement boycottée par les résidents en dernière année.

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Le 12 mars, les délégués nationaux des résidents ont rencontré des représentants du ministère de l’Enseignement supérieur afin de discuter du nouveau planning des examens de DEMS mais en vain, la proposition des résidents de reporter les examens à une date ultérieure ayant reçu une réponse négative de la part du ministère.

Tahar Hadjar, ministre de l’Enseignement supérieur, est revenu sur cette rencontre ce samedi 17 mars et a affirmé qu’elle a été convenue sur demande des résidents et non de la part du ministère.

« Les examens (du DEMS) ne seront pas reportés, ceux qui viendront les passer seront les bienvenus et ceux qui ne viendront pas devront assumer leurs responsabilités », a-t-il menacé.

Des menaces qui ne semblent pas avoir l’effet escompté sur les résidents. « Dans la plupart des CHU, le boycott de la nouvelle session du DEMS a été voté, tout comme l’éventualité de l’année blanche qui est acceptée par tous les résidents », a déclaré le Dr Boutaleb à TSA qui a insisté sur « la détermination des résidents à aller encore plus loin dans le durcissement de leur mouvement en envisageant sérieusement l’éventualité de la démission collective de tous les résidents si la situation reste bloquée ».

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« Abus d’autorité » dans les CHU

Le mouvement de protestation des résidents affecte profondément le fonctionnement des établissements de santé, créant une atmosphère délétère.

Dans plusieurs centres hospitalo-universitaires, des bras de fer opposent les résidents aux administrations, notamment les Directeurs généraux des hôpitaux.

Le CHU de Bab El Oued est, pour le Dr Boutaleb, l’exemple le plus parlant. Le directeur de cet établissement « a été le premier au niveau national à geler les salaires des résidents. Il ne s’est pas contenté de faire des ponctions comme le demande l’instruction ministérielle », dénonce le membre du Camra.

« Nous assurons les gardes de nuit, pendant les weeks-ends et les astreintes en journée depuis le début de notre grève et le gel de nos salaires est tout simplement une décision arbitraire, un acte inhumain qui porte atteinte à la dignité des résidents », s’insurge le Dr Boutaleb.

Autre fait reproché par le Camra du DG du CHU de Bab El Oued, ses ordres au service de sécurité de l’établissement visant à « empêcher la couverture par les journalistes du rassemblement des résidents organisé la semaine passée », explique le porte-parole du collectif qui assure que les travailleurs de ce CHU, le deuxième plus grand en Algérie après Mustapha Pacha « ne veulent plus d’un tel individu comme directeur ».

Une action de protestation en vue de demander le départ du DG du CHU de Bab El Oued « sera entamée dès que les revendications nationales des résidents seront satisfaites et que la grève sera arrêtée », a annoncé le Dr Boutaleb.

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