Société

Aïd 2025 en Algérie : camions, trains et avions pour livrer les moutons

L’Algérie a engagé une course contre la montre pour concrétiser la décision présidentielle d’importer jusqu’à un million de moutons en prévision de l’Aïd-El-Adha 2025 qui sera célébré début juin prochain, et les transporter jusqu’aux points de vente aux quatre coins du pays. Un défi logistique de grande envergure que le gouvernement s’attèle à relever.

Le défi n’est pas seulement de trouver, dans un laps de temps relativement court, les fournisseurs sur les marchés mondiaux et les armateurs pour transporter les ovins jusqu’aux ports algériens. Il faut aussi les acheminer vers les acheteurs qui se trouvent parfois à 1000, voire 2 000 kilomètres et plus des côtes du pays. De grands moyens sont mobilisés, y compris des trains et peut-être aussi des avions-cargos d’Air Algérie. A quelques semaines de la fête religieuse, le pays tient à réussir l’opération et relever le défi.

L’Algérie engagée dans une course contre la montre pour livrer les moutons

La décision de recourir à l’importation pour permettre aux familles algériennes d’acquérir un mouton à un prix abordable après la flambée des ovins en Algérie, été annoncée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune en conseil des ministres le 9 mars dernier, c’est-à-dire trois mois avant l’Aïd El Adha. Le 20 avril, le prix de vente des moutons importés a été fixé à 40 000 dinars par tête.

Dans une première étape, les commandes ont été passées auprès de fournisseurs roumains et espagnols. La première cargaison de 15 000 moutons est arrivée le 20 avril au port d’Alger à bord d’un navire en provenance de Roumanie. Depuis, des bateaux accostent quasi quotidiennement dans neuf ports du pays, déchargeant à chaque fois plusieurs milliers d’ovins. A ce rythme, le compte devrait être bon quelques jours avant l’Aïd.

Après une période de mise en quarantaine indispensable pour des raisons de sécurité sanitaire, les moutons importés sont acheminés vers les points de vente aux quatre coins du pays. Il est vrai qu’une grande partie des ovins ne devra pas voyager loin du fait que la majorité de la population algérienne est concentrée dans la bande côtière, donc pas loin des ports. Mais les plus hautes autorités du pays ont tenu, par souci d’équité entre tous les citoyens, à ce que l’opération touche tous les Algériens, là où ils se trouvent sur le territoire national.

Aïd-el-Adha 2025 en Algérie : des moyens impressionnants pour livrer les moutons importés

Le transport des moutons vers les régions des hauts plateaux ne devrait pas poser problème. L’Algérie a de longues traditions pastorales, précisément dans ces régions d’où les éleveurs et les maquignons transportent chaque année de grandes quantités de bétail vers le nord. Des camions de gros tonnage suffisent. De longues processions de ces véhicules partant des ports sont d’ailleurs visibles depuis l’arrivée de la première cargaison de Roumanie.

Le problème de transport se pose toutefois avec acuité pour les régions très éloignées du grand sud. Les autorités ont pensé au train, et même aux avions-cargos. Car il faut non seulement faire vite à moins d’un mois de l’Aïd-el-Kebir, mais il faut aussi préserver les moutons du risque d’une mortalité élevée en cas de long voyage par route.

Entre Alger et Tamanrasset par exemple, il y a 2000 kilomètres. Vers la ville de In Guezzam, plus au sud, c’est 400 kilomètres supplémentaires. Interrogé ce week-end à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a expliqué que les moutons seront transportés par trains de marchandises vers les wilayas où cela est possible, c’est-à-dire celles qui sont raccordées au réseau ferroviaire national. Un accord dans ce sens a été conclu entre le ministère de l’Agriculture et la société nationale du transport ferroviaire (SNTF), a-t-il fait savoir. Une première opération a déjà été effectuée, permettant de transporter 2500 moutons du port d’Oran jusqu’à Béchar.

Or, vers le sud, le train s’arrête à El Ménéa et la solution ne peut être appliquée pour les villes du grand sud comme Tamanrasset et Adrar dont les projets de lignes ferroviaires sont encore à l’état de projet. Pour acheminer les quotas de moutons de ces wilayas, le ministre a révélé que son département songe à recourir aux avions-cargos d’Air Algérie. L’Algérie aura mis tous les moyens à sa disposition pour réussir cette opération d’envergure qui constitue aussi un test grandeur nature pour la capacité de mobilisation des services de l’État.

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